Pesticides : les néonicotinoïdes multiplient par trois le déclin des pollinisateurs sauvages

"L'utilisation des néonicotinoïdes est liée au déclin à grande échelle et sur le long terme des populations des pollinisateurs sauvages", confirme une étude menée au Royaume-Uni. Elle vient compléter le corpus scientifique devant servir de base à un nouvel avis de l'Agence de sécurité sanitaire européenne (Efsa) sur la nocivité de ces produits.
Il existe plus de 20.000 espèces de pollinisateurs, qu'ils soient sauvages comme les papillons et les bourdons, ou domestiques, comme l'abeille d'Europe.

Le bien-fondé de la bataille engagée par nombre d'ONG lors de l'adoption de la Loi pour la reconquête de la biodiversité, de la nature et des paysages, adoptée le 19 juillet, vient de recevoir une consécration scientifique. En moyenne, le déclin des colonies de pollinisateurs sauvages est en effet trois fois plus marqué lorsqu'ils se nourrissent régulièrement de plantes traitées aux pesticides néonicotinoïdes, indique une étude basée sur les cultures de colza en Angleterre entre 2004 à 2011.

Ces travaux menés sur une longue période montrent que "l'utilisation des néonicotinoïdes est liée au déclin à grande échelle et sur le long terme des populations des pollinisateurs sauvages", estiment les chercheurs du Centre for ecology and hydrology, dont les travaux ont été publiés mardi 16 août dans Nature Communications. L'auteur principal de l'étude, Ben Woodcock, insiste toutefois sur l'aspect multi-factoriel du déclin des pollinisateurs : si l'utilisation des néonicotinoides est "un facteur majeur" de ce déclin, le scientifique rappelle qu'il est aussi dû à la perte d'habitat, à des agents pathogènes, au changement climatique et à d'autres insecticides.

Entre 235 et 577 milliards de dollars en danger

De nombreux travaux scientifiques ont déjà mis en avant l'impact négatif des néonicotinoïdes, une classe d'insecticides, sur le système nerveux des abeilles, aggravant la mortalité des colonies dans de nombreux pays. Cette dernière étude vient compléter le corpus scientifique devant servir de base à un nouvel avis de l'Agence de sécurité sanitaire européenne (Efsa) attendu pour début 2017, souligne le groupe de chercheurs. Depuis 2013, un moratoire partiel est appliqué en Europe sur les néonicotinoïdes : trois substances actives (la clothianidine, l'imidaclopride et le thiaméthoxame) sont interdites (sauf sur les céréales d'hiver).

Lire aussi: RoundUp : les conditions d'utilisation restreintes dans l'UE

Le 1er rapport mondial sur les pollinisateurs, publié en 2016 par la Plateforme intergouvernementale sur la biodiversité et les services écosystémiques (Intergovernmental Science-Policy Platform on Biodiversity and Ecosystem Services, IPBES, en anglais) a alerté en février sur la menace que représente leur déclin pour la production agricole : 5 à 8% de la production agricole mondiale, soit entre 235 et 577 milliards de dollars 208 et 512 milliards d'euros), seraient directement dépendants de l'action de ces insectes. Il existe plus de 20.000 espèces de pollinisateurs, qu'ils soient sauvages comme les papillons et les bourdons, ou domestiques, comme l'abeille d'Europe (Apis mellifera) qui fabrique du miel.

(Avec AFP)

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Commentaires 2
à écrit le 31/08/2016 à 14:41
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Bonjour, Pourrais-je avoir les sources de cet article ? En effet, je suis un défenseur des abeilles et des néonicotinoïdes. Les abeilles sont le fil de vie de notre terre et je pèse mes mots. Sans elles, l'alimentation se résumerait aux céréales. P...

à écrit le 17/08/2016 à 21:40
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La corruption empêche des interdictions salutaires... aussi bien au Sénat français qu'à Bruxelles...

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