Le tour de passe-passe budgétaire qui fait perdre 800 millions d'euros à la défense

Par Michel Cabirol  |   |  505  mots
Florence Parly vient de perdre 800 millions d'euros avec le projet de loi de finances rectificative 2018 (Crédits : Gonzalo Fuentes)
Dans le cadre du projet de loi de finances rectificative, le ministère des Armées perd 800 millions d'euros : 400 millions d'euros d'annulations budgétaires et 400 millions supplémentaires de paiement des opérations extérieures. Et en même temps, le ministère des Armées a de bonnes nouvelles. Il va récupérer une partie de la réserve de précaution (250 millions) et a fait des économies (300 millions environ).

Article réactualisé à 14h05

C'est la double peine pour le budget des Armées, qui vient de voir s'envoler 800 millions d'euros. Et ce à quelques jours des célébrations du 11 novembre... Dans le cadre du projet de loi de finances rectificative (LFR) adopté mercredi matin en conseil des ministres, Bercy a certes ouvert pour le budget des armées 404,19 millions d'euros de crédits budgétaires. Mais c'est pour payer une partie du surcoût des opérations extérieures (OPEX), qui aurait dû être payé par la solidarité interministérielle, comme le prévoit pourtant la loi de programmation militaire (LPM).

Et en même temps, Bercy a annulé le même montant de crédits (404,19 millions) piochés dans la réserve de précaution sur trois programmes de défense, les 146 (Equipement des forces), 212 (Soutien de la politique de la défense) et 144 (Environnement et prospective de la politique de défense) : soit respectivement 319 millions, 65 millions et 20 millions. Ce qui veut dire que Bercy a annulé une partie de la réserve de précaution, qui est estimée entre 650 et 670 millions d'euros.

De bonnes nouvelles pour le ministère des Armées

Sur le paiement du surcoût des OPEX, Matignon a tranché pour que la solidarité interministérielle ne joue pas. Au final, le ministère des Armées perd sur ce coup-là 800 millions d'euros : 400 millions d'euros d'annulations budgétaires et 400 millions supplémentaires de paiement des OPEX. "Ce n'est pas la vraie réalité", affirme-t-on au ministère des Armées. Car l'Hôtel de Brienne dispose de quelques bonnes nouvelles budgétaires pour compenser cet arbitrage.

Le ministère des Armées ne contribuera pas à la solidarité interministérielle pour financer les 600 millions d'euros de l'Etat pour rester sur un déficit équivalent à 2,6% du PIB. Surtout, il doit récupérer 250 millions d'euros de Bercy dans les prochains jours, assure-t-on au ministère des Armées. Des crédits qui correspondent en grande partie au solde de la réserve de précaution. En outre, l'hôtel de Brienne a constaté une sous-consommation des crédits du ministère qui concernent la masse salariale. Soit une économie estimée à 150 millions d'euros notamment en raison d'un plus grand nombre de départs de sous-officiers que prévu.

Enfin, "last but not least", le surcoût des des OPEX et MISSINT (missions intérieures) devrait atteindre 1,37 milliard d'euros en 2018, précise-t-on au ministère des Armées. Soit 130 millions d'euros environ de moins qu'en 2017. La provision dans la loi de finances initiale pour financer ce surcoût s'élève à 650 millions d'euros cette année. Une somme à laquelle il faut rajouter une partie des 404 millions d'euros ouverts par le projet de LFR ainsi que 100 millions de provisions sur la masse salariale des MISSINT et des remboursements pour des participations de l'armée française à des opérations extérieure internationales (une quarantaine de millions). La solidarité interministérielle va-t-elle jouer sur le restant du surcoût des OPEX? A suivre...