
C'est un coup de gueule qui est passé inaperçu début juin. Un coup de gueule salutaire du président du comité défense du Conseil des industries de défense (CIDEF), Eric Trappier, également PDG de Dassault Aviation, qui juge que la préparation du futur dans la défense est actuellement complètement délaissée par le ministère de la Défense au profit du court terme, la loi de programmation militaire (LPM). Ce qui est, selon lui, "inquiétant" .
"Nos armées et l'ensemble de la profession de défense sont exclusivement mobilisés sur leurs tableurs Excel - c'est la LPM ! Je vois peu de penseurs préparer le futur, non que les militaires n'aient pas envie de s'y consacrer, mais leur préoccupation du jour est telle qu'elle en devient pour eux inhibante. C'est inquiétant", a-t-il expliqué début juin aux députés de la commission de la Défense.
Pour Eric Trappier, "un important travail de préparation reste à effectuer en même temps que les mentalités doivent changer, de façon à être capable de répondre à des questions comme celle de savoir, par exemple, si les avions de combat de demain devront aller dans l'espace". Pour lancer de nouveaux programmes, le PDG de Dassault Aviation préconise "de retrouver des méthodes de coopération pragmatique sur des besoins communs, qui permettraient, pourvu que les états-majors se soient consultés et aient élaboré des fiches-programmes ou des fiches de besoins opérationnels communs, de lancer des programmes européens".
Mobilisation des industriels, de la DGA et des états-majors
Pourquoi une telle inquiétude? Parce que pour Eric Trappier, il est important de préparer la guerre du futur à horizon 20 ans. "La DGA pense en termes de technologie mais quand on prépare l'avenir à vingt ans, on a besoin de confronter les savoir-faire technologiques, et il faudra bien discuter avec les états-majors pour savoir ce que sera la guerre de demain", estime-t-il. Il appelle donc à une "mobilisation des industriels, de la DGA et des états-majors". Notamment des armées. Elles doivent "s'intéresser au futur, quitte à détacher des personnels à cette fin. C'est fondamental si la France veut rester au bon niveau de développement des technologies et des produits".
Eric Trappier regrette par ailleurs que "la boucle entre état-major des armées, état-major de telle ou telle arme, DGA et industriels est un peu longue et la circulation lente, car on ne veut pas donner à ces derniers l'idée de lancer des programmes alors qu'il n'y a pas d'argent. Seulement, à suivre cette logique, on finit par ne plus rien lancer" au niveau national comme programme. Et ce en dépit du programme 144 du ministère de la Défense, "Environnement et prospective de la politique de défense", qui doit y contribuer.
Des retards dans les drones
Le PDG de Dassault Aviation rappelle que la France accuse "par exemple, du retard dans le domaine des drones dont la technologie a davantage été mise en valeur" par Israël et les États-Unis qui en ont très rapidement compris leur utilité. Pour Eric Trappier, "il faut donc rattraper notre retard en matière de drones de combat - c'est l'objet du démonstrateur Neuron mais il ne s'agit que d'un démonstrateur". Il constate une "première prise de conscience de ce que les technologies de demain peuvent apporter en matière de guerre aérienne".
C'est pour cela que Dassault Aviation et BAE Systems et d'autres industriels (Rolls Royce, Safran, Thales, Selex UK) sont en train de développer le programme franco-britannique FCAS-DP. Par ailleurs, la France, rappelle-t-il, se rapproche de l'Allemagne et de l'Italie pour ce qui est des drones de surveillance "afin de préparer, pour les années 2020, non pas un Reaper bis mais l'après-Reaper".
"Tâchons d'agir en ce sens au plan européen, à condition, de grâce ! Que cette Europe se montre pragmatique, contrairement à ce qu'elle fait aujourd'hui en annonçant des choses qu'elle ne fait pas - tout au moins en matière de défense. Que les États qui souhaitent coopérer élaborent une fiche programme commune, nous trouverons toujours les moyens, ensuite, nous industriels, de coopérer - même Dassault et Airbus le peuvent, c'est vous dire !
