Vol Rio-Paris : Air France conteste la contre-expertise demandée par Airbus

La compagnie Air France va déposer, dans les prochains jours, un recours en nullité du rapport de contre-expertise devant la Chambre de l'Instruction de la Cour d'Appel de Paris.
L'enjeu est de taille puisque la justice doit se prononcer sur les responsabilités pénales en vue des éventuels dédommagements des familles des victimes.

Air France a vivement contesté mercredi le rapport de contre-expertise réalisé à la demande de l'avionneur Airbus, dans le cadre de l'enquête sur l'accident du vol Rio-Paris survenu il y a près de cinq ans. La compagnie française indique mercredi dans un communiqué : 

"Nous avons constaté que cette contre-expertise a été conduite de manière unilatérale et non contradictoire, en violation du principe même du procès équitable, la Compagnie n'ayant pas, quant à elle, été invitée à participer aux travaux des experts".

La question des indemnités pour les familles des victimes

L'enjeu est de taille puisque la justice doit se prononcer sur les responsabilités pénales en vue des éventuels dédommagements des familles des victimes. Cet accident d'un A330 d'Air France, au large du Brésil le 1er juin 2009, a coûté la vie aux 228 passagers et membres d'équipage.

La détermination des causes de cet accident est fondamentale s'agissant de l' A330, dont environ 1.100 exemplaires sont en service et effectuent 15.000 vols par semaine, selon Airbus.

Dans ce nouveau rapport, daté du 30 avril et ordonné un an plus tôt par les juges français, les experts mettent en exergue la responsabilité de l'équipage dont la réaction a été "inappropriée". Ils incriminent aussi la compagnie qui n'aurait pas donné de directives claires suite à la défaillance répétée des sondes de vitesse Pitot, point de départ du crash.

La méthode de la contre-expertise remise en question

La direction d'Air France a déploré mercredi les conclusions de ce rapport qui ont été diffusées dans la presse. La compagnie pointe du doigt la méthode.

"Deux vols d'essais ont été effectués chez Airbus avec des équipages Airbus sans qu'Air France en soit informée. Il eut été logique de prévenir Air France et que ces vols d'essais soient effectués dans un endroit neutre tel que le CEVP (le centre d'essais en vol)", souligne-t-on.

Air France estime également que "les éléments de ce rapport font une présentation partiale et tronquée des causes de l'accident qui porte atteinte aux droits fondamentaux de la défense d'Air France".

Selon elle, le rapport omet de nombreux éléments, en particulier, ceux relatifs au fonctionnement de l'avion, à savoir l'A330 "qui figuraient dans le rapport" du Bureau d'enquêtes et d'analyses (BEA) et le premier rapport d'expertise judiciaire.

Des "contradictions"

"Certains des éléments omis ont d'ailleurs fait l'objet depuis de mesures correctrices de la part de l'industrie", note Air France en référence au fait que les avionneurs ont par exemple consenti à faire évoluer la logique de fonctionnement de l'alarme de décrochage qui a retenti à de nombreuses reprises dans le cockpit les minutes précédant le crash.

"Dès lors, un recours en nullité du rapport de contre-expertise sera déposé par Air France dans les prochains jours devant la Chambre de l'Instruction de la Cour d'Appel de Paris", a-t-elle annoncé.

Une combinaison de défaillances techniques et humaines

Le BEA, qui a de son côté conduit l'enquête technique, a conclu que la catastrophe s'explique par une combinaison de défaillances techniques et humaines. La justice poursuit, depuis, son instruction alors qu'Air France et Airbus sont mis en examen depuis mars 2011 pour homicides involontaires.

Dans un communiqué, le syndicat de pilotes minoritaire Alter déplore que la responsabilité semble être imputée aux pilotes. Il rappelle que le point de départ de l'accident reste la défaillance des sondes de vitesse Pitot, fabriquées par Thales, remplacées depuis par celle du Goodrich.

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Commentaires 10
à écrit le 15/05/2014 à 12:15
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Le zéro risque est de rigueur, donc pas d'excuses pour Air France et Airbus, co-responsables. Si les juges ne sont pas partiaux, ils doivent indemniser (largement) les familles des disparus.

à écrit le 15/05/2014 à 8:50
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Le responsable de l'European Aviation Safety Agency a évalué la perte des sondes pitot à 2 sur une échelle de 5 en terme de gravité de la situation. Je partage cette analyse. On peut certes trouver de nombreux facteurs qui ont amené à cette situation...

le 15/05/2014 à 9:54
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Au chauffeur !

à écrit le 14/05/2014 à 20:30
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Une partie des problèmes qui ont conduit à la catastrophe étaient connus. Aux enquêteurs de fouiller plus en profondeur. Gros enjeux !!

à écrit le 14/05/2014 à 20:10
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Si ces pilotes n'ont pas su faire face à un incident pour lequel ils auraient du être formés et qui s'est transformé en accident, on peu se poser la question de la sécurité sur les vols AF. AF forme-t-elle correctement ses PNTs?

à écrit le 14/05/2014 à 19:39
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Premier element defaut generalise sur les sondes pitot de thales , apres tout est de l'intox financiere pilotee par l'etat

le 14/05/2014 à 19:56
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Certainement, mais il existe une procédure prévue à cet effet et il me semble que c'est l'acheteur qui choisit le type de sondes qu'il veut voir montées.....

le 15/05/2014 à 1:29
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La conception des sondes pitot de Thales ayant été certifié par les autorités compétentes en la matière, je suis intrigué par ce "defaut généralisé" que vous mentionné.

le 15/05/2014 à 8:41
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Si il y a un risque sécurité, c'est à Airbus de décider (voire d'imposer les rétrofits) et pas à la compagnie. Peut être un problème de financement de la part des industriels ?

le 15/05/2014 à 11:41
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En termes d'analyse de risques, votre approche est moins que rudimentaire. On identifie toujours l'ensemble des causes potentielles et leurs conjonctures. Si cela devient complexe, on fait du bayésien. Votre commentaire est d'autant plus nul que l...

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