Et si les farines animales faisaient leur retour en France ?

Par Olivier Mirguet  |   |  386  mots
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En 2001, la crise de la "vache folle" était à son paroxysme. Dix ans plus tard, la France pourrait proposer la fin de l'interdiction des protéines animales dans l'alimentation des animaux.

La crise de la "vache folle" devrait prochainement se rappeler à la mémoire des Français. Le Conseil national de l'alimentation vient en effet de voter le retour des farines animales. Réunie en séance plénière à Strasbourg, cette instance consultative sous tutelle des ministères de l'Agriculture, de la Santé et de la Consommation s'est déclarée favorable à la levée d'une mesure de police sanitaire européenne, verrouillée depuis 2001 par un règlement communautaire. Le gouvernement, destinataire du présent avis en septembre prochain, aura à s'exprimer sur la réintroduction effective des farines dans les élevages français de porcs, de volailles et de poissons. La filière bovine restera exclue, malgré la quasi-disparition constatée de l'encéphalopathie spongiforme bovine (maladie de la "vache folle"), imputée à l'utilisation de ce type de protéines.

À l'issue de leurs travaux menés depuis octobre 2010 sous mandat du ministère de l'Agriculture, soixante membres du Conseil national de l'alimentation (agriculteurs, industriels, distributeurs...) ont confronté leurs expertises sanitaires, industrielles, économiques et agricoles, confirmant "une situation sanitaire désormais maîtrisée" et "une absence de risques pour la santé humaine". Ils relèvent toutefois "un avantage économique variable, voire incertain, selon les secteurs". La filière aquacole semble satisfaire au mieux aux exigences sanitaires déjà identifiées : les usines dédiées au poisson d'élevage « minimisent les risques de contamination croisée » entre les carcasses des différentes espèces d'animaux réduits en farine. Les experts évoquent une éthique favorable à la réintroduction de ces farines d'origine animale, en remplacement des produits à base de soja "importés du Brésil" utilisés en substitution depuis une décennie.

Débat sensible

Malgré cet avis, le gouvernement français sera tenu de respecter le règlement européen jusqu'à son éventuel assouplissement. La levée de l'interdiction sera également soumise au Parlement européen. Et les députés, notamment écologistes, risquent de se mobiliser autour de ce débat sensible chez les consommateurs. Les organisations non gouvernementales, qui ne sont pas présentes au Conseil national de l'alimentation, vont-elles réserver un accueil favorable aux positions exprimées par la France ? Les experts réunis à Strasbourg en doutent et recommandent au gouvernement "une communication renforcée auprès des consommateurs".