Nul doute que Dassault Aviation a particulièrement suivi l'élection présidentielle serbe, qui s'est déroulée dimanche. Et notamment la réélection d'Aleksandar Vucic. Pourquoi une telle attention de la part de l'avionneur ? Parce qu'il y a en jeu la vente possible de 12 Rafale neufs en Serbie en 2022, selon des sources concordantes. Et la réélection du président serbe devrait faciliter cette opération. Au départ, les discussions portaient sur seulement six appareils, puis finalement sur 12. Dassault Aviation aurait remis son offre début mars. L'acquisition d'avions de combat neufs permettrait à Belgrade de moderniser sa flotte composée de MiG-21 et MiG-29 ainsi que de vieux avions de combat yougoslaves 30 Soko J-22 Orao et Soko G-4 Super Galeb.
Contrairement à d'autres prospects en cours, Dassault Aviation y croit en Serbie même si un contrat est encore loin d'être conclu et signé. D'autant qu'il semble peu probable que les Serbes achètent des appareils américains, des restes du F-16 abattu en 1995 sont exposés dans le musée de l'aéronautique près de l'aéroport lors de l'opération "Deny Flight". Pour autant, la guerre en Ukraine pourrait avoir rebattu les cartes, la Serbie étant le seul pays européen à refuser de prendre des sanctions contre la Russie.
Un troisième pays européen ?
Cette commande certes modeste permettrait toutefois à Dassault Aviation de mettre un pied en Serbie puis d'être en position de force sur une nouvelle tranche d'acquisitions de l'armée de l'air serbe. Pour l'avionneur, il n'y a pas de petites commandes, il n'y a que des commandes. Enfin, Dassault Aviation souhaite après l'Indonésie vendre le Rafale dans un nouveau pays après avoir fait le plein des pays utilisateurs du Mirage 2000 (Égypte, Qatar, Inde, EAU et Grèce), à l'exception évidemment de Taïwan mais aussi du Pérou.
Après la Grèce (12 avions neufs et 12 d'occasion) et la Croatie (12 d'occasion), la Serbie serait le troisième pays européen à opter pour le Rafale après les échecs en Suisse et en Finlande en 2021. L'exportation du Rafale en Europe s'inscrit dans le prolongement de la volonté de la France de renforcer les partenariats européens et de promouvoir la préférence européenne en matière d'achats d'armement. Tout comme la vente des trois frégates FDI en Grèce cette année, les contrats Rafale permettront de perpétuer en 2021 et 2022 les tendances déjà observées les années précédentes sur la part significative des exportations d'armes françaises vers l'Europe.
Un client modeste des industriels français
La Serbie a été jusqu'ici un client modeste de l'industrie d'armement française. Sur la période 2011-2020, les exportations d'armements vers la Serbie ont représenté un montant de 205,2 millions d'euros, avec de nombreux creux comme ceux de 2012 et 2014 (0,7 million) et un pic en 2019 (115,8 millions d'euros). Cette année-là, le missilier européen MBDA avait notamment obtenu de Belgrade un contrat portant sur la vente de systèmes de défense anti-aérienne à courte portée Mistral 3.
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