L'essai auto du week-end : Renault Laguna, une excellente berline sous une robe insipide

Par Alain-Gabriel Verdevoye  |   |  859  mots
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Le restylage ne change pas grand-chose. La carrosserie passe inaperçu et la présentation intérieure est sans inspiration, malgré une bonne finition. Dommage. Car, la Laguna est bourrée de qualités. Avec les quatre roues directrices, elle devient très maniable.

Les ventes sont médiocres. Clairement, le public boude cette Laguna. Et le restylage, qui rend l'avant un peu plus agressif, ne devrait pas suffire à relancer sa carrière. Il est vrai que sa carrosserie, fluide, sans aspérités, mais sans charme particulier, n'accroche pas le regard. Parfait pour passer inaperçu. A l'intérieur, la présentation manque aussi de séduction. C'est propre, bien fini, mais sans âme. Le comble pour une "voiture à vivre". Et ce n'est pas la "décoration" en plastique gris luisant sur la console ou les contre-portes qui peut réchauffer un ensemble peu chaleureux. Dommage.

Habitabilité trop juste

Notons aussi quelques défauts, comme une colonne de direction implantée trop bas, un compteur de vitesse trop petit et gradué inutilement jusqu'à... 270 (pour l'esbroufe), un manque flagrant d'espaces de rangement et surtout une habitabilité juste pour une familiale. On se sent un peu confiné à l'avant, avec la tête qui touche le pavillon si l'on rehausse le siège, surtout avec le toit ouvrant qui rabaisse la garde au... toit ! A l'arrière, la place pour les jambes est comptée. Et le coffre n'a rien d'extraordinaire. Ce n'est pas tellement mieux que sur une Mégane compacte, du segment inférieur. Recommandons tout de même le break Estate, un peu plus pratique et, à notre sens, plus esthétique que la berline (supplément de 1.200 euros) !

Une conduite remarquable

C'est donc sans trop d'enthousiasme qu'on prend le volant. Et... on a tort. Car, là, changement complet de sentiments ! Tout de suite, le sourire arrive sur les lèvres. Notre modèle, équipé de l'inédit système à quatre roues directrices "4 Control", est remarquable d'efficacité ! A toute petite vitesse, les quatre roues tournent dans le même sens. Du coup, la maniabilité est extraordinaire. On se gare avec une facilité déconcertante. Dès que la vitesse s'élève, les roues arrière braquent en revanche à contresens des roues avant. L'agilité sur route sinueuse surprend alors. La tenue de route est excellente, comme sur une Peugeot 508 d'ailleurs. Les françaises sont vraiment les reines à cet égard. La Laguna "4 Control" est une vraie sportive. Quel plaisir ! En contrepartie, il faut faire attention à une direction fort sensible au moindre mouvement des mains sur le volant. Dans les virages, attention à ne pas braquer trop fort ! Le "4 Control" demande une certaine habitude pour doser l'effort. Sinon, on se retrouve à corriger bêtement au volant une trajectoire un peu aléatoire. Le système nous semble trop sensible.

Mécanique agréable

Notre version équipée d'un moteur diesel de 175 chevaux affichait un agrément mécanique également de bon niveau. Accélérations, reprises, il y a ce qu'il faut. Rien à redire. Même si un quatre cylindres n'offrira jamais l'agrément d'un cinq ou six cylindres. Le fonctionnement est très civilisé. Notre modèle était pourvu de la boîte automatique à six rapports, très douce. Un reproche, cependant : nous déplorons que Renault s'obstine à ne pas prévoir de position "Sport" sur sa transmission. En entrée de virage, la boîte ne rétrograde pas assez vite. Agaçant. Surtout avec un châssis aussi sportif. Pourquoi ne pas faire comme PSA, qui prévoit une ingénieuse position "S" ?

Confort spartiate

Si le niveau sonore est très acceptable, en raison notamment de résonances bien maîtrisées qui prouvent le sérieux de la fabrication, le confort apparaît ferme. Les grandes roues de 18 pouces aux pneus à flancs bas (avec les quatre roues directrices) renforcent cette sécheresse. Les trépidations sur mauvaise route sont très nettement ressenties. Ceci dit, on n'est pas secoués dans tous les sens. Du coup, si l'on admet cette option sportive, le confort reste fort acceptable. Pour le conducteur du moins. Mais c'est tout de même bien dur pour une familiale.

Un prix compétitif en soi

Le tarif de notre modèle d'essai, correctement équipé - attention au signalement des radars pas toujours fiable ! - et techniquement évolué, est compétitif en soi. Seulement, voilà, rien n'est objectif dans la vie. Et, quelles que soient les qualités de cette Laguna, la facture finale apparaît trop salée pour une Renault. Dès lors, la diffusion ne peut être que limitée. Cette excellente voiture, qui semble fiable d'après les enquêtes auprès des clients, aurait incontestablement mérité une robe ainsi qu'une ambiance intérieure moins fades et un peu plus d'habitabilité. Mais, ceux qui feront le pas ne regretteront sans doute pas leur achat dans la vie quotidienne.

Modèle d'essai : Renault Laguna 2,0 dCi 175 GT 4 Control bva : 31.800 euros (+750 euros de malus)
Puissance du moteur : 175 chevaux (diesel)
Dimensions : 4,70 mètres (long) x 1,81 (large) x 1,45 (haut)
Qualités : tenue de route sûre, agilité (système "4 Control"), agrément mécanique, bonne finition, filtration des bruits satisfaisante
Défauts : boîte automatique sans position "Sport", carrosserie et présentation sans charme, habitabilité juste, détails d'ergonomie
Concurrentes : Peugeot 508 HDi 164 Allure bva : 32.650 euros ; Opel Insignia 2,0 CDTi 160 Cosmo Pack bva : 33.750 euros ; Volvo S60 D3 Geartronic Momentum : 34.000 euros

Note : 14,5 sur 20