Les PDG des sept plus grands groupes de défense ont écrit à François Hollande

Les PDG des sept plus grands groupes d'armement français - EADS, Dassault, Safran, Nexter, DCNS, MBDA et Thales - estiment que de nouvelles coupes budgétaires auraient des "conséquences dramatiques : licenciements, décrochage technologique, perte de compétitivité et de souveraineté".
Michel Cabirol
Les sept PDG des plus grands groupes d'armement ont demandé à rencontrer François Hollande

Les PDG des sept plus grands groupes d'armement français - EADS, Dassault, Safran, Nexter, DCNS, MBDA et Thales - ont bien envoyé un courrier à François Hollande. Selon nos informations, il a été finalement adressé au Chef de l'Etat jeudi soir. Cette lettre attire l'attention sur la fragilité de la loi de programmation militaire (LPM) s'il y avait de nouvelles coupes budgétaires. "Des considérations de court terme menacent de briser aujourd'hui ce fragile équilibre", écrivent les sept PDG, qui ont signé ce courrier que "La Tribune" s'est procuré. Soit Marwan Lahoud ( EADS), Eric Trappier (Dassault Aviation), Jean-Paul Herteman (Safran), Jean-Bernard Lévy (Thales), Antoine Bouvier (MBDA), Philippe Burtin (Nexter) et Patrick Boissier (DCNS)..

Après avoir rencontré au moment de la rédaction du Livre blanc sur la défense le président le 15 avril 2013 pour lui exposer les dangers d'une réduction budgétaire brutale sur l'industrie de l'armement, ils rappellent aujourd'hui que "rien n'a changé en quelques mois sur les dramatiques conséquences qu'aurait toute encoche à la loi votée : licenciement, décrochage technologique, perte de compétitivité et de souveraineté, déclassement et désindustrialisation". Cette industrie, précisent-ils, a "besoin de stabilité dans les programmations et d'une vision de long terme. Nous sommes une industrie de cycle long, vulnérable aux atermoiements budgétaires et qui ne peut être la variable d'ajustement de tous les gouvernements".

Faute de budget défense, les entreprises muteront vers le civil

Selon les sept PDG, "les entreprises duales seraient contraintes d'en tirer les conséquences et accélèreraient leur mutation en privilégiant les activités civiles. Elles seraient alors soumises aux seules contraintes concurrentielles mondiales (parité euros/dollar, coût du travail, fiscalité.) qui placeront l'équation nationale au second plan". C'est déjà le cas avec la réduction des budgets de défense en Europe. Cette industrie devient de plus en plus civile, avait constaté le président du GIFAS, Marwan Lahoud lors de la présentation fin avril du bilan du Groupement des industries françaises aéronautiques et spatiales (GIFAS). Le secteur civil à lui seul a passé 83 % des commandes en 2013.

Et les sept PDG estiment que "de nombreux fournisseurs, ETI et PME, n'y survivraient pas. Les entreprises tournées vers les seuls marchés de défense seraient, pour leur part,,victimes d'une anémie, qui rapidement ne leur laissera d'autre alternative que de passer sous la coupe de sociétés étrangères ou de disparaître". Et de rappeler que chacun "s'accorde à reconnaître l'excellence" de l'industrie de défense française

Demande de rencontre

"Sous cette menace, nous sommes contraints une fois de plus d'en appeler à votre intervention et de solliciter une audience", affirment les sept PDG. Ils comptent "convaincre" François Hollande que "la défense et son industrie ont payé plus que leur part à l'effort national". Ils rappellent que les armées contribuent "déjà à la réduction des dépenses publiques par la suppression de 80.000 postes".

Les sept PDG rappellent enfin que les industriels avaient consenti "d'importants efforts d'adaptation en contrepartie de la stricte exécution de la LPM, acceptant des réductions importantes de plans de charges sans casse sociale". La LPM votée il y a cinq mois est, selon eux, "le fruit d'un travail responsable entre toutes les parties concernées. Suivant une logique de stricte suffisance, elle matérialise la participation de la Défense à l'effort de redressement des comptes publics tout en préservant les missions de nos armées, l'emploi et notre excellence technologique".

