Essai auto : Volkswagen Touareg hybride, cher, puissant et (un peu) écologique

Par Alain-Gabriel Verdevoye  |   |  963  mots
A 84.550 euros, ce n'est pas un concurrent des Toyota Prius ou Honda Insight hybrides. Mais ce gros 4x4 aussi luxueux que performant autorise un réel plaisir de conduite. Tout en limitant ses consommations et émissions de C02. Ceci dit, en Europe, un bon diesel fait aussi bien.

Ah, évidemment, un 4x4 de plus de 2,2 tonnes "écologique", cela peut prêter à sourire. Un tarif de 84.550 euros aussi. C?est sûr, le Touareg hybride n?est pas un rival des Toyota Prius ou Honda Insight. Pas même du 4x4 Lexus RX 450h, moins performant et agréable à mener. Non, ce gros engin hyper-luxueux, aux accélérations sportives et aux prestations hors normes, est tout simplement ce qui se fait de mieux aujourd?hui en matière de véhicules hybrides. Normal, ceci dit, vu le prix.

Pour faire passer la pilule du surcoût intrinsèque de l?hybride, le groupe allemand a décidé d?inaugurer cette technologie sur un très haut de gamme. Produit à bien moins de 5.000 exemplaires, le Touareg hybride permet à Volkswagen d?explorer à très petites cadences ce nouveau marché. Mercedes et BMW suivent la même démarche. Au contraire des Japonais, aux prix et prestations plus démocratiques.

Le Touareg est tout d?abord un superbe véhicule (dans son genre), à l?habitacle extrêmement cossu. La finition est remarquable. Aucun détail n?a été négligé. Matériaux cossus et assemblages rigoureux sont exemplaires. La marque de la voiture du peuple n?a pas grand-chose à envier à Audi. Même si quelques grincements de mobilier sur chaussée dégradée ont pu altérer la sérénité de notre essai. Les sièges offrent un formidable confort avec des réglages en tous sens. La position de conduite, très haute, donne l?impression de dominer la route avec un sentiment de sécurité fort agréable. L?équipement est pléthorique, avec des petites attentions et des tas de gadgets plus ou moins utiles. Mais, attention, beaucoup sont en option à des tarifs dissuasifs.

Les 380 chevaux sont vraiment là. Il y a même tellement de puissance que l?on a du mal à doser l?accélération en ville. Le mastodonte s?est à peine ébroué qu?il faut déjà le freiner des quatre fers, pour ne pas écraser la voiture qui précède. A noter d?ailleurs au passage que le freinage est difficile à doser. Le Touareg ne représente donc par forcément l?idéal, en plus de ses mensurations, pour une conduite citadine. Mais, ailleurs, il est souverain. Malgré le poids, nous avons même été surpris par la relative agilité du Touareg sur route de montagne.

Puissant, sûr, précis, efficace, ce véhicule confirme globalement la suprématie allemande dans le très haut de gamme. Et autant dire que nous avons eu beaucoup de plaisir au volant d?un modèle pareil. On se sent réellement dans un autre monde automobile, isolé des autres. En plus, le Touareg empruntera sans problèmes les chemins non revêtus. A condition qu?ils soient carrossables.

Ceci dit, après tant de superlatifs, nous avons des critiques à formuler. Le confort, tout d?abord, manque un peu de soyeux sur chaussée dégradée. Et les trains roulants deviennent carrément fermes avec les nombreuses montes optionnelles sur de très grandes roues de 19, 20, 21 pouces, ridicules pour un tout-terrain. Même si les clients qui risqueront le bel engin sur piste seront ultra-minoritaires. Autre défaut : même en position "S", la boîte automatique à huit rapports passe trop vite au rapport supérieur et ne rétrograde pas assez activement. A cause du poids. Sur route sinueuse, le recours à un passage manuel des vitesses est obligatoire.

Enfin, le bilan énergétique nous a déçus. Si, sur le papier, le Touareg hybride consomme 8,2 litres aux 100 km, il s?agit de valeurs purement théoriques, atteignables uniquement si on le conduit avec un ?uf sous la pédale d?accélérateur. Mais, alors pourquoi acheter un véhicule de 380 chevaux ? Certes, on démarre en électrique et, si l?on accélère tout doucement, on arrive à maintenir ce mode électrique jusqu?à 20 kilomètres-heure. Mais, en conduite soutenue sur itinéraire montagneux, nous avons atteint les 14,7 litres d?essence en moyenne. Pas très économique ou écologique ! Une fois de plus, nous remarquons que les consommations "normalisées" enregistrées par les voitures hybrides ne se retrouvent jamais dans la réalité !

Du coup, le Touareg hybride se voit concurrencé par un modèle bien plus intéressant que lui sur le marché européen : le Touareg diesel? Même avec le "petit" moteur de 240 chevaux, que nous avons essayé brièvement par ailleurs, le Touareg V6 TDi distille des performances largement suffisantes vu les conditions de circulation actuelles. Il est même plus agréable en ville. Il ne consomme pas plus, plutôt moins même. Il boit du gazole, moins cher que le sans plomb de l?hybride. Et il est disponible à partir de 55.600 euros. Quitte à rajouter quelques options pour arriver au niveau d?équipement du modèle hybride, disponible, lui, uniquement en finition de pointe Carat Edition.

Si l?on trouve le diesel V6 trop juste, il est toujours possible d?opter pour un gros diesel V8 de 340 chevaux à 80.200 euros. Encore quelques milliers d?euros de gagnés par rapport à l?hybride, qui, finalement, n?est? destiné qu?aux Américains, voire aux Chinois, allergiques au gazole.

 

Modèle essayé : Volkswagen Touareg hybride : 84.550 euros environ (+750 euros de malus)
Puissance du moteur : 380 chevaux (essence-électrique)
Dimensions : 4,79 mètres (long) x 1,94 (large) x 1,73 (haut)
Qualités : moteur puissant, conduite comparable à celle d?un véhicule à essence, tenue de route sûre, ligne et présentation élégantes, luxe à bord
Défauts : prix élevé, consommations sur route, boîte automatique insuffisamment réactive, intérêt de cette version face au diesel
Concurrentes : Lexus RX 450h Pack Luxe, 58.900 euros

Note : 14 sur 20