Bernard Arnault, un succès presque parfait

Par Sophie Lécluse  |   |  559  mots
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Le patron de LVMH a présenté à nouveau des résultats impressionnants qui révèlent l'opportunité de ses investissements. Pourtant, le maître du luxe n'a pas toujours la main heureuse.

Bernard Arnault va pouvoir savourer pleinement sa coupe de Don Pérignon après une nouvelle démonstration de force. Son chiffre d'affaires de 10,3 milliards d'euros au premier semestre affiche une croissance de 15 %, (16 % au premier semestre 2010). Le résultat opérationnel courant est encore plus remarquable, en hausse de 22 % à 2,2 millards d'euros, grâce à des progressions exceptionnelles de 73 % dans le secteur des montres et de la joaillerie et de 63 % dans la distribution sélective. Les analystes, qui n'en demandaient pas tant, devraient, une fois de plus, célébrer la stratégie du maître du luxe et ses investissements. Hermès s'annonce comme une opération gagnante : soit il finit par mettre la main sur l'entreprise, soit il touche du cash facile. L'opération sur Bulgari, racheté juste avant le retournement du marché, semble prometteuse. Enfin, les prises de participation de sa holding personnelle dans les groupes du CAC 40, mais surtout dans l'immobilier, sont souvent très juteuses. « Il détient des galeries commerciales en Asie, qui lui rapporteront un jour un maximum », s'émerveille un analyste.

L'investisseur Bernard Arnault n'est malgré tout pas infaillible. C'est d'ailleurs son appétit pour les bons coups immobiliers qui l'a fait craquer pour Carrefour, avec les résultats malheureux que l'on connaît. En 2007, Bernard Arnault entre avec le fonds américain Colony Capital, à hauteur de 9,4 %, dans le distributeur. Ils en détiennent aujourd'hui 14 %. L'objectif est alors de doubler le résultat opérationnel en cinq ans et de vendre les murs de Carrefour Property. Échec sur toute la ligne. La marge opérationnelle de Carrefour, qui s'élevait à 4,2 % en 2006, n'est plus que de 3,3 % en 2010. Et la cession de Carrefour Property vient d'être repoussée. Entre-temps, le titre à perdu 50 % de sa valeur. « Ils étaient pressés de récupérer leur mise mais se rendent compte désormais qu'ils doivent investir sur le long terme », constate un analyste. « Bernard Arnault est furieux, même si cette perte représente peu par rapport au potentiel financier de LVMH », souffle un observateur.

Coups de coeur

Via sa holding familiale, Groupe Arnault, dirigée par son fidèle ami Nicolas Bazire, Bernard Arnault est par ailleurs actionnaire d'une multitude de sociétés très diverses comme SeLoger, Betfair (paris en ligne), GoVoyage, Paprec (recyclage) etc. Des investissements pas toujours réussis. Un temps engagé dans les ventes aux enchères (Tajan, Phillips), Bernard Arnault a finalement lâché les salles de ventes. Et il garde un souvenir plus que mitigé de ses coups de coeur pour quelques start-up du Net au début des années 2000. Princess Yacht, dans lequel il est entré en 2008, ne serait pas très rentable. Enfin, la presse reste une danseuse bien capricieuse. Le patron de LVMH s'est offert « Les Echos » en 2007 pour 240 millions d'euros et a même laissé 45 millions dans les caisses de « La Tribune » cédée alors à Alain Weill, patron du groupe Next Radio. Depuis, le premier quotidien économique français est en pertes et les rumeurs de vente se multiplient. Pas de quoi tout de même affoler l'homme de chiffres qui sait patienter. Le redressement de Sephora lui donne raison. Malgré des pertes colossales entre 1999 et 2001, Bernard Arnault n'a pas cédé à la pression de vendre. Bien joué. Cette boîte à cash du groupe a enregistré ce semestre une croissance à deux chiffres.