Essai : Citroën DS3, l'anti-Mini française

Par Alain-Gabriel Verdevoye  |   |  922  mots
Elle se veut la rivale des citadines chic et branchées. Mais sans jouer la carte rétro chère à Mini ou Fiat. Le résultat est une bonne petite berline, sympathique et homogène. Mais séduira-t-elle autant que ses charmantes rivales ?

Citroën vise clairement ici les acheteurs de Mini, Fiat 500 ou autres Alfa Romeo Mito. Avec la première de cette nouvelle lignée DS, la firme aux chevrons essaye de se créer une image plus haut de gamme. Histoire de vendre plus cher, avec des marges supérieures. La DS3, commercialisée le 23 janvier, se veut donc la version mode, chic et snob, de la C3, vendue depuis novembre dernier. En fait, il s'agit d'une extrapolation à trois portes, aux faux airs de coupé, de la petite berline. Contrairement à ses rivales, la marque s'est toutefois refusée à utiliser ici les recettes du "rétro". Elle fait même de l'anti-rétro son arme de bataille publicitaire. Histoire de se démarquer. Le sigle DS est donc la seule référence au riche passé automobile du constructeur.

Même si le traitement des surfaces vitrées s'inspire de la Mini, la DS3 est une voiture résolument moderne, plutôt mignonne, mais qui perd forcément en originalité et en force de séduction par rapport à une Mini ou une 500. Disons qu'elle apparaît un peu plus banale. Evidemment, Citroën se rattrape avec une palette de onze couleurs différentes, dont des jaunes et rouges qui ne passent pas inaperçus, huit garnissages de sièges, quatre variantes de teintes pour le toit avec des décors... zébrés ou évoquant des tatouages, onze jantes possibles. Chacun peut donc personnaliser son modèle, faisant grimper la note au passage. Ces combinaisons permettent de se faire remarquer dans la rue. Question de goût, mais la carrosserie noire à toit rouge nous a paru particulièrement raffinée.

A l'intérieur, les sièges gris-noirs sont banals. Mais, les selleries à dominante rouge ou jaune permettent d'échapper à la tristesse habituelle des véhicules actuels. Bien vu. Comme sur une Fiat 500, un bandeau de couleur égaye la planche de bord. Ceci dit, à part les sièges et les placages de plastique, l'intérieur est le même que sur la C3. Ce qui nous a déçus. Malgré une bonne position de conduite. Car, les matériaux ne sont pas très valorisants. Et des fautes de goût apparaissent impardonnables. Sur notre modèle d'essai, le grand bandeau blanc, le revêtement noir laqué de la console et le pseudo-aluminium gris à la base du levier de vitesses juraient entre eux. Pas très élégant.

En plus, quelques grésillements et grincements sur mauvaises routes agacent. Comme sur la C3. Le cuir des sièges de notre version était de belle facture. Mais il est en... option, à 950 euros sur la finition "Sport Chic", pourtant la plus chère. L'ambiance n'est donc pas aussi évocatrice que celle d'une Mini ou d'une Fiat 500. Même si ces deux véhicules ne sont pas non plus des champions en qualité de finition. En revanche, l'habitabilité et la taille du coffre sont ici supérieurs. La DS3 est il est vrai plus encombrante (3,94 mètres de long)

La conduite réserve de très bonnes surprises. Le moteur à essence de 150 chevaux de "notre" DS3, étudié par BMW - et que l'on retrouve sur la Mini ! -, s'est montré souple, disponible, très rond dans son fonctionnement. Il permet de belles montées dans les tours et ne consomme pas trop (7,5 litres aux cent avec un pilotage assez musclé). Mais son fonctionnement très civilisé et sa sonorité assez banale manquent un peu de caractère sur une telle voiture. La boîte de vitesses est un régal, tout comme l'embrayage. Les rapports s'enchaînent, à la montée et à la descente, sans à-coups. Le train avant colle à la route. La voiture se montre ainsi agile, bien plus que la C3, et on s'amuse sur itinéraire sinueux. La tenue de cap à haute vitesse est aussi sécurisante. Sous cet angle, nous n'avons aucun grief à formuler. Si ce n'est un confort typé ferme. A cause, notamment, des grandes jantes de 17. Pavés, ralentisseurs, trous dans la chaussée, sont nettement ressentis.

La DS3 est assez chère. La gamme démarre à 15.400 euros, mais culmine à 20.000 euros sur les versions à essence, 21.200 avec les diesels. La "Sport Chic" offre la climatisation automatique et l'intérieur en alcantara (daim synthétique). Mais, la liste des options est fournie. Outre le cuir, un système de navigation sera facturé 950 euros. La peinture métallisée ou nacrée est à 420 euros. Les divers adhésifs sont également disponibles moyennant finances. Ceux du toit valent 400 euros. Evidemment, tout cela est moins cher que sur une Mini, à puissance équivalente. Mais tout de même !

Objectivement, la DS3 est une bonne "petite", plutôt homogène. A part la finition, le reste n'est pas vraiment critiquable. Le hic, c'est que nous n'avons pas ressenti le même coup de c?ur qu'avec la Mini ou la 500. Peut-être parce que la DS3, trop proche de la C3, ne joue pas sur la fibre nostalgique. La Citroën est finalement un peu trop rationnelle à notre goût pour une voiture de charme.

Modèle d'essai : Citroën DS3 THP Sport Chic : 20.000 euros
Puissance du moteur : 150 chevaux (essence)
Dimensions : 3,94 mètres (long) x 1,73 (large) x 1,46 (haut)
Qualités : moteur disponible, transmission agréable, bonne tenue de route, palette de coloris séduisante
Défauts : planche de bord de la C3, un certain maque de caractère, suspensions fermes
Concurrentes : Fiat Abarth 500 : 18.500 euros ; Alfa Romeo Mito 1,4 16v T-Jet 155 Distinctive : 19.200 euros ; Peugeot 207 1,6 THP 150 Féline : 20.400 euros ; Mini Cooper S : 23.950 euros

Note : 14 sur 20