La lingerie "made in France" trouve son salut à l'export

Les soutiens-gorge de Lise Charmel et Simone Pérèle se vendent surtout à l'export. Lejaby a raté le coche.
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La fermeture annoncée de l'usine Lejaby d'Yssingeaux (Haute-Loire) est de toutes les conversations au Salon international de la lingerie, qui a ouvert ses portes ce samedi à Paris au Parc des expositions de la porte de Versailles. "C'est un beau gâchis", observe le PDG de Simone Pérèle, Philippe Grodner. Mise en liquidation judiciaire, la marque française de lingerie féminine va être reprise par Alain Prost. L'ancien PDG de La Perla s'est engagé à reprendre 195 des 450 salariés. Il fermera la dernière usine de Lejaby en France qui emploie 93 salariés, pour ne conserver qu'une "petite unité de fabrication" de 20 salariés seulement. Alain Prost dit ne pas avoir d'autre choix. "Ces dernières années, plus de 93% des volumes Lejaby étaient déjà produits à l'étranger, en Tunisie et en Chine", rappelle cet ancien de chez Chantelle. Les 195 emplois conservés seront regroupés à 120 km de là, à Rillieux-la-Pape (Rhône).

Manque d'anticipation

À la veille des élections présidentielles, cette fermeture d'usine fait du bruit. Arnaud Montebourg, élu socialiste de Saône-et-Loire, dénonce l'inaction du gouvernement pour lutter contre la désindustrialisation en France. Mais les professionnels français de la corseterie ne mangent pas de ce pain-là. À leurs yeux, les ouvrières de Lejaby sont surtout les victimes de l'inaction de ses actionnaires et de leur manque d'anticipation. À la mort de son fondateur, Marcel Blanchard, la marque née en 1930, passe aux mains de l'américain Warnaco. C'était en 1996. Huit ans plus tard, l'autrichien Palmers la reprend.

Entre-temps, les Françaises ont troqué leur coeur-croisé fabriqué en France et acheté en boutique contre un "push-up" "made in China" et vendu en libre-service. Les prix de vente dégringolent. "Le marché dicte sa loi aux industriels", raconte Philippe Grodner. Les hypermarchés et les chaînes spécialisées s'imposent comme les premiers circuits de distribution, en raflant à eux deux 50% des ventes, selon l'Institut français de la mode. Dès lors, le circuit sélectif où se vendent Lejaby, Barbara et autres Boléro, perd la main. Les détaillants indépendants ne représentent plus que 10,9% des ventes.

Croissance mondiale

Simone Pérèle s'est adaptée en douceur à cette nouvelle donne pour pouvoir rester sur le créneau du soutien-gorge à 60 euros. "On a ouvert des usines au Magheb sans fermer de sites en France", relate Philippe Grodner, en chiffrant à 70% le coût de la main-d'?uvre dans le montage des 32 pièces d'un soutien-gorge. L'entreprise fondée par sa mère emploie aujourd'hui 1.500 personnes, dont 450 à Orléans. "Lise Charmel n'a jamais fermé une usine en France pour délocaliser en Chine. On ne fait pas dans le soutien-gorge monté comme un tee-shirt !", surenchérit Olivier Piquet, directeur général de cette marque dont les modèles sont conçus à Lyon et fabriqués en Bulgarie et en Tunisie. Connue pour ses parures en dentelle de Calais à 200 euros, Lise Charmel fait surtout dans l'export, y compris en Chine. Plus de 60 %de ces 79 millions d'euros de ventes sont réalisés hors de France. "Il nous faut avoir une vision mondiale. Les 7% à 8% de croissance de l'activité en France ne suffisent plus pour pérenniser un groupe", note Olivier Piquet.

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Commentaires 2
à écrit le 25/01/2012 à 7:34
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Les français défendent les emplois en France, jusqu'au samedi matin où ils se ruent dans les hypers pour acheter...des produits chinois, puis ressortir le samedi après-midi manifester contre les délocalisations...

à écrit le 23/01/2012 à 23:00
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DSK se serait-il muté en VRP de prestige ? Il n'y a pas à dire, il ira loin !

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