Matignon soutient Bercy

Alors que Bercy exigeait de 2 à 2,5 milliards d'économies par an de 2015 à 2017 à la défense, Matignon a tranché entre 1 et 1,2 milliard, selon nos informations. Cette décision de Michel Sapin et du Premier ministre, Manuel Valls, intervient six mois seulement après avoir fait voter une loi de programmation militaire (LPM) a minima. Manuel Valls a une nouvelle fois tenté vendredi d'éteindre la controverse sur de nouvelles coupes budgétaires dans la Défense tout en admettant que les armées auraient des "ajustements" à faire "ici ou là" pour que la France atteigne ses objectifs."Une loi de programmation militaire (LPM) a été votée, elle doit s'appliquer pendant cinq ans, elle reste totalement valable", a martelé le Premier ministre, sollicité sur ce thème sur Europe 1.

Une LPM qui comme l'a rappelé mercredi à l'Assemblée nationale le ministre de la Défense, "contribue au redressement de nos comptes publics. Parce qu'il y a 34.000 suppressions de poste, parce qu'il y a une masse salariale réduite de plus de 4 milliards, parce qu'il y a eu, par rapport à un Livre Blanc antérieur, une réduction  des commandes d'environ 14 milliards d'euros, parce qu'il y a des restructurations qui parfois sont difficiles pour les territoires".

Si la droite est logiquement montée au créneau, les élus de gauche sont aussi extrêmement remontés contre cette initiative négociée dans le plus grand secret entre Bercy et Matignon, l'hôtel de Brienne ayant été tenu à l'écart de ces débats. Ainsi, le président de la commission des affaires étrangères et de la défense, Jean-Louis Carrère a rappelé lors d'une réunion de la commission qui s'est tenue mercredi, que le budget de la défense ne devait pas être une variable d'ajustement. Le ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian, a été semble-t-il lui même ébranlé par ce blitzkrieg de Bercy et de Matignon.

Que va décider François Hollande ?

Et le Président de la République ? Acclamé en février 2013 dans les rues de Tombouctou libéré, il avait souligné la veille du 14 juillet 2013, que "les crédits de la défense seront, à la différence de ceux de la plupart des ministères, préservés dans leur intégrité. C'est un effort que la nation fait, non pas pour les armées, mais pour sa propre sécurité".

Que va faire François Hollande ? Laissera-t-il faire à Manuel Valls le sale boulot ? Ou au contraire préservera-t-il l'intégrité du budget de la défense comme il l'avait rappelé ? Le président de la République avait tranché à la fin de l'hiver 2013 et avait accordé à la défense 190 milliards d'euros, dont 6 milliards de recettes extrabudgétaires, pour l'actuelle LPM. Soit une moyenne de 31,6 milliards d'euros par an.

Michel Cabirol

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Commentaires 29
à écrit le 18/05/2014 à 14:27
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N'y voyez aucun patriotisme ou un quelconque altruisme de ces patrons vivant au crochet de l'argent public... tout ceci n'est qu'un chantage à l'emploi nuisible à la carrière des politiciens.

le 19/05/2014 à 23:01
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Peut être, n'empêche que sans leurs exportations et les dividendes qu'ils nous rapportent il ne resterait pas grand chose de la balance déjà déficitaire de la France...

le 20/05/2014 à 11:15
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N'importe quoi chez EADS, Dassault, Safran, Nexter, DCNS, MBDA et Thales Il y a guère que Nexter qui à besoin de l'état pour vivre , les autres sont des groupe qui exportent dans le monde entier Vous en avez rien à faire des 200 000 salariés ? ...

à écrit le 18/05/2014 à 0:28
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La paix sociale coute chère!!!

à écrit le 17/05/2014 à 20:24
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militaro-industriel qui monte au créneau... Ces groupes privés qui ne vivent que des commandes publiques cherchent à défendre les dividendes de leur actionnaires. C'est normal, mais il ne faut pas s'y tromper, les casernes moyenâgeuses et les sous e...

le 20/05/2014 à 11:15
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N'importe quoi chez EADS, Dassault, Safran, Nexter, DCNS, MBDA et Thales Il y a guère que Nexter qui à besoin de l'état pour vivre , les autres sont des groupe qui exportent dans le monde entier Vous en avez rien à faire des 200 000 salariés ? ...

à écrit le 17/05/2014 à 19:19
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C'est sûr que maintenant on va entendre pleurnicher les entreprises de BTP, de l'armement, les laboratoires pharmaceutiques...

