
L'armée de l'air et de l'espace est indéniablement un atout pour la diplomatie française, selon le général Stéphane Mille, chef d'état-major de l'armée de l'air et de l'espace (CEMAEE). Armée d'emploi et dotée d'une capacité de projection, elle est dispose d'une bonne image auprès des partenaires étrangers, que ce soit sur ses implantations à l'étranger ou lors d'opérations de grande envergure, expose Hélène Conway-Mouret, sénatrice représentant les Français établis hors de France et secrétaire de la Commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées.
« Lorsque nous avons évacué 84 nationalités lors de l'opération Sagittaire, nous avons reçu 84 remerciements, ce sont 84 vecteurs de diplomatie », raconte le CEMAAE. La mission Pégase, qui va déployer 10 Rafale, cinq A330 MRTT et quatre A400M en tournée dans toute la zone indo-pacifique cet été, avec ses nombreuses escales, « sont autant de liens diplomatiques » qui renforcent la posture de la France dans le monde.
Des relations de long terme
« Les relations humaines sont primordiales dans la diplomatie », souligne la sénatrice. C'est pourquoi il est important « de lier des liens avec des homologues de haut niveau, nécessaires à la compréhension de l'autre et pour le renforcement de notre action diplomatique », poursuit-elle. Des relations inter-étatiques qui se nouent également lors de la signature de contrats d'armement. Car ce n'est pas uniquement une flotte de Rafale qui est vendue à un pays, mais bien un savoir-faire et un accompagnement, qui passe également par la formation des pilotes et des mécaniciens par leurs pairs français, dans une logique de soft power.
« La formation des pilotes est un élément clé de la diplomatie et de la diplomatie aérienne », estime le général Stéphane Mille. Ainsi, lors d'un récent déplacement au cours d'un exercice bilatéral en Irak, il a pu constater que « la plupart des officiers généraux irakiens portaient l'insigne des ailes de la France, car ils sont passés par des écoles françaises il y a des décennies ».
Face à la volatilité des relations internationales, l'armée de l'air et de l'espace se tient prête, « c'est dans l'ADN des aviateurs » d'anticiper, parfois « le pire », affirme le CEMAAE. Et c'est bien le triptyque Rafale-MRTT-A400M qui lui donne cette assurance de pouvoir atteindre tous les points du globe. C'était le cas dans le cadre de l'opération Henri-Brown où trois Rafale, deux Airbus A330 MRTT et deux A400M se sont posés sur le sol calédonien en août 2022 à Nouméa. Et, explique le chef d'état-major de l'armée de l'air et de l'espace, « nous sommes la seule armée de l'air d'Europe à pouvoir, au bout d'un trajet aussi long, effectuer directement une mission opérationnelle. Y compris par rapport aux anglais ».
Un outil cohérent à préserver
Pour assurer la crédibilité de l'outil militaire - dans une perspective diplomatique - il ne faut pas seulement « aligner les capacités, mais aussi qu'elles soient disponibles lorsqu'on en a besoin », rappelle la députée des Yvelines et membre de la commission de la défense, Natalia Pouzyreff. D'où l'importance, explique-t-elle, du maintien en condition opérationnelle (MCO), pour garder cette capacité de puissance aérienne et d'entrée en premier. Faire preuve de réactivité tout en préparant l'avenir, fait partie des enjeux de l'armée de l'air et de l'espace. Elle doit également concilier le court et le long terme - ce qui n'est pas forcément le cas de tous les pays, indique la députée, prenant l'exemple de la guerre en Ukraine, qui a plongé certains pays « moins bien préparés dans un état d'urgence et de fébrilité ».
La France a su « tirer les conséquences et les enseignements » des problèmes rencontrés en termes capacitaires, en étant capable de faire des retours d'expériences qui préparent « encore mieux pour la suite », ceci faisant de l'armée de l'air une arme « robuste et résiliente ».
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