Article actualisé à 15h00 avec l'adjonction de la déclaration du cabinet de la ministre des Armées, Florence Parly
Des négociations au bord du précipice à un accord inespéré sur le SCAF... Dassault Aviation et Airbus ont bel et bien réussi à trouver un accord de principe sur l'avion de combat (Next Generation Fighter, NGF), le fameux pilier 1 du programme Système de combat aérien du futur (SCAF), selon plusieurs sources concordantes. Les séances de "psychothérapie" organisées par le Sénat, qui a auditionné séparément les responsables de Dassault Aviation et d'Airbus sur les difficultés rencontrées dans les négociations sur le programme SCAF, a fonctionné au-delà des attentes des partisans de la coopération franco-allemande. Après ce déballage inédit (viril mais correct) sur des négociations en cours, les deux industriels, qui se sont dits publiquement les choses qu'ils devaient se dire, se sont finalement remis au travail de façon plus apaisée pour trouver cet accord de principe, qui n'est pas encore un accord signé. La Tribune n'est d'ailleurs pas en mesure à ce stade de révéler les contours de l'accord.
"Les États ont reçu une offre des industriels concernés pour la réalisation d'un démonstrateur d'un nouvel avion de combat dans le cadre du projet de système de combat aérien du futur (SCAF). Les négociations se poursuivent toujours entre les industriels et les États sur l'ensemble sur l'ensemble du projet SCAF. L'objectif partagé par tous les acteurs est d'aboutir à la contractualisation prochaine de la phase suivante du projet", a expliqué vendredi le cabinet de la ministre des Armées, Florence Parly.
Les deux industriels ont donc fait des propositions communes. Cet accord est examiné actuellement par les trois États membres du programme SCAF (Allemagne, Espagne et France) et doit, surtout, atterrir à la commission des finances du Bundestag très rapidement. Car les industriels et les États souhaitent faire avancer ce jalon important de ce programme avant les échéances électorales allemandes puis françaises. "Dans notre prévision initiale, notre objectif était de passer devant le Parlement au mois de mai 2021, c'est-à-dire qu'il fallait terminer toutes les négociations en février 2021. Ce calendrier est-il encore tenable ? Je le pense mais ce n'est pas garanti (...) Il ne nous reste plus que quelques jours pour parvenir à cette finalisation", avait expliqué le 17 mars au Sénat le patron d'Airbus Defence & Space, Dirk Hoke. Une fois cette course de haies franchie, le sens de l'Histoire de la coopération européenne pourra alors se poursuivre mais elle ne sera jamais un long fleuve tranquille.
Des négociations à terminer sur le pilier 2
L'accord de principe entre les industriels sur le démonstrateur NGF en poche, la pression va s'exercer et s'accentuer sur le pilier 2 (moteur du NGF), où les négociations entre Safran, le motoriste allemand MTU et l'espagnol ITP (filiale de Rolls-Royce, qui fait partie du programme concurrent italo-britannique Tempest) ne sont pas encore terminées. Elles butent toujours sur le moteur, qui va équiper le démonstrateur. Safran, en tant que leader du pilier, plaide logiquement pour propulser le démonstrateur par un M88 (moteur du Rafale) amélioré tandis que MTU et ITP poussent l'Eurojet (moteur de l'Eurofighter). En clair, les "joyeusetés" récurrentes de la coopération européenne...
Deux autres piliers - cloud de combat et remote carrier (drones, missiles...) - ont déjà fait l'objet d'un accord entre Airbus, qui a la maîtrise d'oeuvre, et les partenaires principaux de ces volets du programme. Le directeur de la stratégie d'Airbus Antoine Bouvier avait d'ailleurs clairement annoncé que plusieurs accords avaient déjà été signés avec quatre industriels sur plusieurs piliers du programme. "Nous avons mené des négociations, nous avons un accord industriel en France avec Thales. Nous avons mené des négociations, nous avons un accord industriel en Espagne avec Indra. Nous avons mené des négociations, nous avons un accord industriel en Allemagne avec Hensoldt. Nous avons mené des négociations, nous avons un accord industriel en France et en Allemagne avec MBDA", avait-il énuméré.
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