Sous-marins Scorpène : et si l'Inde se laissait à nouveau séduire

Naval Group a réussi à indianiser les six sous-marins Scorpène vendus en 2005 à hauteur de 30%. Avec son partenaire indien, il vise une commande de trois Scorpène supplémentaires survitaminés de nouvelle génération (2.800 tonnes). Il reste à convaincre le ministère de la Défense...
La marine indienne souhaite acheter trois Scorpène supplémentaires de nouvelle génération.

Le Premier ministre indien l'a demandé aux industriels de l'armement étrangers, Naval Group (ex-DCNS) l'a réalisé avant tout le monde ou presque. De quoi parle-t-on? De la politique "Make in India" exigée depuis trois ans environ par Narendra Modi. En signant en 2005 un important transfert de technologies (ToT) en faveur du chantier naval indien Mazagon Dock Ltd (MDL) dans le cadre de la vente de six Scorpène évaluée à plus de 3 milliards d'euros, Naval Group a été un pionnier du "Make in India" en anticipant sans le vouloir la politique de Narendra Modi. Le groupe naval français a réussi à "indianiser" environ 30% de la charge de travail de la construction des sous-marins de New Delhi.

Le premier Scorpène "indianisé" va être livré à la marine indienne sauf nouvel imprévu dès cet été (août ou septembre) alors qu'initialement il devait l'être en 2012. Les autres seront remis aux forces armées tous les neuf mois. Le dernier sous-marin qui sera livré fin 2019, début 2020, sera peut-être équipé d'un système de propulsion anaérobie (Air Independent Propulsion), développé par l'organisme de recherche indien, le DRDO. Dans le cadre du contrat signé, Naval Group est responsable du design ainsi que de la performance opérationnelle des deux premiers sous-marins Kalvari et Khanderi (vitesse, profondeur de plongée ou encore niveau de bruit) tandis que MDL est responsable de la construction des six Scorpène.

Des Scorpène réalisés à Bombay

Les six Scorpène (1.775 tonnes en immersion) sont tous réalisés dans le chantier de Bombay chez MDL. Dans le cadre du partenariat entre les deux groupes, le chantier naval indien a développé des compétences uniques, qui lui permettent d'ores et déjà de maîtriser en partie la construction d'un sous-marin conventionnel. Ils se sont d'ailleurs progressivement améliorés dans la gestion du programme. Alors que 165 défauts ont été répertoriés pendant la construction du premier sous-marin fabriqués (Kalvari), seuls 14 défauts l'ont été sur le sixième, qui est réalisé à plus de 50%.

Mais que de chemin parcouru pour MDL qui est parti de très, très loin en 2006 avec des infrastructures inexistantes ou datant de Mathusalem. Ce qui explique en partie le retard de cinq ans du programme Scorpène en Inde. Tout comme la perte des compétences acquises lors de la construction par MDL de deux sous-marins allemands de type 209 Shalki et Shankul mis en service en 1992 et 1994. Par ailleurs, la complexité d'un programme de sous-marins a également été un facteur de retard. D'autant plus que New Delhi a souhaité faire les six sous-marins, y compris le premier, en Inde. Enfin, la difficile et très longue négociation entre 2007 et 2009 d'un contrat d'environ 700 millions d'euros portant sur la vente d'outillages et des moteurs des sous-marins a fait perdre plus de deux ans au programme.

Le groupe français a donc su avec beaucoup de patience former les Indiens à construire des sous-marins Scorpène. Il leur a par exemple appris à fabriquer les coques des Scorpène en soudant de l'acier élastique sur plusieurs centimètres d'épaisseur. Au total, 124 soudeurs ont été formés, dont 48 maîtrisent totalement cette compétence. Toutefois, la fabrication des coques des sous-marins est en grande partie terminée depuis très longtemps, rappelle-t-on à La Tribune. Il leurs reste encore à faire quelques travaux d'assemblage de sections de sous-marins. Pour autant, MDL continue d'entretenir les compétences de ces soudeurs en attendant une éventuelle commande supplémentaire.