à écrit le 17/05/2014 à 14:06
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Il va falloir faire avec. C'est l'adaptation ou la mort. Hollande s'en fout complètement. Alors ils peuvent même écrire en vers, ça ne changera rien.

à écrit le 17/05/2014 à 12:01
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Je rappel que la France possède 5,5 millions de fonctionnaires....

le 18/05/2014 à 7:17
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un poids colossale que nous devons supporter il faut virer au minimum 2millions et changer le statut des restants pour que la france redecolle mais les cocos vont les proteger

le 18/05/2014 à 9:32
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Il y a tout autant d'entreprises du privé qui sans les financements de l'Etat n'existeraient pas.

le 20/05/2014 à 18:29
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5,5 millions au dépend des salariés des entreprises privées comme Alstom. Les chomeurs d'Alstom sont là pour garantir les postes des fonctionnaires ! C'est beau la solidarité dans ce pays ! chacun pour soit en fait !

à écrit le 17/05/2014 à 11:55
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Sauver 60000 personnes du privé me semble dérisoire en comparaison du nombre de militaires viré. Comme certains disaient il est important de faire des économies MAIS surtout les autres et pas nous. Thalès et les autres sont des groupes internationaux...

à écrit le 17/05/2014 à 7:45
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Le patriotisme est, de manière générale, l'attachement culturel à de la patrie ou de dévouement à son pays,

à écrit le 17/05/2014 à 7:40
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pas facile de muter quand depuis 30 ans vous recevez des subventions...mi entreprises mi fonctionnaires

le 17/05/2014 à 10:08
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Sauf que contrairement à d'autres, la défense, ainsi que les industriels la fournissant, ont déjà largement "muté". Il ne s'agit pas de subventions mais de contrats, par ailleurs. La défense a déjà tenu compte des réductions budgétaires l'année derni...

à écrit le 16/05/2014 à 21:14
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60000 emplois du privé vivent des subsides de l'Etat et critiquent les fonctionnaires.

le 20/05/2014 à 18:25
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60.000 emplois sont dependant de l'Etat car les normes protegent les entreprises etatiques.. (Cf Alstom par rapport a la SNCF) Les chomeurs Alstom sont là en contre partie d'emploi securisé a la SNCF... ahaha MDR.

à écrit le 16/05/2014 à 20:54
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Les socialistes doivent d'ailleurs revaloriser l'allocation de rentrée scolaire. Alors du fric pour la défense, c'est pas possible.

à écrit le 16/05/2014 à 19:28
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Tout le monde est d'accord avec les économies...pour les autres.

à écrit le 16/05/2014 à 19:15
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De tous ces incapables. Et les chars dans les rues ça vous dit ?

le 17/05/2014 à 11:41
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Pour ça il faudrait qu'il y ait des pièce pour leur entretien et des hommes pour les conduire !

à écrit le 16/05/2014 à 14:44
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Aux états-unis, les dirigeants des grands groupes internet se sont réunis aussi pour demander à éviter qu'un internet à plusieurs vitesse ne se mette en place, cause perdue, les câblo-opérateurs ont dit qu'ils monteraient les prix en favorisant les s...

à écrit le 16/05/2014 à 14:37
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Cela s'appelle du chantage!

le 16/05/2014 à 19:09
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Un chantage necessaire pour condanner les socialistes dangereux et irresponsable avec notre défense

à écrit le 16/05/2014 à 13:36
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Un aveu de mauvaise gestion sous un chantage dissimulé!! Le problème des entreprise française c'est qu'elles n'ont pas de stratégie, et utilisent l'Etat pour expliquer leurs contreperformances.

le 16/05/2014 à 16:39
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60 000 salariés dépendent de l'industrie de la défense. On fait quoi? On leur dit de pointer au Pole Emploi. Après vous me direz, avec 3 millions de chômeurs, on n'est plus à quelques milliers de plus....

le 16/05/2014 à 17:12
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Les entreprises de défense ne font pas ce qu'elles veulent pour vendre, elles sont obligées d'avoir l'accord de l'état pour leurs contrats

le 17/05/2014 à 21:37
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C'est plutôt le contraire. Pour que les armées puisse avoir des pièces, et voir la payer moins chère, l'état et les armées tentent à tout pris de vendre a l'étranger. Les commerciaux des entreprises d'armement c'est les armées...

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