Référendum crucial pour l'usine turinoise de Fiat

En cas de refus de l'accord durcissant les conditions de travail, l'avenir du site apparaît sombre.
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L'avenir de l'usine de Fiat à Mirafiori (Turin) est suspendu ce vendredi au vote des salariés. Les 5.500 salariés doivent ratifier un accord clé, conclu juste avant Noël. Sergio Marchionne (photo), administrateur délégué du groupe italien, a été clair : ou le personnel accepte un durcissement des conditions de travail, ou l'investissement prévu ira... ailleurs. Chantage, vous avez dit chantage ?

Le référendum a démarré jeudi soir et doit se clore ce vendredi à 17h45 GMT. A l'exception de la Fiom - branche métallurgie de la CGIL, premier syndicat du pays - , tous les syndicats ont signé cet accord, le 23 décembre. Le résultat du vote reste toutefois incertain. Car cet accord remet fondamentalement en cause un certain nombre de "droits acquis". Il prévoit notamment  un contrat spécifique pour les ouvriers de Mirafiori, lesquels ne dépendront donc plus de la convention collective de la métallurgie. L'usine pourra tourner vingt-quatre heures sur vingt-quatre, jusqu'à six jours par semaine. Les pauses seront réduites, le nombre d'heures supplémentaires maximales triplé. Des sanctions sont en outre prévue en cas d'absentéisme jugé anormal. En échange, les salaires augmenteront grâce au travail de nuit et aux heures supplémentaires. 

Un référendum sur un accord similaire à l'usine de Pomigliano (Naples), à la productivité traditionnellement désastreuse, avait déjà recueilli 62% de oui en juin. Mais le vote de Mirafiori suscite davantage de passions en Italie, car il concerne l'usine historique du constructeur transalpin en son fief  turinois. Mirafiori fait donc figure de symbole, de test sur l'aptitude de l'Italie à se réformer pour les uns, de test sur la capacité de résistance des travailleurs au sacrifice de leurs doits sociaux pour les autres.

Fiat a annoncé qu'il investirait plus d'un milliard d'euros à Mirafiori, si l'accord était ratifié, pour produire jusqu'à 280.000 Jeep (Chrysler) et Alfa Romeo par an.
Une bonne partie de la production envisagée doit être exportée. Sergio Marchionne a fait miroiter un investissement total de 20 milliards d'euros d'ici à 2014 dans le pays, pour y doubler la production. A condition que l'Italie retrouve sa compétitvité. En cas de victoire du non, Mirafiori serait condamné, car l'usine tourne aujourd'hui au ralenti avec de vieux modèles en fin de vie. 

Sergio Marchionne estime ce type d'accords indispensable pour que les usines italiennes arrêtent de perdre de l'argent. Le bouillant dirigeant avait créé une forte émotion en octobre dernier, lorsqu'il avait déclaré que les sites italiens ne rapportaient pas d'argent au consortium. L'administrateur délégué, un italo-canadien qui est l'un des patrons de l'automobile mondiale les mieux payés, aime à comparer la productivité de son site polonais de Tychy (Fiat Panda, 500, Ford Ka et bientôt  Lancia Ypsilon), qui compte moins de 7.000 salariés et produit autant de voitures que  les 22.000 personnes de la branche automobile en Italie.  La comparasion est toutefois injuste. Car Tychy fabrique des modèles siimples, d'entrée de gamme, sur la même plate-forme. Les sites italiens produisent des véhicules plus complexes, sur des plates-formes souvent différentes.

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