L'espace sera-t-il le sanctuaire de la coopération russo-américaine ? En dépit de la crise ukrainienne, la Russie a annoncé samedi son intention de construire en partenariat avec la NASA une nouvelle station spatiale orbitale pour remplacer la Station spatiale internationale (ISS), dont l'exploitation est prévue jusqu'en 2024. "Roscosmos et la NASA vont travailler sur un programme pour une future station orbitale", a indiqué le directeur de l'agence spatiale russe Igor Komarov sur le cosmodrome de Baïkonour (Kazakhstan), aux côtés de l'administrateur de l'agence américaine Charles Bolden.
"Nous nous sommes mis d'accord pour qu'un groupe de pays qui prennent part au projet de l'ISS travaille également sur le futur projet", a précisé Igor Komarov, cité par l'agence Interfax. Selon lui, ce projet d'une nouvelle station spatiale serait "ouvert" et pourrait inclure la participation de pays qui ne sont pas actuellement impliqués dans l'exploitation de l'ISS.
L'espace, un sanctuaire pour la coopération russo-américaine
La Russie et la NASA sont tombés fin février d'accord pour continuer à exploiter et financer la Station spatiale internationale jusqu'en 2024, mais les futurs projets communs restaient jusque là incertains en raison de la détérioration des relations entre les deux pays sur fond de crise ukrainienne. Moscou avait alors dû se résoudre à annoncer la poursuite de sa participation à l'ISS jusqu'en 2024, conformément aux souhaits américains.
"Nous n'avions simplement pas d'autre choix", estime l'expert indépendant russe Vadim Loukachevitch pour qui l'arrêt de la coopération spatiale aurait été beaucoup plus préjudiciable à Moscou qu'à Washington. "Abandonner l'ISS, c'était perdre toute compétence spatiale alors que nous n'avons pas assez d'argent pour développer notre propre station spatiale".
"C'est comme un mariage où le divorce serait impossible. Les Etats-Unis et la Russie ont besoin l'un de l'autre", explique pour sa part John Logsdon, ancien directeur du Space Policy Institute à Washington. Il assure que la coopération spatiale entre la Russie et les Etats-Unis "continue sans problème majeur", alors que des pans entiers de coopération entre les deux pays ont souffert des sanctions américaines décrétées contre Moscou.
"Il n'y a aucune frontière dans l'espace", résumait en décembre, lors de la présentation de la mission de la navette spatiale qui s'est amarrée avec succès vendredi à l'ISS, le cosmonaute russe Mikhaïl Kornienko, tandis que son collègue américain Scott Kelly assurait "ne pas aborder les questions politiques entre (les) deux pays".
Divergences en Russie?
"La première étape est que l'ISS soit exploité jusqu'en 2024", a expliqué Igor Komarov, ajoutant que Roscosmos et la NASA "n'excluent pas que la durée de vie de la station soit prolongée" au-delà de cette date. Pourtant, la Russie avait auparavant menacé de se retirer de l'ISS dès 2020 et de construire sa propre station spatiale après 2024 en récupérant ses modules après sa mise en sommeil.
Le vice-Premier ministre russe Dmitri Rogozine, en charge du secteur spatial, est toutefois paru plus prudent que Igro Komarov samedi. "Le gouvernement russe va étudier les résultats des pourparlers entre Roscosmos et la NASA. Les décisions seront prises plus tard", a-t-il écrit sur Twitter.
Russes et Américain déjà dans la même navette vendredi
Une navette spatiale s'est amarrée avec succès vendredi à l'ISS avec à son bord un astronaute américain et deux cosmonautes russes, qui vont entamer une mission sans précédent d'un an. Deux d'entre eux - le russe Mikhaïl Kornienko et l'américain Scott Kelly - vont rester pour une mission record d'un an. Ils doivent rester 342 jours à bord de l'ISS, la plus longue période ininterrompue dans la station depuis que celle-ci est capable d'accueillir des passagers, en l'an 2000. Ils ont tous deux déjà accompli plusieurs missions spatiales, et passé environ six mois dans l'ISS, durée habituelle des missions dans la station.
Depuis sa mise en orbite en 1998, l'ISS a été largement financée par la Russie et les États-Unis, chaque pays dépendant largement de l'autre et la coopération spatiale restant l'un des rares domaines dans lequel leur entente reste intacte.
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