Les compagnies aériennes attendent avec impatience les standards de réduction de CO2

Depuis 2009, l'industrie aéronautique a réduit de moitié ses émissions - sans être vraiment reconnue pour ses efforts. Dans les nouvelles règles qui devraient lui être appliquées, elle voit une reconnaissance.
« 8% du kérosène consommé est perdu en l'air et 5% au sol, tout cela pourrait être économisé, ce qui représenterait 800 millions de litres de kérosène par an, ou encore 29 millions de tonnes de CO2... » (Marwan Lahoud, directeur général délégué du Groupe Airbus)

Accusée de tous les maux - et surtout celui d'émettre de grandes quantités de gaz à effet de serre - l'aviation, paradoxalement, accueille avec joie l'initiative prise il y a quelques jours par l'Agence de Protection de l'Environnement américaine d'imposer, à terme, de nouveaux standards en matière d'émissions aux compagnies américaines, transposant ainsi des règles internationales et les validant, en quelque sorte. Pourquoi ? Parce qu'elle se sent enfin reconnue dans ses efforts.

C'est ce qu'ont déclaré les membres du panel « Réduire les émissions de CO2, un vœu pieux ? », dans le cadre du Paris Air Forum, organisé par La Tribune 72 heures avant l'ouverture du salon du Bourget.

«Notre objectif est d'être neutre en termes d'émissions, a affirmé Marwan Lahoud, directeur général délégué du Groupe Airbus. Et tandis que le nombre d'appareils a doublé en 20 ans, nous avons non seulement maintenu la quantité d'émissions mais en plus, nous  les avons légèrement réduit. »

De fait, l'industrie consent, selon les chiffres de Marwan Lahoud, 80% des budgets de recherche et développement à réduire, directement ou indirectement les émissions de CO2 dans le secteur.

Améliorer l'efficacité des opérations

L'innovation est une chose. La gestion des opérations quotidiennes en est une autre. Or l'industrie dans son ensemble travaille à améliorer l'efficacité opérationnelle a souligné de son côté Julie Felgar, directrice générale de la stratégie environnementale et de l'intégration de Boeing (appareils commerciaux). Pourquoi par exemple, un avion devrait-il avoir ses deux moteurs en marche lorsqu'il est tracté sur la piste avant son envol ? Un seul suffit !

S'il faut, de l'avis des panelistes, une vraie coopération entre les différents acteurs, autrement dit, les opérateurs, mais aussi les fournisseurs d'appareils, sans oublier les autorités aéroportuaires et de réglementation, pour mener à bien cette stratégie, le jeu en vaut la chandelle : « Nous réaliserions 30% d'économies de carburant en nous organisant mieux ! », a d'ailleurs souligné Michael Gill, directeur exécutif Air Transport Action Group.

«Cela passe par de tout petits détails, mais qui, additionnés, réussissent de grandes choses », a conclut Marwan Lahoud, pour poursuivre : « 8% du kérosène consommé est perdu en l'air et 5% au sol, tout cela pourrait être économisé, ce qui représenterait 800 millions de litres de kérosène par an, ou encore 29 millions de tonnes de CO2... ». Bref, de la traction des avions à l'optimisation du temps d'attente sur la piste, la marge de progrès est grande pour réaliser des économies de carburant, et, partant, réduire les émissions.

Le biofuel: carburant d'avenir

Reste que, si les poids lourds de l'industrie, Boeing et Airbus, réunis sur le plateau du Paris Air Forum, organisé par La Tribune, l'Asie et les pays du Golfe sont encore à la traîne dans cette réflexion visant à améliorer l'efficacité énergétique des appareils et la gestion des opérations, équivalant pourtant à une meilleure santé économique pour les compagnies.

Enfin, les leaders de l'industrie s'intéressent à de nouveaux carburants, tels que les biocarburants, sans oublier l'électricité. Mais, là encore, la stratégie requiert la collaboration de divers acteurs - des agriculteurs qui produisent le biocarburant aux constructeurs d'avions - et les habitudes de travailler de concert ne sont pas encore prises.... « Pour l'instant, le biocarburant représente 3 à 4% de total du carburant utilisé par les compagnies, a souligné Marwan Lahoud.

C'est peu, et l'objectif à horizon 2020 est tout aussi faible. » Une vingtaine d'entre elles, dont Air France, ont, en tout cas, fait quelques essais dans ce domaine. Julie Felgar, de Boeing, est plus optimiste. La société américaine considère un tel carburant comme une alternative viable à terme. Et en tout état de cause, l'industrie de l'aviation, qui compte pour 3,4% du PIB mondial, se doit d'ouvrir la voie sur les biocarburants. Avec son poids, elle pourrait transformer les essais actuels en une véritable industrie du 21e siècle.

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DEBAT Réduire les émission de CO2 : un voeu pieux ? 

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Commentaires 2
à écrit le 12/06/2015 à 13:30
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Et revoici l’écolocratie européenne bien-pensante. Ou comment accommoder les économies d’énergie à la sauce verte. Petit cadeau des journalistes parisiens à Moi Président.

le 12/06/2015 à 18:28
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"Agence de Protection de l'Environnement américaine"; c'est écrit pourtant ... donc c'est plutot mondial "tandis que le nombre d'appareils a doublé en 20 ans, " ca fait 20ans que hollande est président ?

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