La French Tech cartonne dans la sécurité industrielle

Drones, caméras infrarouges, grillage intelligent, robot terrestre... les entreprises tricolores rivalisent d'imagination pour aider les sites industriels à se protéger efficacement contre les cambriolages.
Truffé de capteurs, le robot E-vigilante peut atteindre une vitesse de 10 km/h lorsqu’il est en intervention spéciale.

Les industriels sont sur le qui-vive. Avec la crise, ils doivent s'armer contre les vols de marchandises et de matières premières. Il faut savoir que depuis 2008, les cambriolages sont en hausse de plus de 18 %, selon le ministère de l'Intérieur. Les sites professionnels ne sont pas épargnés puisqu'ils représentent globalement un cambriolage sur cinq. À cette délinquance s'ajoutent les menaces terroristes contre les sites les plus sensibles. Autant de raisons qui poussent les entreprises à mieux se protéger avec des moyens capables de détecter en temps réel les tentatives d'intrusion, les géolocaliser et alerter les secours.

À l'image de ces drones et robots terrestres ou encore de ces grillages et câbles intelligents couplés à des caméras de surveillance sans cesse plus performantes. Certaines caméras savent repérer et suivre des cibles humaines sur plusieurs dizaines de mètres, voire plusieurs kilomètres. Des technologies dans lesquelles les Français excellent. À commencer par HGH Systèmes infrarouges. Créée en 1982 à Igny (Essonne) par des pionniers de l'infrarouge, l'entreprise est spécialisée dans la conception, le développement et la fabrication de systèmes destinés notamment à la sécurité des sites militaires mais aussi des ports, plates-formes pétrolières, centrales nucléaires, etc. Ses systèmes anti-intrusion sont constitués de caméras, capteurs et logiciel de traitement d'images qui sont issus du projet de recherche SafeAround. Achevé en 2009, ce dernier a été mené au sein du pôle de compétitivité Systematic pour un montant de 2,6 millions d'euros et dont 900.000 ont été financés par le Fonds unique interministériel (FUI).

Depuis, l'entreprise a sorti une gamme de caméras baptisées Spynel, qui tournent sur elles-mêmes afin de détecter et de traquer automatiquement les intrus sur de très longues distances. Dernière en date, la Spynel-X détecte ainsi un être humain à 8 kilomètres à la ronde. Mieux :

« Ce système capture en temps réel des images panoramiques avec une résolution, encore inégalée, de 120 mégapixels », fait valoir Gildas Chauvel, le responsable marketing de HGH Systèmes infrarouges.

Regroupant une cinquantaine de personnes dont une quinzaine en R & D, cette PME a réalisé en 2013 un chiffre d'affaires de 8,3 millions d'euros (contre 7,4 millions en 2012) dont plus de 85 % à l'export.

Drones à vol longue distance

En complément des caméras, la protection des sites étendus les plus sensibles passera aussi par la surveillance à l'aide de drones, capables de parcourir de longues distances de jour comme de nuit. Une solution qui intéresse, entre autres, la surveillance de pipelines, gazoducs, voies ferrées, réseaux électriques, etc. Sur ce secteur, les drones du français Delair-Tech sont les seuls engins habilités en France à effectuer des vols longue distance et hors de la vue du pilote.

« Cette autorisation concerne un de nos drones qui pèse 2 kg, dispose d'une autonomie de deux heures et vole à la vitesse de 60 km/h en moyenne », indique Benjamin Benharrosh, le directeur commercial qui figure parmi les quatre cofondateurs de l'entreprise.

Créée en 2010, cette start-up d'une trentaine de personnes fabrique dans son atelier d'assemblage différents modèles de drones, dont un modèle qui pèse 8 kg et se déplace à 80 km/h. Tous embarquent des caméras infrarouges de très haute résolution qui permettent de suivre aussi bien un individu qu'une voiture. De quoi intéresser les marchés français et étrangers.

« Nous prévoyons pour cette année un chiffre d'affaires de 1,5 million d'euros dont plus de la moitié à l'export, prévoit Benjamin Benharrosh qui a levé à la fin de l'année dernière 3 millions d'euros auprès du groupe de technologie Parrot. Avec l'ouverture du marché, nous pensons atteindre la rentabilité d'ici à 2015. »

Robot terrestre

À l'assaut du marché des drones civils professionnels, Parrot a également investi récemment 1 million d'euros dans la start-up française Eos Innovation, basée à Evry (Essonne). Créée en 2010, cette entreprise a conçu un robot terrestre baptisé E-vigilante qui se déplace à une vitesse de 4 à 10 km/h.

« Il s'agit du seul robot autonome qui ne soit ni téléguidé ni télécommandé », insiste Odile Laborie, chargée du développement commercial de l'entreprise.

Toute anomalie repérée par son capteur laser déclenchera une alerte auprès d'un opérateur distant. Ce dernier se connectera alors à la caméra infrarouge de l'E-vigilante pour visualiser la scène.

