
C'est une nouvelle surprenante dans le contexte franco-allemand actuel déprimé. Airbus et Dassault Aviation ne seraient pas loin de trouver un accord sur le pilier 1, le NGF (Next Generation Fighter) dans le cadre du programme SCAF (Allemagne, Espagne, France), selon nos informations. "Il reste encore un peu de travail mais les discussions avancent. Elles peuvent se terminer cette semaine comme dans plusieurs semaines", explique-t-on à La Tribune. Il existait même récemment une volonté d'officialiser de la part d'Airbus un accord (et non pas une signature) en début de semaine.
Jusqu'ici sous la pression de leur pays respectif pour parvenir à un accord, les deux industriels ne sont plus aujourd'hui aussi pressés par le temps en raison du report du conseil des ministres franco-allemands, qui devait se tenir mercredi à Fontainebleau, en raison des divergences sur de nombreux dossiers, notamment dans le domaine de l'énergie. Le chancelier allemand Olaf Scholz sera mercredi à Paris pour tenter d'aplanir les divergences entre les deux pays.
Phases 1B
Dans le cadre des négociations sur le SCAF, Dassault Aviation veut exercer librement la maîtrise d'oeuvre du pilier 1 sans interférence avec Airbus, comme il l'a toujours clamé haut et fort, et revendique désormais plus de présence dans les piliers 3 (remote carrier) et 4 (cloud de combat), soit le NGWS (New generation weapon system) pour avoir une cohérence d'ensemble nécessaire pour le NGF et ses missions (NGF + Remote carriers, au sein d'un cloud de combat). Sauf accident dans les négociations, Dassault Aviation et Airbus devraient prochainement pouvoir annoncer le lancement de la phase 1B (études détaillées en vue d'aboutir à la définition d'un démonstrateur), puis à son issue viendrait naturellement la phase 2 (démonstration).
Tout est réglé depuis mars dernier sur la phase 1B, y compris sur les commandes de vol sur lesquelles les deux industriels se sont longtemps déchirés. Dassault Aviation veille à ce que le contrat reflète bien l'accord trouvé en début d'année. Les commandes de vol seront fournies sur étagère par l'avionneur tricolore pour équiper le démonstrateur. Mais Airbus et Dassault Aviation se sont surtout bagarrés au printemps et à l'été sur l'après démonstrateur, quand les enjeux pour les deux industriels seront alors majeurs. Airbus Allemagne, qui souhaite avoir plus de présence sur les commandes de vol du NGF pour soutenir ses bureaux d'études de Manching, voulait obtenir des engagements fermes de Dassault Aviation sur l'après démonstrateur. L'avionneur n'aurait pas cédé. "Personne ne peut leur tordre le bras", rappelle-t-on à La Tribune. Clairement, à prendre ou à laisser...
Plan B à l'étude
Toutefois, Dassault Aviation reste prudent en dépit d'un prochain accord trouvé avec Airbus. Pourquoi ? Par expérience, il sait bien qu'il ne peut pas tout maîtriser en Allemagne et que tout peut être remis en question par le Bundestag, les syndicats allemands ou encore la future loi allemande sur le contrôle des exportations, qui serait a priori restrictif. Auquel cas l'avionneur pourrait alors jeter l'éponge et actionner son fameux plan B.
Un plan B qui serait également à l'esprit du ministre des Armées Sébastien Lecornu, sensibilisé aux enjeux stratégiques de ce programme. D'autant plus que le SCAF est un des éléments centraux de la prochaine loi de programmation militaire (LPM), qui doit être bouclée à la fin de l'année, ou tout début 2023. Le ministre aurait demandé à la Direction générale des armées (DGA) ainsi qu'à l'armée de l'air et à la Marine nationale de travailler dessus. La question qui se posera alors : qui a le plus à perdre ? Dassault Aviation ou Airbus ? L'Allemagne ou la France ?
Sujets les + commentés