L' Etat annonce que l'équipementier automobile Heuliez recevra 10 millions d'euros

Par latribune.fr  |   |  767  mots
Le constructeur et équipementier automobile, confronté à des difficultés de financements depuis plus d'un an, risque une cessation de paiement en avril qui menacerait un millier d'emplois dans les Deux-Sèvres, selon la CFDT. Les dirigeants seront reçus e mardi à Bercy. Le porte-parole du gouvernement a d'ores et déjà annoncé que la société va recevoir dix millions d'euros.

Semaine déterminante pour l'avenir de l'équipementier automobile Heuliez qui traverse une grosse période de turbulences. Après avoir tenu tenu lundi un comité central d'entreprise, la direction du groupe doit être recçue ce mardi après-midi par Bercy. Pour le président du directoire, Paul Queveau - dont la famille est propriétaire de l'équipementier - " il manque à l'entreprise les 10 millions d'euros que le Fonds stratégique d'investissement (FSI) ne semble pas disposer à nous verser. Sans cette somme la société est en difficulté".  Les dirigeants semblent avoir été entendus puisque l'Etat s'est déclaré "prêt à investir 10 millions d'euros". Une aide qui est soumise à trois conditions selon Luc Chatel : qu'il y ait un vrai projet industriel réaliste, qu'il y ait un tour de table (d'investisseurs, ndlr) financier, et les actionnaires du groupe doivent participer à ce tour de table", a expliqué le porte-parole du gouvernement. 


Aujourd'hui, "il faut trouver 45 millions d'euros, nous avons déjà trouvé 10 millions d'euros dans le FSI, le conseil régional est prêt à investir 5 millions d'euros et un fonds d'investissement est prêt à investir à hauteur de 7 millions d'euros. On a donc la moitié du besoin demandé", a-t-il précisé. Si toutefois les trois conditions demandées n'étaient pas réunies, Luc Chatel a affirmé que l'Etat interviendra de toutes façons à hauteur de 10 millions d'euros dans Heuliez , mais pas au travers du FSI. Le secrétaire d'Etat à l'Industrie a par exemple évoqué des "pistes d'accompagnement social" pour participer à ce financement.
Néanmoins, selon Luc Chatel, la première hypothèse d'un investissement via le FSI reste privilégiée. De son côté, le directeur général du FSI, Gilles Michel, également présent, a déclaré que "le FSI ne pouvait pas être le seul investisseur. Il n'a pas vocation à prendre le contrôle des entreprises industrielles", a-t-il souligné. "Nous avons besoin de consolider un tour de table. Celui ci devrait être bouclé assez vite, car on est face à une échéance de cessation de paiement" en avril, a-t-il rappelé.
 

Luc Chatel se rendra mercredi 25 mars à Cerizay (Deux Sèvres) pour présenter l'action du gouvernement aux salariés d' Heuliez . "L'Etat interviendra pour sauver un maximum d'emplois, a souligné encore le porte-parole du gouvernement en déplorant toutefois qu'il "n'y ait pas assez de salariés dans la branche (de véhicules, ndlr) électrique". "Les dirigeants d' Heuliez doivent accompagner le mouvement. On ne peut pas imaginer que l'Etat aide cette entreprises sans que la famille (Queveau, actionnaire majoritaire d' Heuliez , ndlr) accompagne ce plan", a-t-il insisté.

Lundi, le ministère de l'économie, de l'industrie et de l'emploi a annoncé que Luc Chatel avait demandé une expertise complémentaire afin d'étudier une éventuelle intégration de  "certaines activités de la société dans la démarche en cours de constitution d'un pôle industriel du véhicule électrique en France". Il prévoit notamment de prendre contacts avec différents partenaires industiels. (retrouvez le communiqué du 23 mars sur la demande de Luc Chatel d'une expertise complémentaire).

En attendant les politiques ont pris le dossier en main. Dimanche, la ministre de l'Economie et de l'Emploi Christine Lagarde a déclaré qu'elle rencontrerait "dans les prochains jours" la présidente socialiste de Poitou-Charentes Ségolène Royal, pour évoquer la situation du constructeur et équipementier automobile. L'entreprise, installée à Cerizay, est le premier employeur industriel des Deux-Sèvres, avec 1.000 emplois directs et un millier d'autres indirects. Cette rencontre est désormais prévue pour mercredi, une fois Christine Lagarde de retour à Paris après un voyage éclair aux Etats-Unis avec François Fillon pour préparer le sommet du G20 de Londres du 2 avril. 

"Depuis à peu près six mois, Luc Chatel [secrétaire d'Etat à l'Industrie] travaille en étroite relation avec Heuliez et tous les acteurs locaux concernés" et "en train de mettre sur pied des propositions", a affirmé Christine Lagarde, lors du Grand Rendez-vous Europe 1-"Le Parisien/Aujourd'hui en France", dimanche. "On est dans un temps de travail et de préparation pour lequel tous les acteurs sont bienvenus, et on tient bien entendu à ce que tous les acteurs régionaux, au premier rang desquels le conseil régional présidé par Ségolène Royal, puisse apporter leur écot à ce plan pour une activité d'avenir", a-t-elle ajouté. "Le travail se poursuit et je suis heureuse que la région Poitou-Charentes s'intéresse au dossier, et je recevrai Mme Royal, avec M. Chatel, dans les prochains jours", a-t-elle dit, confirmant une information du "Journal du Dimanche" (JDD).