Lactalis : Emmanuel Besnier sort enfin de son silence

Par latribune.fr  |   |  617  mots
Emmanuel Besnier, PDG de Lactalis, a promis d'indemniser les victimes. (Crédits : CHARLES PLATIAU)
Après une semaine de crise sanitaire visant du lait infantile fabriqué par le groupe français numéro un mondial du lait, son PDG a décidé de s'exprimer dans les médias. C'est une première pour ce patron réputé très discret. Il a justifié son silence par la nécessité de se consacrer à la résolution de cette crise. Il s'est dit inquiet pour les enfants atteints par la salmonellose, et promis d'indemniser les victimes.

"Le travail d'abord, la parole après": le PDG de Lactalis a justifié sa discrétion depuis le début de la crise de la salmonelle qui ébranle son entreprise, assurant qu'il avait donné la priorité à l'action.

C'est dans un entretien au Journal du Dimanche qu'Emmanuel Besnier a décidé de sortir de son silence. Il a promis d'indemniser "toutes les familles qui ont subi un préjudice" en raison d'une contamination à la salmonelle de produits du géant français du lait. Il a assuré avoir eu avant tout à l'esprit les conséquences de cette crise sanitaire pour les consommateurs, "des bébés de moins de six mois", a-t-il rappelé: "c'est pour nous, pour moi, une très grande inquiétude".

Les victimes seront indemnisées

Après la rencontre vendredi à Bercy entre M. Besnier et le ministre de l'Economie, Bruno Le Maire, le groupe Lactalis avait ordonné la reprise de tous les lots de lait infantile produits dans son usine de Craon (Mayenne), élargissant encore les rappels successifs lancés depuis début décembre.

Le patron du groupe a affirmé avoir lui-même proposé au gouvernement cette mesure qui s'étend à 83 pays. "Il faut mesurer l'ampleur de cette opération : plus de 12  millions de boîtes sont concernées", a-t-il révélé, assurant que les distributeurs n'auront plus à trier. "Ils savent qu'il faut tout retirer des rayons".

Trente-cinq enfants atteints de salmonellose ont été diagnostiqués en France après avoir consommé un lait ou un produit d'alimentation infantile de l'usine Lactalis incriminée, selon les derniers chiffres officiels au 9 janvier.

Un cas de salmonellose avéré a en outre été découvert en Espagne concernant un bébé ayant consommé de ce lait infantile contaminé et un autre cas reste à confirmer en Grèce.

Une tradition de discrétion

"Le groupe a communiqué sur de nombreux éléments, mais en réalité on me reproche de ne pas avoir pris la parole personnellement", a constaté Emmanuel Besnier, qui a justement rompu ce silence dans un long entretien publié par le Journal du Dimanche.

"Nous sommes une entreprise discrète. Ma famille a grandi dans une culture de la simplicité et de la discrétion, c'est aussi un peu la mentalité de notre région. Ici en Mayenne, c'est vrai, c'est le travail d'abord, la parole après", a encore dit M. Besnier, qui n'était pas venu s'exprimer face aux journalistes après sa visite à Bercy vendredi pour rencontrer le ministre de l'Economie Bruno Le Maire.

"C'est vrai, je ne suis pas d'une nature expansive. Dans une crise comme celle-là, on cherche d'abord à agir, et peut-être n'ai-je pas pris le temps nécessaire pour expliquer les choses, ce que je fais aujourd'hui", a encore dit M. Besnier.

Interrogé par le journal sur une éventuelle rencontre avec des associations de consommateurs, le PDG a assuré y être disposé.

"Nous sommes discrets mais nous ne refusons jamais de discuter avec personne : clients, consommateurs, autorités. Nous ne le faisons pas dans la lumière, mais nous allons à la rencontre des gens. Pour travailler, pas pour être vus", a-t-il résumé.

Bien qu'il occupe depuis près de 18 ans la tête du groupe familial, transformé en numéro un mondial du lait, M. Besnier cultivait jusqu'ici la discrétion, au point que son ancien ministre de tutelle Stéphane Le Foll avait confié ne pas l'avoir vu en cinq ans de mandat.

Les dernières photos en date dans les médias d'Emmanuel Besnier dataient au moins d'il y a une dizaine d'années. Jusqu'à celle qu'il a consentie au JDD et qui occupe la moitié basse de la "Une".

(Avec AFP)