Trois nouveaux Scorpène?

En attendant le lancement lointain du programme P75 I (six sous-marins), la marine indienne a souhaité jusqu'en mars dernier "acheter trois Scorpène supplémentaires mais de nouvelle génération" sans passer par un appel d'offres, a indiqué lors d'une rencontre avec la presse internationale le capitaine Rajiv Lath, le patron des sous-marins chez MDL. Mais l'accélération récente du programme P75 I a jeté un trouble, semble-t-il chez les marins indiens, qui rêvent de ce projet depuis si longtemps (2007). Pour autant, selon le capitaine Rajiv Lath, une commande reste attendue "très rapidement", "dans les prochains mois". Fin 2016, MDL avait adressé une proposition non sollicitée à New Delhi portant sur la vente de sous-marins supplémentaires survitaminés.

A l'image des six premiers Scorpène, ces trois sous-marins seraient également fabriqués par le chantier public sur le site de Bombay. Du "Make in India" cher au Premier ministre indien. Par ailleurs, ces sous-marins seraient très nettement plus grands que les six premiers Scorpène alors qu'initialement la marine indienne voulait trois sous-marins de plus, identiques aux six premiers. Actuellement on évoque des bateaux de 2.800 tonnes armés de missiles de croisière (MdCN).

Cette commande permettrait au chantier naval indien de maintenir le savoir-faire et les compétences qu'il a acquis à travers la fabrication des premiers Scorpène dans le cadre du transfert de technologies entre DCNS et MDL. Ces trois sous-marins supplémentaires seraient équipés du nouveau AIP développé actuellement par l'Inde (DRDO). Mais pour l'heure, le ministère de la défense indien (MoD) fait actuellement la sourde oreille.

L'Inde veut acheter plus de 24 sous-marins

New Delhi a rappelé à plusieurs reprises que 24 sous-marins devaient être achetés par la marine indienne dans le cadre d'un plan de construction à 30 ans, dont six ont déjà été commandés à MDL et son partenaire Naval Group. Toutefois, compte tenu des programmes de construction de sous-marins dans d'autres pays, le ministre de la Défense Manohar Parrikkar avait estimé fin novembre que l'Inde devrait repenser son programme et renforcer sa flotte au-delà des 24 sous-marins prévus.

Il a rappelé l'appel d'offres (RFP) en cours dans le cadre du programme P75 (I) qui concerne l'acquisition de six nouveaux sous-marins. Un programme lancé depuis... 2007. Ces bâtiments doivent être construits avec l'aide du secteur privé (Reliance ou Larsen & Toubro) sous l'égide d'un partenariat stratégique. Les partenaires étrangers doivent être prochainement sélectionnés. A suivre...

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Commentaires 4
à écrit le 05/07/2017 à 20:45
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Nous devons avant tous nous placer sur des segments non concurrentiels , nous devons développer des systeme automatique en vue de diminuè le nombreux de membre d'équipage, finaliser nos propulsion conventionnelle , et travailler sur l'intégration de...

le 07/07/2017 à 0:21
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L' Inde se moque de l'automatisation, les salaires sont suffisamment bas pour être plus compétitifs que l'automatisation. l'intégration du MdCN est pour pas longtemps ca a été repoussé puisque la premiere barracuda est en retard d'un an.

à écrit le 05/07/2017 à 11:47
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Merci pour cet article ! L'Inde serait-elle intéressée, en plus de ses Scorpènes et Scorpène augmentés, par la version à propulsion conventionnelle du Barracuda qui a déjà été vendue aux Australiens? C'est en tout cas une excellente nouvelle pour N...

le 07/07/2017 à 0:19
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Les indiens sont intéressés par des barracuda nucléaires mais ont déjà un programme domestique donc en fonction des avancés et résultats de celui ci ... la version barracuda conventionnelle on verra après les scorpene 3000. Pas vraiment, les indiens...

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