Le plan de bataille de Yoplait pour faire de l'ombre à Danone

Le président de Yoplait, Lucien Fa, livre à La Tribune sa vision du marché du yaourt et ses ambitions pour le groupe en amont du rachat définitif de la marque par General Mills le 30 juin.
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Les discussions entre le fonds PAI et l'industriel General Mills avancent en vue de clore le rachat de Yoplait au 30 juin, au moment de la fin de l'exercice 2010-2011. Pendant ce temps, le président de la marque à la petite fleur, Lucien Fa, continue de vouloir réduire l'écart qui sépare Yoplait (7 % du marché mondial du yaourt) du numéro un, Danone (21 %). Selon lui, le yaourt est un marché d'avenir. « Les Chinois sont passés d'une consommation de 0,3 à 2 kg par habitant et par an en dix ans, alors les Français en consomment 35 kg, imaginez le potentiel ! », s'est-il exclamé lors d'un entretien accordé à « La Tribune ».

En effet, tous les grands groupes s'intéressent désormais aux petits pots blancs. Jusqu'à PepsiCo qui n'a pas hésité l'an dernier à valoriser le russe Wimm Bill Dann 4,1 milliards d'euros pour se l'offrir. Mais le marché reste très atomisé. Les cinq premiers groupes (Danone, Yoplait, Nestlé, Yakult, Müller) ne réalisent que 37 % des ventes mondiales. Tout laisse donc croire, selon Lucien Fa, que General Mills ne s'arrêtera pas en si bon chemin dans ses emplettes. « Ce qui est intéressant dans cette acquisition c'est de constater que General Mills investit pour la première fois de son histoire dans une marque mondiale », souligne-t-il.

En attendant, le président, à la tête de Yoplait depuis 2002, a confiance dans son futur actionnaire américain pour continuer le chantier de rachat des partenaires franchisés en Europe. En reprenant en propre l'activité confiée à Dairy Crest en Angleterre, Yoplait a, par exemple, doublé l'an dernier son taux de croissance, de 3 à 6 %, outre-Manche. « Dairy Crest était intéressé par la rentabilité à court terme, alors que nous avons une logique de long terme », explique-t-il.

Contrairement à Nestlé, General Mills, dont 80 % de son activité est réalisée en Amérique du Nord, ne semble pas être le meilleur partenaire pour développer la marque à l'international. Lucien Fa réaffirme pourtant l'ambition de Yoplait de s'appuyer sur le groupe américain pour progresser dans les pays émergents, notamment en Chine. Les forces de vente des glaces Häagen-Dazs pourraient également vendre des yaourts. De nouveaux partenariats avec des entreprises locales sont aussi envisagés. « Les produits laitiers frais sont parmi les quelques catégories de produits alimentaires en vraie croissance dans ces pays car, en plus du goût et de l'aspect santé, ils sont pratiques à consommer et relativement bon marché », indique Lucien Fa, tout en précisant que Yoplait adaptera ses recettes et son prix pour séduire ces nouveaux consommateurs.

« Candidat idéal »

Mais ce grand dessein d'expansion se fera-t-il avec lui aux commandes ? L'homme de 67 ans préfère ne pas répondre. « Il a de nombreux projets personnels », souligne un ami proche. Pourtant, General Mills semble avoir besoin de lui, tant le sixième groupe agroalimentaire mondial ignore encore beaucoup des réalités des marchés en dehors des États-Unis. En effet, le rayon yaourts de Chicago n'a rien à voir avec celui de Lyon ou de Milan. « L'intérêt de General Mills est de garder en France les usines et le centre de recherche, quitte à considérer d'en déployer d'autres dans le monde », assure Lucien Fa, avant d'ajouter que l'américain est, selon lui, « un candidat idéal » pour Yoplait.

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