Comment Safran va augmenter la disponibilité des hélicoptères de l'armée française

Par Michel Cabirol à Tarnos (Landes)  |   |  729  mots
Pour la famille de moteurs Arriel et Arrius, le cycle moyen de réparation va baisser grâce à la nouvelle usine de Tarnos de 50 à 35 jours grâce au nouvel outil industriel modernisé. (Crédits : Safran Helicopter Engines (Laurent Pascal))
La nouvelle usine ultra-moderne de Tarnos va permettre à Safran Helicopter Engines de gagner 30% en productivité. Résultat, les cycles de réparation des moteurs d'hélicoptères vont baisser de 30%.

L'objectif est ambitieux mais à la portée de Safran Helicopter Engines (SHE). D'autant plus que la filiale de Safran est déjà au top des résultats en matière de maintenance en condition opérationnelle (MCO) des moteurs de la flotte de l'Etat français, son client numéro un avec 1.600 moteurs d'hélicoptères entretenus depuis 2001 (armée de l'Air, Marine, armée de Terre, Sécurité civile, DGA essais en vol, gendarmerie et Douanes). SHE, qui livre un moteur sur trois dans le monde, apporte "100% de disponibilité moteurs depuis plus de 12 ans à l'ensemble des opérateurs étatiques dans un modèle où l'Etat ne paye que lorsque les hélicoptères volent", a revendiqué le PDG de SHE, Franck Saudo. Ce que n'a pas démenti la ministre des Armées Florence Parly, venue inaugurer vendredi la modernisation de l'usine de Tarnos, "la plus moderne au monde dans le soutien des moteurs d'hélicoptères", assure le patron de SHE.

Spécialisée dans la fabrication et l'entretien des moteurs d'hélicoptères, la filiale de Safran vise un objectif de 30% de gain de productivité dans la réparation des moteurs grâce à son tout nouveau bijou industriel complètement modernisé de Tarnos dans les Landes (chaînes de montage automatisées, machines d'usinage ultra-modernes, technologies 3D...). Une opération dans laquelle Safran va au total investir près de 60 millions d'euros, dont 50 millions déjà été dépensés pour la construction de trois bâtiments (33.000 mètres carrés).

Réduire les cycles de réparation de 30%

Chez SHE, qui réalise deux tiers de son chiffre d'affaires dans le support à travers quatre sites (Tarnos, Texas, Brésil et Australie), ça va "turbiner" encore plus qu'avant pour atteindre l'objectif de 30%, de gain de productivité... Car avec l'usine de Tarnos (1.550 personnes), SHE compte réduire de 30% les cycles de réparation. Par exemple, pour la famille de moteurs Arriel et Arrius, le cycle moyen de réparation va baisser de 50 à 35 jours grâce au nouvel outil industriel modernisé. Par ailleurs, l'optimisation des lignes de production permettra de réduire les déplacements des moteurs en réparation à l'intérieur de l'usine. Jusqu'à avril 2019, un moteur effectuait 5 kilomètres sur les différents cycles de réparation entre le démontage, le nettoyage et la réparation. Aujourd'hui, il ne parcourt que "moins de 500 mètres", souligne Franck Saudo.

Avec l'inauguration par la ministre des Armées du Campus industriel de Tarnos dans les Landes et de la direction de Safran, le directeur général Philippe Petitcolin et le président du conseil de surveillance Ross McInnes, Safran Helicopter Engines se met donc en ordre de bataille pour répondre à l'un des enjeux prioritaires de Florence Parly : le MCO des flottes de l'armée française, et donc plus particulièrement des hélicoptères, dont la disponibilité a été ces dernières années cataclysmique. A l'exception du Dauphin, aucune des flottes d'appareils des armées n'a atteint un taux de disponibilité de 50% en 2015 et en 2016, y compris pour des appareils de nouvelle génération comme le NH-90. Résultat, pour Florence Parly, "le maintien en condition opérationnelle aéronautique est une de mes priorités", a rappelé vendredi la ministre, qui a demandé à revoir toute l'organisation du MCO.

Un nouveau contrat en 2022?

L'usine de Tarnos, qui tourne dans sa nouvelle configuration depuis avril 2019, est le "vaisseau amiral du support et du service" selon Franck Saudo, pour tenir le pari de la remontée très attendue de la disponibilité des flottes du ministère des Armées. Le site de Tarnos répare 100 moteurs d'hélicoptères de l'Etat français par an en moyenne sur les 650 moteurs venus d'Europe, du Moyen Orient et d'Afrique, passent par cette usine. L'objectif est de crever le plafond de 650 moteurs par an réparés à Tarnos.

"L'Etat ne paye que lorsque les hélicoptères volent. Quand un hélicoptère ne vole pas s'il est en maintenance, l'Etat ne paye pas", avait expliqué Franck Saudo en octobre dernier dans une interview accordée à La Tribune. A lui de mener à bien les négociations avec la direction de la maintenance aéronautique (DMAé) pour renouveler en 2022 le contrat  de support des hélicoptères de l'Etat français. Ce qui semble en bonne voie.