Et si l'excès de primes tuait le marché automobile ?

Par Pierre-Angel Gay, directeur adjoint de la rédaction de La Tribune.

Trop d'impôt tue l'impôt, dit la maxime. Et si l'excès de primes tuait le marché automobile? Sourde hier, l'inquiétude grandit dans les gouvernements comme chez les constructeurs, qui s'interrogent sur les suites à lui donner. Patrick Devedjian, ministre en charge du Plan de relance, doit en parler aujourd'hui à Bruxelles aux commissaires européens de la Concurrence et de l'Industrie, Neelie Kroes et Günter Verheugen.

Le succès de la mesure est indéniable. Ce sont plus de 3 millions de véhicules qui devraient être vendus cette année, grâce à cette prime, dans les neuf pays européens qui l'ont adoptée. Dont 2 millions dans la seule Allemagne (et près de 400.000 en France). C'est dire son importance, dans un marché européen toujours amputé du dixième de ses ventes.

Mais, si elle est indispensable pour atténuer les effets de la crise, la prime à la casse n'en a pas moins de gros inconvénients. Elle déforme le marché, encourageant les achats de petites voitures économes au détriment des grosses. En Allemagne, par exemple, où la prime atteint un montant de 2.500 euros, les ventes de Dacia, la marque "low cost" de Renault, ont augmenté de 400% sur les cinq premiers mois de l'année, quand celles de Mercedes ou de BMW patinent. En France, les petits modèles s'adjugent la moitié du marché, contre un tiers auparavant. Plus ennuyeux encore, se pose le problème du retour à la normale.

Lorsque Paris avait mis fin à la "Balladurette", en 1996, le marché s'était écroulé de 20% à 25%. Cette fois-ci, ce n'est pas un Etat mais neuf qui sont impliqués, dont les cinq grands de l'Union européenne. La suppression de la prime à la casse ramènerait le secteur automobile au plus creux d'une crise dont Carlos Ghosn, le patron de Renault-Nissan, ne voit pas la fin avant 2011. C'est la raison pour laquelle Paris, comme d'autres capitales, préférerait une suppression progressive. Une prime, même incitative, ne crée pas un marché.

 

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