Rafale, SCAF : les tentations embryonnaires de l'Arabie Saoudite

Selon plusieurs sources concordantes, l'Arabie saoudite s'intéresserait au Rafale. Au moins une centaine d'appareils, voire 200, sont évoqués. Mais la signature d’un contrat est encore très hypothétique. Les Saoudiens s'intéressent également au programme SCAF, le futur avion de combat européen.
Michel Cabirol
La Rafale atterrira-t-il un jour en Arabie Saoudite ?
La Rafale atterrira-t-il un jour en Arabie Saoudite ? (Crédits : Dassault Aviation)

C'est un signal encore très faible, porté par des discussions informelles et préliminaires à bas bruit entre la France et l'Arabie saoudite. Selon des sources concordantes, Riyad semble s'intéresser au Rafale, qui vole déjà au Proche et au Moyen Orient (Égypte et Qatar) et volera bientôt dans le ciel des Émirats Arabes Unis (EAU). Les Saoudiens ne seraient pas insensibles au fait que ses voisins aient déjà acheté l'appareil tricolore. Ce qui est déjà en soi un petit coup de tonnerre tant le royaume est la chasse gardée des Américains (F-15) et des Britanniques (Tornado puis Typhoon) depuis plus de 50 ans.

« Itar free », « German free »

Il est fort possible que le PDG de Dassault Aviation Eric Trappier aille faire une visite discrète en Arabie Saoudite dans les prochaines semaines pour vérifier si l'intérêt des Saoudiens pour le Rafale est vraiment solide. Il faut se rappeler qu'en 2006, Paris avait tenté le tout pour le tout pour vendre de gré à gré 72 Rafale. Mais Jacques Chirac s'était cassé le nez, l'Arabie saoudite portant in fine son choix sur le Typhoon, porté par Londres. Si l'intérêt des Saoudiens était finalement avéré, certains évoquent déjà une commande d'au moins une centaine de Rafale, voire de 200 appareils. Soit beaucoup plus que les Émirats Arabes Unis qui en ont commandé 80 pour la somme de 16 milliards d'euros (armements compris).

Les Saoudiens auraient fait passer quelques messages très clairs aux Français : ils souhaiteraient des avions de combat « itar free » et « german free ». En dépit du passage d'Olaf Scholz en Arabie Saoudite fin septembre, le prince héritier Mohammed bin Salman ne veut plus dépendre de l'Allemagne en matière d'armements (Typhoon, armements terrestres). Il est vrai que Berlin a imposé un embargo sur les exportations d'armements vers Riyad mis en œuvre après l'assassinat de Jamal Khashoggi en octobre 2018. Il se méfie de la coalition au pouvoir, qui souhaite renforcer les restrictions sur les ventes d'armes à l'international (hors pays Union européenne et OTAN) en général, et en particulier vers l'Arabie saoudite. Riyad se méfie également des États-Unis par rapport aux engagements à long terme de Washington au Moyen Orient.

L'intérêt de Riyad pour le SCAF

Enfin, les Saoudiens, qui cherchent à renforcer leur autonomie stratégique pour réduire leurs dépendances technologiques, semblent également s'intéresser au programme SCAF. Ils pourraient monter à bord de ce projet s'il devait capoter avec l'Allemagne et participer éventuellement à un plan B en partenariat avec la France. Tout comme pour le Rafale, ces discussions sont très, très embryonnaires. Mais le courant passe mieux sur certains canaux. Ce qui n'a pas été le cas lors de la visite à Paris en juillet dernier du prince héritier, qui a répondu favorablement à l'invitation d'Emmanuel Macron.

Reçu à l'Élysée pour un dîner de travail avec Emmanuel Macron, Mohammed bin Salman est parti très mécontent à l'issue de ce dîner où le chef de l'État français aurait évoqué entre autres les droits de l'homme en Arabie saoudite. Le président devait aborder des cas individuels ainsi que la situation générale dans le Royaume. Deux autres sujets auraient également irrité le prince héritier, qui aurait finalement quitté Paris dans la foulée alors qu'il était prévu qu'il passe la nuit dans sa somptueuse résidence de Louveciennes (Yvelines) où son proche entourage l'y attendait. Selon nos informations, Paris a même dû batailler pour pouvoir publier un communiqué à l'issue de cette visite, Riyad n'y étant pas favorable. Aussi le chemin sera long, très long avant de parvenir à la signature d'un contrat Rafale, qui pourrait être tout aussi bien in fine un nouveau mirage français en Arabie saoudite...

Lire aussiDéfense : Airbus et Dassault concluent un accord sur le SCAF

Michel Cabirol

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Commentaires 24
à écrit le 14/08/2023 à 22:47
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l'Inde est l'avenir.de.la défense française. Plus les autres clients non Etats uniens. Point barre.

à écrit le 20/12/2022 à 13:35
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J'espère que la France à obtenu entre autre " l'tar free" vis à vis des Allemands pour l'exportation du SCAF . Autrement, l'avenir de notre BITD est en danger. Avec nos gouvernements incompétents, je crains le pire !

à écrit le 08/12/2022 à 6:45
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Bonjour, Personnellement, je ne crois pas a cette possibilité d'exportations... Les usa sont le fournisseur officiel de cette region du monde. Je crainds que cela ne sois que pour faire pression sur les usa pour permettre l'exportation de la der...

