"La question de la confiance avec les armées est posée" (François Cornut-Gentille)

Dans une interview accordée à La Tribune, le député républicain François Cornut-Gentille estime que la confiance qui avait été regagnée à travers la prochaine loi de programmation militaire (LPM), est à nouveau entamée. Le député a par ailleurs déposé un amendement à l'Assemblée nationale, qui sera débattu lundi, visant à annuler les ouvertures et annulations de crédits au sein de la mission "Défense", afin que le gouvernement revienne au cadre fixé par la LPM, à savoir le financement interministériel des surcoûts des opérations extérieures et des missions intérieures.
"En réalité, c'est plus qu'une encoche. La loi de programmation militaire (LPM) part désormais dans des conditions difficiles", a estimé le député Républicain de la Haute-Marne, François Cornut-Gentille .

Que pensez-vous de la décision du gouvernement de faire participer le ministère des Armées à une nouvelle tranche de financement des opérations extérieures (OPEX) ?
C'est une ponction de 800 millions d'euros quasiment. Le gouvernement annule plus de 400 millions de crédits budgétaires, qui correspondent à une partie de la réserve de précaution, puis demande de financer le surcoût au-delà des provisions initiales de 750 millions d'euros. D'une part, la réserve de précaution permet au ministère de payer les factures en fin d'année. Ce qui veut dire d'autre part que le report de charge va exploser. Il était déjà plus que limite, il sera au-delà de la limite. Aujourd'hui, on ne sait pas encore quel sera le niveau de report de charge et à quelle hauteur sera ponctionné le programme 146 à la fin de l'année. Mais on va arriver à des sommes importantes. On en saura plus au moment de la loi de règlement.

Est-ce une encoche importante ?
Elle est comparable à peu près à l'encoche qui avait été décidée en 2017 et qui a provoqué le départ du général Pierre de Villiers. En réalité, c'est plus qu'une encoche. La loi de programmation militaire (LPM) part désormais dans des conditions difficiles. Ainsi, l'augmentation du budget de la défense de 1,7 milliard par an dans la LPM supposait que la réserve de précaution était redonnée au ministère des Armées et que la solidarité interministérielle jouait pour régler le solde des surcoûts des OPEX. Supprimer ces dispositifs veut dire que le gouvernement réduit en réalité considérablement la hausse du budget des armées telle qu'elle a été annoncée.

Comment l'armée va-t-elle rebondir ?
Quand on se réfère aux dernières déclarations du chef d'état-major des armées, le général François Lecointre sur la situation budgétaire, il estimait que le budget était déjà limite : « Il faut que cela tienne et pour que cela tienne il fallait réduire les OPEX ». Or, aujourd'hui, la France ne les réduit pas et l'augmentation du budget apparaît moindre que ce qui a été annoncé. Les armées disposent vraiment d'un budget insuffisant. Nous allons nous en apercevoir assez rapidement. Finalement, on est dans un schéma très classique en France : on ne met pas ce qu'il faut pour ce qu'il y a à faire. Si la hausse du budget de 1,8 milliard avait été respectée - ce n'était déjà pas le Pérou -, les armées auraient pu gérer toutes les difficultés. Avec ces encoches, on verra très vite dès la première année de la LPM que cela ne va pas passer.

La confiance est-elle à nouveau entamée entre les militaires et le politique ?
La question de la confiance avec les armées est posée. La LPM avait pourtant rétabli en grande partie une certaine confiance avec les armées et avec le Parlement. On estimait que cette LPM était intéressante. Mais s'il y a des encoches avant la première année, c'est quand même très perturbant pour l'avenir. Les militaires sont des personnes extraordinaires, qui se dévouent pour la France. On leur doit la vérité, y compris quand il y a des difficultés. Le gouvernement ne l'a pas fait alors qu'il était en mesure d'expliquer les difficultés et de les assumer. La difficulté de dire la vérité est très pénible pour l'armée. D'autant que le ministère des Armées tente de trouver des explications qui ne tiennent pas la route.

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Commentaires 8
à écrit le 10/11/2018 à 18:47
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La France n'a pas Les moyen d'entretenir une armee professionnel ... La fin de la conscription est un vrais scandale et cela á affaiblis considérablement notre pays .... Mais bon , il ne faut pas le dire....

à écrit le 10/11/2018 à 11:58
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quand on lit ces magouilles gouvernementales on se dit qu'il n'y a rien de changé, à part le fait qu'elles sont internes donc hors d'atteinte de la Justice, et pourtant bien plus graves que des emplois fictifs. C'est celui qui envoie nos gosses se fa...

à écrit le 09/11/2018 à 15:02
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Depuis la guerre d'Algérie, l'armée française qui intervient dans des conflits où elle n'a rien à voir n'a pas la cote à l'étranger où je réside,(Nicaragua). Lors qu'une visite à notre médecin un juif de descendance austro-hongroise, comme on parlait...

le 09/11/2018 à 19:50
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J'aime bien votre commentaire j'espère que vous avez de l'humour car le Nicaragua n'est pas ce que l'on peut dire un pays de cocagne et de non violence. Le tandem infernal Ortega et son épouse serait il devenu un ange. Vous avez écrit en réfléchissan...

à écrit le 09/11/2018 à 10:59
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On participe a des opérations extérieures qui n'ont plus rien a voir avec la France mais pour cette administration hors sol qu'est l'UE de Bruxelles et de l'OTAN qui sont les deux face d'une même pièce! La France n'étant plus souveraine, elle n'a plu...

à écrit le 09/11/2018 à 10:37
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Les deux façons de détruire un pays sont la guerre et la dette, Il serait temps de faire la guerre à la dette mais quelle est la stratégie et qui sont les généraux?

à écrit le 09/11/2018 à 9:21
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Il faut absolument réduire ces OPEX qui n'ont plus grand-chose à voir avec la défense de notre pays. Nous n'avons plus d'empire colonial...

à écrit le 09/11/2018 à 9:08
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Incroyable! Je viens de découvrir pourquoi NOS comptes sont toujours en déficit: LA RESERVE DE PRECAUTION SERT A PAYER LES FACTURES DE FIN D'ANNEE; et c'est un député qui l'avoue! Ce pays marche sur la tête; ah! Mais! il va falloir remettre de l'ordr...

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