« Cette année, cinq robots seront déployés dans des entrepôts logistiques en France et en Belgique », indique la porte-parole d'Eos Innovation qui phosphore désormais sur l'arrivée en 2015 d'une version conçue pour la surveillance extérieure des sites.

Portail infrarouge

Les sites industriels ne sont évidemment pas tous désireux de s'équiper d'un drone. En revanche, ils sont attentifs aux solutions qui permettent à la fois de dissuader les intrus de pénétrer sur les sites et de les alerter en cas d'intrusion. C'est ce que propose l'entreprise Sorhea avec son dispositif Portalis, constituée d'un portail infrarouge et d'un câble sensible au choc, fixé tout le long de la clôture.

« Cette solution intéresse notamment les sites isolés car ces dispositifs sont alimentés en énergie solaire par un module photovoltaïque », indique Eric Thord, le président de Sorhea.

Spécialisée dans la détection périmétrique, l'entreprise créée en 1987 dénombre 45 salariés.

« Nous consacrons à la R&D 7% de notre chiffre d'affaires qui s'est élevé en 2013 à 10 millions d'euros - dont 25 % à l'export », rapporte le dirigeant.

Son catalogue s'est enrichi d'une nouvelle application logicielle, Maxibus 3000, qui centralise les alarmes transmises par les différents systèmes installés (barrières, câbles de détection, capteurs à double technologie).

« En se connectant à cette application, nos clients pourront visualiser chacun des équipements qu'ils pourront paramétrer à distance et s'informer à tout moment de leur état à partir d'un ordinateur, quel que soit l'endroit où ils se trouvent », ajoute Eric Thord.

Sécuriser la transmission sans fil des données

Seule condition, disposer d'un réseau de transmission fiable. Ce qui n'est pas d'ailleurs pas gagné selon Frédéric Salles, président de Matooma.

Cette entreprise propose une carte de communication qui embarque plusieurs cartes SIM (donc autant d'abonnement à des opérateurs télécoms) et s'insère dans un boîtier communicant destiné à remonter les alarmes des systèmes de sécurité (contrôle d'accès, caméra, etc.).

« La particularité de cette carte multi-SIM est de rechercher en permanence les réseaux télécoms disponibles afin d'assurer la transmission des données de sécurité, indique le président de l'entreprise qui réalise 1 million de chiffre d'affaires avec ses 15 salariés. Notre offre intéresse l'industrie, la santé et également des acteurs de la sécurité dont Securitas ou Protection 24. »

Pour conforter sa place en France et conquérir des marchés à l'export, Matooma vient de lever 1 million d'euros. Objectif : recruter des commerciaux et financer des programmes de R&D. À cet égard, un partenariat a été noué avec un laboratoire du CNRS dans le but d'élaborer un système d'alerte prédictif. Ce dernier sera capable de détecter un défaut technique dans les installations de sécurité et les machines industrielles en analysant les données transmises par les cartes multi-SIM.

Prévenir les détournement internes

Le vol de marchandises, d'équipements voire de données sensibles n'est pas toujours le fait de cambrioleurs. Il peut aussi provenir de détournements internes. D'où l'intérêt de renforcer les contrôles d'accès avec des systèmes biométriques. Dans ce domaine, le français Mereal Biometrics innove avec une carte à puce intégrant une batterie rechargeable et un lecteur d'empreintes digitales. Il suffit d'apposer son doigt sur sa carte pour déverrouiller automatiquement une porte contrôlée par n'importe quel lecteur du marché. La Commission nationale de l'informatique et des libertés (Cnil) a d'ailleurs autorisé l'expérimentation de cette carte biométrique dans les casinos du groupe Partouche.

« Les cartes servent à filtrer certains accès physiques comme les salles de vidéosurveillance ou de contrôle de caisses, mais aussi les accès logiques comme les logiciels de gestion des machines à sous », décrit Patrick Partouche, président du groupe, mais aussi fondateur de Mereal Biometrics qu'il a créé à titre personnel.

Et pour cause, il est l'inventeur de cette fameuse carte biométrique pour laquelle il a déposé des brevets avec son associé et partenaire Uint, spécialisé depuis 2009 dans la conception, la fabrication et la commercialisation de cartes innovantes. C'est d'ailleurs Uint qui sera chargé de fabriquer la fameuse carte de Mereal Biometrics en salle blanche.

« Uint a déjà investi 1 million d'euros dans ce projet. Et nous comptons investir trois autres millions grâce à une levée de fonds auprès de particuliers », prévoit Philippe Blot, à la fois président d'Uint et directeur général de Mereal Biometrics.

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Commentaires 2
à écrit le 09/10/2014 à 16:24
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bravo, on aime ce genre de bonnes nouvelles

le 09/10/2014 à 17:26
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Si sont vraies….

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