Automobile : l'Etat prêt à soutenir le secteur s'il ne délocalise pas

Par latribune.fr  |   |  616  mots
Le gouvernement est prêt à faire ce qui est nécessaire pour soutenir la filière automobile mais exige en contrepartie des constructeurs des "engagements forts" pour conserver des sites industriels en France, a déclaré ce lundi Luc Chatel, secrétaire d'Etat à l'Industrie, à l'issue d'une réunion à l'Elysée avec les représentants du secteur.

"Nous sommes prêts à faire ce qui est nécessaire pour sauver notre filière automobile", a insisté Luc Chatel à l'issue de la réunion de l'Elysée, entre le président Nicolas Sarkozy et des représentants du secteur, constructeurs comme sous-traitants, actuellement en pleine crise. "Le président s'est dit prêt à accompagner la filière automobile si c'était nécessaire, mais ça ne pourrait se faire que s'il y avait des engagements forts de la part des constructeurs, notamment dans le cadre du maintien des sites industriels en France, car on ne peut pas imaginer que l'Etat aide les constructeurs et que cela se traduise par des délocalisations de production dans d'autres pays", a ajouté le secrétaire d'Etat à l'industrie.

Luc Chatel a ajouté que Nicolas Sarlozy l'avait chargé de réunir les représentants du secteur pour discuter de ses problèmes de compétitivité et de lui faire des propositions d'ici fin janvier, date à laquelle il organisera une deuxième réunion à l'Elysée. Entre-temps, le secrétaire d'Etat a indiqué que des mesures seraient prises pour le faciliter le financement des filiales de crédit à la consommation des constructeurs français, car le coût du crédit reste un obstacle pour les consommateurs.

Le plan de relance économique du gouvernement français prévoit déjà la création d'une "prime à la casse" de 1.000 euros pour les véhicules de plus de dix ans en échange de l'achat d'une voiture neuve peu polluante. Patrick Devedjian, ministre de la relance, a souhaité lors d'une interview à BFM.TV, dimanche, que les constructeurs fassent un effort "comparable" en offrant eux aussi une prime à la casse, ce qui permettrait de réduire de 20% le prix des petites voitures.

Vendredi, Carlos Ghosn, PDG du groupe Renault, a déclaré devant quelques journalistes que "si la crise financière dure", les constructeurs vont "tomber les uns après les autres". Et il a rappelé que deux voitures sur trois sont financées à crédit, or "pour l'heure, les constructeurs n'arrivent pas à trouver de capitaux (...) On ne peut pas se financer à trois mois à des taux de 10%", selon des propos rapportés par le Figaro.

 

Possible aide européenne  au secteur automobile
Si les géants du secteur ont principalement eu recours pour le moment au chômage technique pour équilibrer leur situation financière, les premiers licenciements apparaissent chez les équipementiers et les sous-traitants. L'industrie automobile représente 10% de l'emploi salarié en France, on comprend mieux l'empressement du gouvernement au chevet de ses entreprises. Ce plan de relance par l'investissement, Patrick Devedjian l'a défendu face aux attaques de l'opposition, qui ne l'estiment pas assez centré sur la consommation. "L'investissement n'est pas le contraire de la consommation", a-t-il déclaré sur l'antenne de BFM.TV. Et d'ajouter que la priorité du gouvernement est d'enrayer la hausse du chômage. Il a également déclaré que l'objectif du gouvernement était d'engager le plan de relance à 75% en 2009. Ce qui implique que les trois-quarts des 26 milliards d'euros seront dépensés dès l'an prochain. Le ministre de la relance a ajouté "espérer un effet multiplicateur, si possible de trois. Quant l'Etat met un euro, il faut essayer de se faire accompagner de trois euros supplémentaires, qui peuvent venir du privé ou des collectivités locales", a-t-il ajouté. Parallèlement à l'aide de l'Etat français, l'association des constructeurs européens d'automobiles (Acea), dont Carlos Ghosn prendra la tête le 1er janvier prochain, va tenter d'obtenir une aide de 40 milliards d'euros pour le secteur auprès de Bruxelles, les aides accordées par les Etats étant comprises dans cette enveloppe européenne, selon le Figaro.