à écrit le 07/12/2022 à 13:42
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Il est certain qu'il vaudrait mieux une coopération avec les arabes sur le SCAF, plutôt qu'avec les Allemands qui ne souhaite qu'une chose: torpiller DASSAULT et NEXTER au profit de leur propres industries ou celles des USA... Les Allemands compte su...

le 08/12/2022 à 21:40
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Tout à fait d'accord avec vous , l'Allemagne veut affaiblir le complexe militaro-industriel de la France à son profit ! Il fallait faire cet avion avec seulement les Anglais

à écrit le 06/12/2022 à 11:24
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ça fait beaucoup de si dans cet article... Quand au partenariat sur le SCAF ???? Après pourquoi pas en rêvant mais 200 avions ça nécessite une chaîne de production supplémentaire ou deux, alors pourquoi pas en Inde ?

à écrit le 06/12/2022 à 8:29
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En faisant bien les choses, on pourrait faire le chasseur léger dont nous avons besoin en plus du chasseur-bombardier lourd. En faisant très bien les choses, on pourrait même avoir des drones de combat dans tous le deal. Reste que tout ce petit monde...

à écrit le 06/12/2022 à 6:46
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Bonjour, L'Arabie saoudite est un terrain de chasse américain, ils est peux probable que nous puissons exporter nos avions... Maintenant, en cas de proposition d'achats, nous pouvons faire une offres correcte... N'importe comment, certains pa...

le 06/12/2022 à 12:57
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Ils ont des avions européens, des bateaux italiens et espagnols, du terrestre français... Comme chasse gardée IS, y a mieux. Même si c'est vrai qu'ils ont bcp de matos us. Ben salman et Biden ont pas l'air de trop se'te'drz, y a peut être un coup à j...

le 06/12/2022 à 12:57
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Ils ont des avions européens, des bateaux italiens et espagnols, du terrestre français... Comme chasse gardée IS, y a mieux. Même si c'est vrai qu'ils ont bcp de matos us. Ben salman et Biden ont pas l'air de trop se'te'drz, y a peut être un coup à j...

le 06/12/2022 à 14:27
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Les USA peuvent vendre des armes, mais les temps changent. C’est comme au risk: quand on a de plus en plus de troupes qui s’amassent sur un coin de la carte, l’adversaire est obligé d’en amasser lui aussi de plus en plus sinon ça explose. Les USA son...

à écrit le 06/12/2022 à 1:02
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Excellente nouvelle, si l’Arabie saoudite veut construire des compétences en la matière et qu’elle est prête à investir plusieurs dizaines de millards d’euros, un transfert de technologies rafale dans une version f3 peut-être envisagé s’ils nous fina...

à écrit le 05/12/2022 à 11:02
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"L'Arabie Saoudite pourrait monter à bord de ce projet s'il devait capoter avec l'Allemagne et participer éventuellement à un plan B en partenariat avec la France" L'Arabie Saoudite a l'expertise de l'Allemagne en matière aéronautique? On en apprend ...

le 05/12/2022 à 11:53
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La question est quel est l'apport de l'Allemagne au SCAF. Malgré sa puissance économique, l'Allemagne est plutôt un nain dans les avions militaires, dépassée tant par la France, le Royaume-Uni, l'Italie ou la Suède. Ses contributions aux programmes e...

le 05/12/2022 à 11:56
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Ils ont plus d'argent que les allemands, et ne font pas de complexe de supériorité mal placé en matière de savoir faire aéronautique comme ces derniers.

le 07/12/2022 à 0:43
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La question n’est pas de savoir si l’Allemagne a des compétences en aéronautique ou en ingénierie, mais plutôt combien de top ingénieurs elle peut mobiliser. Ce n’est pas d’Euros mais de cerveaux dont on parle. La partie allemande est limitée en ce d...

le 08/12/2022 à 19:15
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C'est quoi l'expertise de l'Allemagne dans le SCAF ?

à écrit le 05/12/2022 à 10:51
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Un curieux pied de nez à l'Oncle Sam qui ne va pas accepter facilement ce contrat. De plus, avons nous les capacités pour produire, hélas on va se heurter à ces deux problèmes.

le 05/12/2022 à 11:58
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Au contraire, ce sera une excellente raison pour ouvrir deux, voire trois lignes de production en France de telle sorte que DA pourra dégager les ressources permettant de faire le SCAF seul et l'imposer à une Allemagne dont les ressources auront été ...

à écrit le 05/12/2022 à 10:36
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Il ne faut pas vendre la peau de l'ours avant de l'avoir tué bien que ce soit une vilaine expression expression qui deviendra sans doute condamnable bientôt !

à écrit le 05/12/2022 à 9:37
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Macron au sommet de son art pour promouvoir l'industrie française. Il est en train de détruire notre pays.

le 05/12/2022 à 15:31
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Bravo , très argumenté comme réflexion ... jusqu'à présent au niveau militaire , l'Allemagne joue contre la France avec un complexe de supériorité très mal placé et éminamment pro USA !!

à écrit le 05/12/2022 à 9:37
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Macron au sommet de son art pour promouvoir l'industrie française. Il est en train de détruire notre pays.

le 06/12/2022 à 18:26
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Bouffonnerie

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