Armement : vers un nouveau succès majeur de la France à l'exportation (Turquie)

Dans le cadre du consortium Eurosam, MBDA et Thales ont signé un protocole d'accord avec des industriels turcs pour développer sur le long terme un futur système de défense aérienne. Ankara souhaite également acheter un système russe, le S-400 pour un besoin immédiat.
Michel Cabirol
Eurosam (MBDA et Thales) et les industriels turcs Aselsan et Roketsan, vont répondre d'ici à la fin de l'année à un appel d'offres du ministère de la défense portant sur une étude d'architecture du futur système de défense aérienne d'Ankara.

Comme quoi la ténacité paie... La France, qui proposait en vain depuis plusieurs années sa technologie en matière de défense aérienne (système SAMP/T) à Ankara, est aujourd'hui sur la piste d'une coopération industrielle majeure avec la Turquie dans ce domaine très sensible. C'est le ministre de la Défense turc, Fikri Isik, qui a vendu la mèche le 14 juillet à l'occasion d'une réception à l'ambassade de France en Turquie. Une information relayée lundi par l'agence de presse turque Anatolie.

Un futur système de défense aérienne sur la base de l'Aster

Selon des sources concordantes, un accord préliminaire (HOA ou Head of Agreement) a été signé la semaine dernière entre le consortium européen Eurosam (50-50 entre MBDA et Thales) et les industriels turcs Aselsan et Roketsan. Les trois partenaires devraient développer sur le long terme un nouveau système de défense aérienne sur la base du système du missile Aster (système SAMP/T). La Turquie devra se décider si elle entre dans le programme de modernisation du système de défense Aster 30 Block 1 NT lancé en coopération entre la France et l'Italie. Ou si elle choisit une autre voie.

Dans un premier temps, les industriels vont répondre d'ici à la fin de l'année à un appel d'offres (RFP) du ministère de la défense turc portant sur une étude d'architecture du futur système de défense aérienne de l'armée turque. "Ce sera un système indigène", explique-t-on à La Tribune. Le HOA définit les accords de partage de travail pour cette étude d'architecture. Cet accord "montre que la Turquie reste très intéressée à coopérer avec l'Europe", explique-t-on à La Tribune.

Vers un achat immédiat du système russe S-400

Dans le même temps, la Turquie va acheter l'acquisition d'un système de défense aérienne russe, le S-400 pour un montant de 2,5 milliards de dollars, a révélé l'agence Bloomberg. Deux informations qui pourraient être contradictoires mais ce n'est pas le cas. "Les Turcs achèteraient le S-400 pour couvrir leurs besoins court terme et affichent en même temps leur volonté de coopérer avec Eurosam pour couvrir leurs besoins de développer sur le long terme un programme turc", résume une des sources contactées par La Tribune.

En outre, l'accord est, semble-t-il, limité. Il porte sur la fourniture par Moscou de deux S-400 à Ankara d'ici à la fin de 2018 et la production en Turquie de deux autres systèmes. Selon Bloomberg, malgré le compromis trouvé entre les deux parties, les deux pays sont toujours en train de discuter de certains détails de l'accord qu'ils pourraient signer dans plus d'un an.

Une véritable saga

MBDA et Thales avaient eu en novembre 2015 une bonne nouvelle venant de Turquie. Ankara avait officiellement rompu les négociations sur le programme T-Loramids avec le groupe chinois China Precision Machinery Import and Export Corp (CPMIEC) pour la fourniture d'un système de défense anti-aérienne (3,4 milliards de dollars). Ankara, qui fait partie de l'OTAN, était en négociations exclusives depuis 2013 avec CPMIEC. Ce qui avait provoqué un tollé, aux Etats-Unis notamment.

Depuis l'échec des négociations entre Ankara et Pékin, le consortium Eurosam discutait avec la Turquie sur le lancement d'un programme d'un système de défense aérienne de longue portée (Air Defence) accompagné d'un transfert de technologies (3 à 4 milliards d'euros) dans le cadre d'un nouveau programme (MSAM). Dès cette période, la Turquie a souhaité lancer son propre programme de défense aérienne. En 2016, l'Italie a déployé en Turquie, notamment sur sa frontière sud (face à la Syrie), un système de défense aérien SAMP/T (système sol-air moyenne-portée/ terrestre) dans le cadre du soutien de l'OTAN à Ankara.

Michel Cabirol

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Commentaires 21
à écrit le 10/01/2018 à 23:39
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Le business prend le pas sur la raison stratégique ! La Turquie d'Erdogan lorgne sur un transfert de technologie via ses sociétés d'armement Aselsan et Roketsan.Mais à termes n'oublions pas que le système politique mis en oeuvre par Erdogan n'a rien ...

