Philippe Varin prend les commandes de PSA Peugeot Citroën

Le nouveau patron du constructeur automobile prend ses fonctions ce mardi. PSA doit sortir de son sanctuaire ouest-européen et relever le défi écologique.

C'est ce mardi 2 juin que Philippe Varin accédera à la tête de PSA. Après une période de rodage exceptionnellement courte d'un mois et demi au sein du constructeur automobile - et encore à temps partiel. Urgence oblige. La mise à l'écart brutale de son prédécesseur Christian Streiff, un week-end de la fin mars, a brusqué les échéances habituelles. L'arrivée de cet homme posé, affable, courtois, réputé pour sa capacité de travail, devrait permettre à PSA de renouer avec la rigueur et le relatif consensus que le groupe avait connus sous les présidences de Jacques Calvet puis de Jean-Martin Folz. Et ce, alors que la firme, fragilisée par la tumultueuse présidence de Christian Streiff, les dissensions de la famille actionnaire et la dramatique chute des volumes, s'interroge sur son avenir en tant que constructeur indépendant.

Philippe Varin arrive avec pour tâche essentielle de mondialiser un groupe encore très centré sur l'Europe. Malgré les diverses tentatives, PSA demeure trop à l'écart des marchés émergents promis à une forte croissance potentielle. Le nouveau patron s'assigne notamment pour priorité de percer en Chine, où, arrivé en pionnier, PSA stagne à une part de marché dérisoire (3,5 %). Ses ventes n'y ont pas dépassé les 178.000 unités l'an dernier, pour un marché de près de 5,5 millions, alors que Volkswagen, Nissan, Honda, Hyundai s'y taillent la part du lion. Le groupe devra aussi trouver un moyen d'entrer en Inde, où, après une expérience ratée au milieu des années 1990, il brille par son absence.

PSA ne vend d'ailleurs aujourd'hui qu'un tiers de ses voitures hors d'Europe occidentale. Un des taux les plus faibles parmi les constructeurs du Vieux Continent. En dehors de ce dernier, il n'occupe des positions significatives qu'en Europe centrale, en Argentine et en Iran (à travers des accords de licence avec Iran Khodro). Philippe Varin n'exclut pas à cet égard des relations approfondies avec des partenaires extra-européens.

L'ex-patron de Corus est aussi convaincu de la nécessité de relever le défi écologique. Il assure en interne croire aux véhicules hybrides (thermique-électrique), dont PSA devrait commercialiser les premiers exemplaires en 2011 (Peugeot 3008, Citroën DS5). Mais aussi dans les modèles 100 % électriques, sur l'avenir desquels PSA était jusqu'ici réservé. Le nouveau président estime que son groupe doit avoir une vraie politique de petites voitures électriques, au-delà du modèle fourni par le japonais Mitsubishi, que Peugeot doit commercialiser sous sa marque l'an prochain. Pour ne pas se trouver isolé, le constructeur doit en particulier nouer des liens avec des fabricants de batteries, à l'image de ce que font ses rivaux nippons ou Volkwagen.

En outre, le nouveau patron veut absolument relever le défi qualité, longtemps talon d'Achille du constructeur même si les choses s'améliorent depuis deux ans. Il juge que l'on peut aller encore plus loin dans la rigueur sur les process en recherche et développement, mais aussi sur le plan industriel.

Philippe Varin , qui a jusqu'ici fait la tournée des sites français et s'est rendu au Brésil la semaine dernière, devrait dévoiler ses grands axes stratégiques lors de l'assemblée des actionnaires, le 3 juin.

En attendant, Thierry Peugeot, membre éminent de la famille qui contrôle le capital du constructeur automobile français et qui en préside le conseil de surveillance, explique ce mardi à notre confrère Les Echos - avec certes une grande prudence - que le groupe est prêt à des alliances à condition que la famille Peugeot conserve le contrôle. De quoi relancer les spéculations sur ce sujet, alimentée ces dernières semaines par des notes d'analystes évoquant notamment l'opportunité d'un mariage avec Fiat - mal parti pour racheter Opel, la filiale européenne de General Motors qui devrait être cédée au canadien Magna - malgré les similitudes plus que les complémentarités entre les deux firmes, la française et l'italienne.

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