Après les boulangers, PME et restaurateurs veulent pouvoir résilier gratuitement leur contrat d'énergie

Par latribune.fr  |   |  736  mots
Thierry Marx, patron de l'UMIH, sera reçu à 17 heures à Bercy ce jeudi. (Crédits : Reuters)
Hier, Bercy a accordé aux boulangers la possibilité de résilier ou de renégocier sans frais leur contrat d'énergie. La CPME et les syndicats de restaurateurs, reçus aujourd'hui au ministère de l'Economie, demandent la même mesure. Ce que refuse pour l'instant Bruno Le Maire.

Les autres professions s'enfoncent dans la brèche ouverte par les boulangers. Ce jeudi, c'est le secrétaire général de la Confédération des PME (CPME) qui réclame que « toutes les entreprises, quelles qu'elles soient, » puissent résilier ou renégocier gratuitement leurs contrats d'énergie lorsqu'il est trop coûteux.

« C'est une question de cohérence, sans coût supplémentaire pour la collectivité », a insisté Jean-Eudes du Mesnil ce jeudi matin sur l'antenne de Sud Radio, en référence à la possibilité accordée par Bercy uniquement - pour l'instant - aux boulangers de résilier sans frais leur contrat d'énergie en cas de flambée « prohibitive » des prix. Ce qu'ont approuvé les fournisseurs d'énergie, également présents hier au ministère de l'Économie.

Satisfecit des boulangers...

Les boulangeries auront également la possibilité d'étaler leurs factures jusqu'à l'été. « Ça va dans le bon sens, on est plein d'espoir », s'était félicité mercredi Dominique Anract, président de la Confédération nationale de la boulangerie et boulangerie-pâtisserie française (CNBPF), à la sortie de sa réunion avec le ministre de l'Économie.

Après avoir reçu les représentants de la filière boulangerie, Bruno Le Maire a assuré que la résiliation des contrats énergétiques était une mesure « exceptionnelle » qui ne sera appliquée qu' « au cas par cas » par les énergéticiens au cas où la hausse des prix « menace la survie de l'entreprise ».

... et grogne des autres métiers de bouche

« Ça ne coûte rien à personne, si ce n'est qu'il y aura une espèce de saine concurrence et que les entreprises ne soient pas pieds et poings liés » face aux énergéticiens, lui a opposé Jean-Eudes du Mesnil. La CPME n'est pas la seule organisation à réclamer sa généralisation. Les restaurateurs, qui doivent être reçus à 17 heures à Bercy ce vendredi, « vont évidemment formuler cette demande », a précisé le représentant des PME.

« La situation est devenue intenable pour nombre d'établissements », a prévenu mercredi le chef Thierry Marx, fraîchement élu président de l'UMIH, principal syndicat patronal de l'hôtellerie-restauration. « Des aides existent, mais elles concernent très peu de nos entreprises ou alors à un niveau bien trop faible pour que cela soit efficace », a-t-il déploré, favorable à « la mise en place d'un nouveau contrat d'énergie responsable à un tarif réglementé ».

« Un bouclier tarifaire pour toutes les entreprises, sans conditions »

Son collègue Franck Trouet, porte-parole du syndicat patronal des indépendants de l'hôtellerie-restauration (GNI), réclame lui « un bouclier tarifaire pour toutes les entreprises, sans conditions » estimant que son secteur se trouve dans une situation « d'angoisse phénoménale (...) très proche de celle des boulangers ».

Pour l'instant, les aides existantes ne sont accordées qu'aux entreprises qui justifient des dépenses d'énergie supérieures à 3% de leur chiffre d'affaires de 2021 tout en ayant vu leur facture d'énergie doubler par rapport à l'année dernière.

« On ne pourra pas aider tout le monde » (Gérard Larcher)

Bercy s'apprête-t-il pour autant à céder à ces demandes ? Bruno Le Maire avait anticipé la question mercredi, insistant sur le caractère exceptionnelle des aides supplémentaires accordées aux boulangers. « Les boulangers souffrent à la fois de l'augmentation des matières premières et de l'augmentation de l'énergie, c'est la double peine pour eux », avait justifié Bruno Le Maire.

Un argument qui pourrait s'appliquer aussi aux restaurateurs, qui se fournissent aussi en produits alimentaires et consomment de l'énergie dans leurs établissements.

« Les restaurateurs, ce n'est pas la même situation. On a va évidemment les recevoir comme on l'a fait chaque fois, mais chacun n'aura pas les mêmes dispositifs », avait réfuté hier le ministre de l'Économie, au micro de France Inter.

Un avis partagé par le président du Sénat Gérard Larcher :

« On ne pourra pas aider tout le monde. Demain, ce sera les stations de ski sans neige, après-demain d'autres activités...», a-t-il prévenu ce jeudi sur BFMTV.

Et d'argumenter : « La réalité, c'est qu'aujourd'hui nous n'avons pas de marge de manœuvre », a-t-il insisté.

« Nous avons dépensé, entre le Covid-19, l'inflation et la crise énergétique 250 milliards (d'euros) dans un pays qui va emprunter cette année 270 milliards pour équilibrer ses comptes et le remboursement de ses dettes. »