à écrit le 22/07/2017 à 16:15
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un succès pour qui? Pour la France ou pour la Turquie qui n'a aucune compétence en la matière. On va la former pour, dans un avenir plus ou moins proche, nous supplanter?

à écrit le 20/07/2017 à 10:23
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Pour tous les commentaires négatifs, je rappelle qu'Erdogan n'est pas éternel et que la Turquie retrouvera des aspirations démocratiques, plus compatibles avec celles de l'Europe.

le 20/07/2017 à 15:43
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Entièrement OK avec votre remarque. Erdogan n'est pas éternel, espérons que son successeur sera plus neutre dans l'équilibre des différences ethniques, religieuses, et non-croyants. Ce contrat est une bonne chose si l'EU en profite pour accélérer sa...

le 10/01/2018 à 23:43
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Oui mais Erdogan prêche l'intolérance et la haine dans un système politique où se réduit les contre-pouvoirs...Dès lors il sera de plus en plus difficile de concilier les aspirations laïques turques avec la paix en Méditerranée contre cette fuite en ...

à écrit le 19/07/2017 à 14:56
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Certains ici critiques la Turquie sur l'OTAN, j'aimerai dir à ces gens que la Turquie n'a jamais eu la protection de l'OTAN quand elle en avait besoin, chircac était même contre l'envoi de missile Patriotes et vous reprochez la Turquie de penser à s...

à écrit le 18/07/2017 à 21:37
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Il y a 10 àns nous devions construire un char future la bas, apres quelque temps, çe pays a construit un char très proche du Leclerc.... Et nous n'étions pas dans le programme.... Personnellement nous n'avons rien à gagnier à travailler avec çe pays,...

à écrit le 18/07/2017 à 19:07
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On arme de potentiels ennemis extérieurs...mais on fait tout pour désarmer les citoyens français...consternant !

à écrit le 18/07/2017 à 16:37
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Minable!!! Comment peut-on se réjouir de faire des affaires avec Erdogan, avec en prime, transfert de technologies sensibles??? Sûr que les prisonniers politique d'Ankara, doivent chanter la Marseillaise du fin fond de leur cellule... Combie...

le 18/07/2017 à 22:05
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Je rêve... comme quoi les Français vivent sur une autre planète ! " Combien nous coûtent les migrants en provenance de Turquie", dîtes-vous. Mais, enfin, comparez le nombre de réfugiés que doit supporter la Turquie (des millions) et le nôtre ! On ...

à écrit le 18/07/2017 à 14:57
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C'est à usage interne ? pour se protéger de ses propres avions ? Il vaudrait mieux installer un système d'autodestruction commandé à distance comme sur les fusées... Le paiement se fera en baril de pétrole de qualité syrienne !

à écrit le 18/07/2017 à 14:22
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Pour ceux qui font la fine bouche, rappelons qu'il s'agit d'un système anti aérien de défense et non une arme d'attaque.Enfin la Turquie fait partie intégralement de l'OTAN, donc il n'y a aucune raison de ne pas faire du commerce avec ce pays. Enfin ...

le 18/07/2017 à 16:45
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La Turquie dans l' OTAN c'est déjà une hérésie, qu' on doit supporter parce que les américains l' ont décidé. On devrait les virer de l' OTAN. Alors leur vendre un système de défense avec transfert de technologie ... Qui sait , la Turquie sera peut ...

à écrit le 18/07/2017 à 14:21
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Pour ceux qui font la fine bouche, rappelons qu'il s'agit d'un système anti aérien de défense et non une arme d'attaque.Enfin la Turquie fait partie intégralement de l'OTAN, donc il n'y a aucune raison de ne pas faire du commerce avec ce pays. Enfin ...

à écrit le 18/07/2017 à 13:38
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Et un jour on se plaindra que la Turquie utilisé nos propres armes contre nous ! Debile et honteux

le 18/07/2017 à 16:21
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Un système de défense aérienne est une arme défensive... Ca va mieux ?

à écrit le 18/07/2017 à 13:28
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Vendre des armes à un regime pareil serait une vrai hônte pour la France

le 18/07/2017 à 13:38
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Si ce n'est pas nous ce seront les pacifistes suédois, britanniques ou néerlandais qui le feront. Autant que ça profite à des salariés français.

le 18/07/2017 à 13:52
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La honte c'est déjà de fabriquer des armes !

le 18/07/2017 à 16:19
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@joelafleur @europedroitsdelhomme : ouh lala, c'est mal de vendre des armes. Ces bisounours me font toujours autant marrer. Les autres pays ne se font pas prier pour vendre leurs armes, y compris par des pays soit-disant vertueux comme la Suède, l'A...

le 19/07/2017 à 14:47
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vendre des rafales au général Sisi par contre ça ne pose aucun soucis???? un militaire qui renverse un président élu démocratiquement et on accepte cela naturellement?

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