Dans le domaine de la patrouille militaire, le programme PATMAR 2030 "ne vise pas forcément à remplacer l'ATL2 mais à concevoir la patrouille maritime de demain". Et d'expliquer que la mission de surveillance peut "très certainement être accomplie par des drones qui tourneraient 24 heures sur 24" tandis que des avions d'armes interviendraient très rapidement pour traiter les menaces sous-marines ou de surface.
Pour un maintien de l'effort dans la R&T
Les industriels réaffirment "l'impérieuse nécessité du maintien de l'effort en matière de recherche et technologie (R&T), si l'on veut financer les programmes au-delà de 2019", souligne Eric Trappier. Et de rappeler que "la sanctuarisation du programme 144 (recherche amont, ndlr) est plus que jamais nécessaire".
"Les discussions en cours sur la création d'un éventuel dispositif de financement de la recherche de défense au niveau européen ne doivent pas faire oublier que nous sommes quasiment seuls en Europe à assumer un effort important en matière de défense. La remontée de l'effort budgétaire observée depuis 2014 chez certains de nos partenaires européens ne doit pas masquer le recul régulier des budgets d'investissement depuis près de dix ans. Il leur faudra des années avant de revenir à un niveau acceptable. Les sommes versées au fonds de la Commission européenne ne doivent pas être compensées par une baisse en France, sous peine d'avoir des soucis en matière de R&T".
La difficulté des management des entreprises privées françaises à penser le futur en terme d'investissements est telle que seul l'Etat et le budget public peuvent encore sauver l'avenir. Aujourd'hui, aucune grande entreprises privée française n'est présente sur les marchés porteurs des NTIC. Pas de Google, de Tweeter, de Microsoft, de Samsung, d'Apple, sous pavillon français. Avec le MEDEF de papa, le capitalisme français est "has been". Après avoir loupé le virage du numérique, les entreprises industriels du CAC 40 et les grandes associations de patrons français dans l'industrie, gérées par des papy, continuent de se faire tailler des croupières par la concurrence qui rigole beaucoup des patrons français jugés peu sérieux. Dassault a donc bien raison de tirer le signal d'alarme dans son secteur. Et ce même patronat continuera encore longtemps de tendre sa sébille vers l'Etat en hurlant " vive le marché" . Pitié pour eux...
Si la famille d'Assault n'avait pas siphonné les finances de l'Armée de l'Air (déjà du temps de la SNIAS), il y aurait peut-être eu d'autres constructeurs.
Si la famille d'Assault n'avait pas siphonné les finances de l'Armée de l'Air (déjà du temps de la SNIAS), il y aurait peut-être eu d'autres constructeurs.
On critique Dassault d'avoir "perdu" au profit de Saab en Brazil mais - et je cite les paroles de Saab eux-memes rapporte en Air et Cosmos l'annee derniere- c'etait grace a la programme Neuron gere par Dassault que Saab a pu maintenir ses capacites, evoluer le Gripen et gagner le contrat en Brazil (avec la pression politique etatsunisienne en plus) - donc c'etait une cooperation europeene entre Dassault et Saab (et autres) qui a en fin de compte profite un autre europeen. En Suisse, l'armee de l'air a voulu la Rafale - leur evaluation a montre que le Gripen ne remplissait les exigences mais les Suisses, qui on ne peut pas dire ne posseddent pas d'argent, trouvaient la Rafale trop chere? Difficle a croire - eviddement il y avait la aussi une pression "politique".
Pour ne pas mentionner le sabotage du contrat en Maroc par un soi-disant "ministre de defense" sous le "President" atlanticiste precedent.
Ou se trouve l'ennemi vraiment?
cette famille a toujours vécu aux crochets de l'état!!!!
il parle d'accord avec EADS qui n'a jamais eu lieu ( voir EUROFIGHTER et RAFALE)
http://www.upr.fr/actualite/france/une-politique-de-defense-soumise-a-letranger
Il est temps que le pays signe des partenariats extérieurs pour le futur.
Meme EADS/AIRBUS c'est brinquebalant chaque pays tirant la couverture a soi.
