Espionnage industriel : Renault porte plainte

Le constructeur automobile a annoncé ce jeudi qu'il portait plainte contre X pour des faits constitutifs d'espionnage industriel commis en bande organisée. Il a mis à pied la semaine dernière trois cadres, dont un membre du comité de direction, soupçonnés d'avoir livré des secrets industriels, dans une affaire qui impliquerait une piste chinoise.
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Renault a déposé plainte ce jeudi dans l'affaire d'espionnage industriel présumé visant trois de ses cadres, après une série d'entretiens préalables à un licenciement qui ont eu lieu mardi entre la direction et les salariés mis en cause. Le constructeur automobile a mis à pied la semaine dernière trois cadres, dont un membre du comité de direction, soupçonnés d'avoir livré des secrets industriels, dans une affaire qui, selon la presse, impliquerait une piste chinoise.

A la sortie du siège social de Renault à Boulogne-Billancourt, un des cadres, Michel Balthazard, directeur de l'amont et des projets, a réfuté mardi toutes les accusations portées à son encontre. "Renault porte contre moi des accusations très graves que je réfute totalement. Il m'a été exposé des faits que je réfute également complètement", a-t-il déclaré à la presse à l'issue de son entretien qui aura duré plus d'une demi-heure.

Egalement visé, le directeur adjoint du programme des véhicules électriques, Matthieu Tenenbaum, a quant à lui fait savoir par son avocat qu'il avait été accusé uniquement sur la base d'une lettre anonyme. "Cette lettre anonyme indiquerait au conditionnel, de façon indirecte et implicite, selon les propres mots de la direction de Renault, que M. Tenenbaum aurait reçu des pots de vin et aurait commis des actes contraires à l'éthique", a déclaré l'avocat Thibault de Montbrial. "Quels pots de vin ? Combien ? Où ? Comment ? Par qui ? Quels actes contraires à l'éthique ? Il n'a été répondu par la direction de Renault à aucune de ces questions."

Un porte-parole de Renault a déclaré que le groupe porterait plainte mercredi dans cette affaire et a précisé que les trois cadres avaient été convoqués dans le cadre d'un "entretien préalable à une décision de licenciement pour faute lourde". La loi impose à l'employeur un délai de réflexion d'au moins 48 heures entre l'entretien et l'officialisation du licenciement. "A partir de cette date (mercredi), les éléments de cette affaire seront donc confiés à la justice", a ajouté le groupe, qui n'a pas précisé à ce stade quels seraient les motifs exacts de cette plainte et les parties visées.

LA CHINE PROTESTE

Alors que la presse française évoquait de nouveau une piste chinoise, la Chine a démenti toute implication dans cette affaire d'espionnage industriel présumé. "Nous avons noté les informations à ce propos (...). Ces accusations sont sans fondement et irresponsables. La partie chinoise ne peut les accepter", a déclaré mardi à la presse le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Hong Lei. Une source proche du gouvernement français avait indiqué la semaine dernière que la Direction centrale du renseignement intérieur (DCRI) enquêtait sur une piste chinoise.

Le porte-parole du gouvernement français, François Baroin, a précisé de son côté que la France n'accusait aucun pays dans l'affaire d'espionnage présumé. "Il n'y a pas d'accusation officielle de la France et du gouvernement français à l'égard d'aucun pays aujourd'hui. Nous sommes dans le cadre d'une enquête (...) Renault, comme d'autres, est victime d'une guerre d'intelligence économique", a-t-il déclaré sur Europe 1.

Selon le Figaro, des versement d'argent d'une société chinoise de distribution électrique sur des comptes à l'étranger appartenant à des cadres mis à pied par Renault. . Le Financial Times évoque de son côté l'existence de comptes en Suisse. Renault s'était dit ce week-end victime d'une filière internationale organisée qui aurait pu avoir accès à des informations sur les futurs véhicules électriques, un programme stratégique sur lequel le constructeur a investi quatre milliards d'euros avec son partenaire japonais Nissan. Son directeur général délégué, Patrick Pélata, a assuré toutefois qu'"aucune pépite technologique" sur la batterie, le chargeur ou le moteur n'avait pu filtrer.

Selon le Canard Enchaîné à paraître mercredi, le gouvernement n'aurait été informé de cette affaire qu'au dernier moment alors que l'Etat est toujours actionnaire à hauteur de 15% dans le capital du groupe français.

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