La Chine fait tourner le marché mondial du lait

Après avoir connu une surproduction et des scandales sanitaires dans sa filière laitière, la Chine repasse à l'achat sur les marchés internationaux pour répondre à sa demande intérieure. L'ex-Empire du milieu cherche des produits de qualités, comme par exemple ceux de la filière française.
Selon le cabinet Agritel, depuis le début 2016 la Chine "montre un regain d'intérêt pour les produits étrangers jouissant d'une bonne réputation auprès du consommateur".

La Chine, premier importateur de produits laitiers au monde, fait la pluie et le beau temps sur les marchés mondiaux, mais reste attachée à la qualité sanitaire du lait, un argument en faveur de la filière laitière française. La production et la consommation de lait sont restées très limitées en Chine jusqu'aux années 2000. Avant de connaître une croissance "spectaculaire" car "les soutiens à la production augmentent et la consommation est fortement encouragée", selon une étude du Club Demeter, un centre de réflexion agricole.

Scandales sanitaires dans la filière chinoise

Mais le développement de la filière est "déséquilibré", selon Demeter. "Les autorités ont mis l'accent sur l'aval. Ils ont laissé des millions de nouveaux éleveurs se lancer et développer une filière en partie à l'origine, en septembre 2008, du scandale de la mélamine qui va intoxiquer 300.000 bébés et causer la mort de six d'entre eux".

"Depuis 2008, le secteur laitier chinois a connu des scandales sanitaires à répétition, et la population chinoise ne veut plus consommer de laits pour bébé d'origine chinoise", résume Gérard Calbrix, économiste à l'Atla (Association de la transformation laitière française).

Confrontés au recul de la demande et à la baisse des prix, de nombreux éleveurs quittent le secteur. En 2009, la production nationale chinoise chute de 20% et les importations explosent pour satisfaire la demande.

Des importations multipliées par 9 entre 2008 et 2014

En 2014, les importations de poudre de lait atteignent 923.000 tonnes, soit une multiplication par plus de 9 par rapport à 2008, indique Demeter. Cette même année pourtant a lieu un "renversement de tendance": "confrontés à des surplus importants", les industriels chinois commencent à "limiter leur importations". Un mouvement qui s'est poursuivi en 2015.

La défection du premier importateur mondial entraîne une chute des cours mondiaux du lait, d'autant plus qu'elle coïncide avec la fin des quotas européens en avril 2015, après 30 ans de régulation, ainsi qu'avec l'embargo russe sur les produits agroalimentaires européens.

La filière française en profite

Cependant selon le cabinet Agritel, depuis le début 2016 la Chine "montre un regain d'intérêt pour les produits étrangers jouissant d'une bonne réputation auprès du consommateur". En conséquence, les parts de marché de l'Hexagone en Chine ne cessent de croître pour afficher des progressions allant jusqu'à trois chiffres, souligne Agritel. Par exemple, sur la période janvier-août les exportations de lait et de crème enregistrent une hausse record de 323%, de même pour le fromage et le beurre qui ont respectivement augmenté de 115% et 46%.

Les Chinois investissent localement

De plus les entreprises chinoises ont passé des accords ces dernières années pour investir directement dans la production en France, qui "commencent à porter leurs fruits", souligne Agritel. A l'image de Sodiaal et Synutra, qui ont inauguré ce mercredi  une vaste usine de lait en poudre à Carhaix, en Centre-Bretagne. "Le problème des Chinois est qu'ils ont des difficultés à produire des produits laitiers sans reproche au niveau sanitaire. C'est pour cela que Synutra, qui a une part de marché importante en Chine, est venu implanter son usine en Bretagne pour avoir un lait garanti de bonne qualité", confirme Gérard Calbrix. "Cette tendance devrait se maintenir à long terme, car les investissements chinois s'intensifient dans la filière française", selon Agritel.

(avec AFP)

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Commentaire 1
à écrit le 28/09/2016 à 17:26
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Si même les consommateurs chinois exigent de la qualité c'est que le néolibéralisme, qui en est l’antithèse, commence à être fortement contesté et plus rapidement que je ne le pensais.

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