Défense : la France va s'offrir des drones tactiques

Le ministre de la Défense Jean-Yves Le Drian a donné son feu vert au lancement d'un appel d'offres pour l'achat d'un drone tactique de nouvelle génération.
Michel Cabirol
Watchkeeper (Thales), le seul drone autorisé à voler dans le ciel britannique

En pleine guerre entre le ministère de la Défense et celui de Bercy sur la loi de programmation militaire (LPM), l'Hôtel de Brienne a décidé la semaine dernière lors d'un comité ministériel d'investissement (CMI) de lancer une procédure d'appel d'offres pour se doter de drones tactiques, selon des sources concordantes. Une décision qui illustre clairement l'urgence de l'acquisition de ces matériels pour remplacer les drones SDTI aujourd'hui à bout de souffle alors que le ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian n'avait pas encore gagné son combat budgétaire face à Bercy et Matignon. Un ministre qui avait lui-même pris conscience de l'urgence de livrer les premiers systèmes à l'armée de terre dès 2017 comme cette dernière le souhaitait.

Pourquoi un appel d'offres alors que l'armée de terre avait déjà porté son choix sur le Watchkeeper (Thales) et qu'elle a poussé très loin sa coopération avec son homologue britannique sur ce matériel ? Parce qu'il n'était pas possible pour la direction générale de l'armement (DGA) de passer un contrat de gré à gré avec le groupe électronique en dépit d'une étude très poussée des juristes de Thales et du ministère de la Défense pour éviter un appel d'offres. Au grand dam de l'armée de terre qui veut absolument le Watcheeper et qui trouve cette décision frileuse. Cette procédure pourrait en tout cas éviter in fine tout recours juridique d'un groupe concurrent et repousser la livraison au-delà de 2017 des premiers drones. 

14 vecteurs livrés pendant la LPM

C'est donc contraint que le ministère a donné son feu vert à cette procédure qui devrait donner sa chance (?) au Patroller de Sagem (groupe Safran) et à des drones étrangers. Chez Thales, on reste confiant mais prudent sur l'issue de cette compétition. "Si on joue parfaitement le jeu sans excès de confiance, cela devrait passer pour le Watchkeeper", explique-t-on au sein du groupe.

Que dit la loi de programmation militaire (LPM) 2014-2019 à propos des drones tactiques ? "La génération actuelle (SDTI) arrivera à obsolescence entre 2015 et 2017 ; de nouveaux systèmes de drones plus récents seront acquis pour disposer d'une quinzaine de vecteurs à l'horizon 2019 (14 exactement, ndlr), sur la trentaine prévue dans le modèle. Une coopération avec le Royaume-Uni est lancée, afin de bénéficier de l'acquis de nos partenaires britanniques et d'inscrire ce programme dans la dynamique des réalisations du traité de Lancaster House (force expéditionnaire interarmées conjointe)". Ce qui renforce un peu plus les chances du Watchkeeper.

Le seul drone à voler dans le ciel britannique

Début octobre 2013, Thales UK, maître d'œuvre du programme Watchkeeper, a annoncé l'obtention d'un certificat STDA (Statement of Type Design Assurance) délivré par l'autorité de l'aviation militaire du Royaume-Uni pour le Watchkeeper en vue d'intégrer ce drone dans le trafic aérien civil. "Cela sous-tend la possibilité de vols militaires dans un espace aérien approprié partout dans le monde", avait alors expliqué Thales dans un communiqué publié le 7 octobre.

Puis début mars, le ministère de la Défense britannique (MoD) et l'Autorité de l'aviation militaire (MAA) ont autorisé la mise en service du système développé par Thales pour l'armée britannique. Watchkeeper est certifié au même niveau de sécurité que les avions pilotés, avait assuré Thales dans un communiqué. Selon le groupe d'électronique, Watchkeeper est "le seul de sa catégorie à avoir la permission de voler dans l'espace aérien britannique".

Pour développer Watchkeeper, Thales a bénéficié d'une aide importante sur toute la chaîne de production, notamment de la part d'UAV Tactical Systems Limited (U-TacS), coentreprise entre Thales et Elbit Systems créée lors de l'attribution formelle du contrat en août 2005. Un drone tactique est un système mobile de taille moyenne développé pour le renseignement, la surveillance, l'acquisition et la reconnaissance de cibles en appui des forces au niveau d'une brigade et de niveaux inférieurs.

Michel Cabirol

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Commentaires 7
à écrit le 28/05/2014 à 14:58
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On lit un peu partout que le watchkeeper est un drone majoritairement israelien, comme le SIDM d'ailleurs. Si en plus c'est Thales UK qui l'a europeanisé, en quoi cet achat sert-il plus l'industrie francaise que l'achat de drones Reaper aux US ? L'A...

à écrit le 28/05/2014 à 9:26
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Pffff, la France s'offre des drones et appauvrit les armées , stérile équation !

à écrit le 27/05/2014 à 23:27
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M. Cabirol, vous faites erreur : les drones tactiques en question doivent remplacer les SDTI (ou Sperwer) de l'Armée de terre, et non pas les SIDM (ou Harfang) de l'Armée de l'air, qui sont des drones MALE (Moyenne Altitude Longue Endurance). Ces der...

à écrit le 27/05/2014 à 20:16
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Si ils avait fini le financement des drones des dernières années, ils le posséderait déjà leur drone français...

à écrit le 27/05/2014 à 19:01
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L'année passée Hollande avait fait un voyage aux Etats-Unis et est venu avec un drone acheté aux américains sous le bras car la France était en total retard par rapport à ces engins et puisque c'est devenu "tendance" alors il fallait bien que l'Elysé...

le 27/05/2014 à 19:28
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Un drole MALE tel que le Reaper américain n'a rien à voir avec un drone tactique comme le Watchkeeper, SAGEM fabrique déjà des drones tactiques depuis une dizaine d'années.

le 27/05/2014 à 19:28
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N'importe quoi. LISEZ L ARTICLE .le watchkeper existe depuis belle lurette.

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