Donc DASSAULT a raison, il faut investir en R&T, c'est une alchimie qui commence avec l'education, la recherche, les besoins, les savoir faire, ...
La ou il est un peu faux-cul c'est qu'il cherche a se faire payer des programmes de recherche et developpement alors que l'industrie pourrait aussi financer au lieu de distribuer des dividende, en plus les taux sont tres bas. Dans le domaine de la defense seul l'etat peut mener le train, il faut de la volonte politique. C'est ce qui manque.
La dernière fois qu'un partenariat Européen a été tenté ça a aboutit au programme Typhoon (Eurofighter) qui est une véritable bouse.
Programme Européen? D'accord mais à condition que nos "partenaires" (qui soit dit en passant ont un gros retard technologique et achètent systématiquement Américain) arrêtent d'avoir des exigences irréalistes.
J'ajoute une chose: Le programme F-35 des US a littéralement siphonnés les crédits de recherche/développement de nos "partenaires" Européens dans le domaine de l'aéronautique militaire, puisque comme d'habitude ces pays ont décidé de mettre leur destin dans les mains Américaines au lieu de travailler avec nous (nos "partenaires" seraient-ils francophobes? Parfois je me le demande).
Résultat: Aujourd'hui en Europe il ne reste plus que les Français et les Britanniques qui soient capables d'élaborer un avion de combat de top niveau.
Tout ceci m'amène à 2 réflexions:
1- Que nos "partenaires" cessent de privilégier systématiquement le matériel US et nous pourrons à nouveau les considérer comme.....des partenaires.
2- Il leur faudra admettre leur retard technologique (y compris les Allemands) et reconnaitre le leadership Franco-Britannique dans le domaine de l'aéronautique de défense.
Enfin concernant la famille Dassault je n'ai rien contre elle, ni pour d'ailleurs, mais je constate que sans elle nous n'aurions plus d'industrie de défense aéronautique.
Et quand le mec parle d'avions devant aller dans l'espace ça me fait doucement rigoler...pourquoi devraient on claquer des milliards pour un truc qui ne servira jamais...? Autant investir dans des armes correspondants aux guerres d’aujourd’hui : meilleures protections pour l'infanterie, blindés SURblindés contre les IED, développement de drones et de minidrones pour infanterie...et le tout qui respectent un bon ratio coûts/avantages et là, on pourra vendre de nouveau à grande échelle comme on a su le faire avec du bon matos respectant ces ratios comme le ERC-90, le VBL, AMX-30,...
En matiére d'arogance pour beaucoup d'Europeens la France est loin devant les yankees.
Et pour nos partenaires europeens (neerlandais par exemple que je connais bien) le choix c'est souvent tout-sauf-la-France.
Je n'affirme pas qu'ils soient représentatifs de l'ensemble de la population Néerlandaise mais reconnaissez que ça tombe mal.
Sinon ayez un peu plus confiance dans votre pays.
Bon, en réalité c'est très simple: dès qu'un projet Européen peut menacer l'hégémonie US nos alliés et néanmoins concurrents d'outre Atlantique font pression sur l'un ou l'autre des pays Européens qui participent au dit projet pour le saboter.
Et ensuite tout le monde achète du matériel Américain.
Ce scénario s'est reproduit des dizaines de fois.
Comme si en 5 ans on pouvait mettre à plat...
Pour mémoire les livres blanc à la noix les RGPP qui ont mis à terre la défense ça date du gouvernement précédent.
L'absence de vision du future n'est pas nouvelle mais date des années 90 avec la fin des derniers programmes de la guerre froide.
En stigmatisant vous montrez vous même que votre réflexion est de courte vue et absolument pas portée vers l'avenir.
En résumé vous êtes vous même ce que vous dénoncez.
Petit rappel, le gouvernement en question est celui qui bat des record à l'export de matériel français et qui permet à toute la filière défense de sortir la tête de l'eau....
L'hégémonie US ne durera pas toujours, regardez leur endettement.
L'hégémonie US ne durera pas toujours, regardez leur endettement.