Le porc allemand, interdit d'exportation en Asie, risque d'envahir le marché français

Par AFP  |   |  436  mots
Dans un abattoir de viande porcine à Fuerstenfeldbruck, en Allemagne, en janvier 2019. (Crédits : Reuters)
Pour cause de peste porcine apparue à sa frontière polonaise, l'Allemagne, premier producteur européen de porc, se voit privée des immenses marchés que constituent la Chine, le Japon, la Corée du Sud, mais aussi le Brésil et l'Argentine. De fait, en France, les producteurs locaux se mobilisent pour empêcher un déferlement à leur dépens de milliers de tonnes de viande à prix bradé.

Les milliers de tonnes de porc allemand qui ne peuvent plus être exportées depuis l'apparition de cas de peste porcine chez des sangliers dans l'est de l'Allemagne vont peser sur le marché européen, pointe mardi l'organisation Culture Viande qui représente les industriels français.

Depuis la découverte, annoncée le 10 septembre, d'une première carcasse de sanglier infectée dans la région du Brandebourg, à la frontière polonaise, le Japon, la Chine, la Corée du Sud, le Brésil et l'Argentine ont suspendu les importations de porc allemand.

Inoffensive pour les humains, fatale pour les animaux concernés

Inoffensive pour les humains, cette maladie virale très contagieuse entraîne des hémorragies qui peuvent être fatales en quelques jours chez les sangliers et les porcs.

De nombreux foyers sont apparus en Europe, d'abord à l'Est, puis jusqu'aux portes de la France, restée indemne jusqu'ici.

"Au dernier comptage, 36 carcasses de sangliers" ont été découvertes à ce jour dans l'est de l'Allemagne, a souligné lors d'une conférence de presse Paul Rouche, directeur délégué de Culture Viande, syndicat des industriels de l'abattage, de la découpe et de la transformation.

Empêcher le porc allemand, bradé, d'envahir le marché français

L'organisation estime que la fermeture d'une partie des débouchés à l'exportation de l'Allemagne - premier producteur de porc européen avec plus de 5 millions de tonnes en 2019 - induit que "9.000 tonnes de viandes porcines allemandes vont désormais, chaque semaine, venir alourdir le marché" de l'Union européenne.

L'enjeu pour les professionnels est de "contenir les importations allemandes qui vont venir sur le marché français", à des prix moindres que le porc français, a relevé M. Rouche.

Maillons faibles: la transformation et la restauration

Dans les rayons des supermarchés, "jusqu'à présent ça tient bien" en raison de la mise en avant de l'origine France, a-t-il poursuivi. Toutefois, "les importations commencent à rentrer" dans les secteurs de la transformation et de la restauration hors domicile.

Dans le même temps, Culture Viande note que "l'absence de l'Allemagne (sur le marché chinois, Ndlr) va ouvrir de nouvelles opportunités pour les autres pays de l'UE, comme aux grands exportateurs mondiaux que sont les États-Unis, le Canada et le Brésil".

La France a jusqu'ici profité économiquement de la peste porcine qui a décimé le cheptel chinois et provoqué une hausse des cours mondiaux.

Toutefois, la Chine s'efforce de reconstituer rapidement ses élevages pour être moins dépendante des importations. Sur place, "les cours avoisinent 7 euros le kilo pour du porc vivant, c'est énorme", rapporte Paul Rouche.