L'essai auto du week-end : Opel Insignia Sports Tourer, une familiale germano-américaine qui veut jouer les Audi

Sa carrosserie voyante, son intérieur ultra-équipé, sont flatteurs. Le prix très compétitif fait oublier des prestations en retrait par rapport à une Audi, évidemment, mais aussi une VW Passat ou une Peugeot 508.
Copyright Reuters

La ligne constitue son atout essentiel. Avec ses faux airs de coupé, ses galbes travaillés, la berline en jette. Elle fait grosse voiture et on la remarque. Le style est évidemment un peu voyant, voire prétentieux, mais ceux qui aiment se montrer apprécieront. Avec son arrière copié d'un 4x4 Audi Q7, la version break Sports Tourer est, selon nous, encore plus réussie. Décidément, Audi est aujourd'hui le grand inspirateur des stylistes du monde entier.

Habitabilité entravée par le design

A l'intérieur, l'Opel en met aussi plein la vue. Avec une planche de bord très enveloppante, un peu compliquée. Tellement d'ailleurs qu'elle donne la sensation d'être un peu à l'étroit, tant on est entouré par cette masse de plastique noir. Des multiples courbures stylisées, qui entravent également l'accessibilité. Les surfaces vitrées réduites participent à cette impression voulue de confinement. Cela fait "sport", paraît-il, selon les canons du design-marketing en vogue. Notons à cet égard la faible hauteur du pare-brise, qui empêche parfois de bien voir les feux rouges, et une lunette arrière presque symbolique. Comme les rétroviseurs extérieurs sont un peu trop arrondis, il est clair que la vision vers l'extérieur n'est pas le point fort de l'auto. Autre incidence de ce style tout en courbes : l'habitabilité n'a rien d'extraordinaire sur une voiture qui est aussi longue que feue la Peugeot 607. Elle est, de loin, la plus grosse du segment des familiales. Ici, le style agressif a primé sur toute autre considération. Heureusement, le coffre très carré et servi par un large hayon est pratique. Mais le bouclier arrière proéminent empêche d'accéder au fond dudit coffre.

Equipement pléthorique

L'équipement constitue un autre point fort. Sur notre version de pointe Cosmo Pack, on a à peu près tout, et même le superflu : GPS, projecteurs directionnels au xénon, sellerie cuir, sièges avant électriques, surveillance de la pression des pneus... Opel a mis tout ce qu'il pouvait au catalogue, mais au mépris parfois des aspects pratiques. Ainsi, le verrouillage automatique des portes ne se fait pas...quand on est à l'intérieur. On roule donc portières non verrouillées. Par ces temps d'insécurité, c'est dommage. Le désenclenchement des radars de stationnement s'annule à chaque arrêt du moteur. Et il faut alors replonger dans des menus et sous-menus. D'autres équipements ont un fonctionnement bizarre. Le siège peut coulisser en arrière automatiquement à l'arrêt, pour laisser sortir plus facilement le conducteur. Mais, malgré nos tentatives, il ne se remet pas en position initiale ! Il faut donc le régler à nouveau. Absurdité ou dysfonctionnement ?

Par ailleurs, la lecture des panneaux de limitation de vitesse qui s'affiche devant les yeux est en soi une bonne idée. Mais, les renseignements ne sont pas toujours fiables. Si l'on est sur une autoroute limitée à 130 et qu'il y a une sortie à 70, la voiture affiche : "vitesse limitée à 70", sans discerner si on sort ou pas. Enfin, quand il lit un panneau, le système l'affiche durant une minute... en substitution de l'indicateur de vitesse. Du coup, quand on aborde un radar fixe pré-signalé, on ne sait plus à quelle vitesse on roule ! Quant aux multiples réglages lombaires du siège, ils ne permettent pas de trouver la position idéale. Le dossier demeure trop cambré. Bref, certains détails manquent de fonctionnalité. En revanche, l'absence de bruits parasites démontre une construction très sérieuse.

Moteur bruyant et peu sobre

Le moteur diesel de 160 chevaux n'a rien du foudre de guerre. Ses prestations sont cependant convenables et suffisantes. Mais la mécanique ne se réveille véritablement qu'à partir de 1.500 tours-minute. Le problème essentiel, c'est que ce moteur ne peut rivaliser en raffinement avec les meilleures rivales. Il est rugueux et très bruyant à l'accélération. Un peu comme un diesel d'antan. Notre véhicule d'essai était équipé d'une boîte automatique, pas non plus au "top". Celle-ci fait correctement son boulot, mais demeure un peu lente. Les relances brusques lui déplaisent, ce qu'elle manifeste par des à-coups. Dans les encombrements, le fonctionnement gagnerait donc à être plus fluide. Cela manque un peu de finesse. En revanche, l'option boîte auto à 950 euros seulement est beaucoup moins chère que sur les rivales. Contrepartie de cette relative absence de modernité : les consommations sont plus élevées que du côté des concurrentes, avec 9,3 litres aux cent sur notre parcours.

Monte pneumatique inadaptée

Les trains roulants n'appellent pas de critiques particulières. Mais on ne ressent pas la précision de conduite d'une... Volkswagen Passat, Peugeot 508 ou Renault Laguna. Les énormes roues de 18 pouces de série, avec des pneus extra-fins, sont peut-être bonnes pour le style, mais, comme d'habitude, elles entraînent des fâcheux résultats, à savoir des secousses désagréables, dès que la chaussée présente des inégalités, c'est-à-dire dans 90% des cas ! Cette raideur trépidante est fatigante en ville et sur petite route. Du coup, sur chaussée abîmée, le train avant vibre, se cabre, en fonction de l'état du bitume, de façon sonore de surcroît. Nous avons l'impression de répéter toujours les mêmes choses. Mais il faut que designers et marketeurs comprennent enfin qu'une voiture est faite pour rouler au quotidien, pas seulement pour être exposée dans un salon de l'auto ! Ceci dit, le confort s'améliore heureusement au fur et à mesure que la vitesse s'élève. Mais la monte pneumatique de série est inadaptée ! Appel au constructeur : qu'il prévoit d'urgence, au moins en option gratuite, une monte plus rationnelle, qui améliorerait de beaucoup le confort et même le comportement !

Tarif compétitif

Le tarif constitue un autre atout maître. C'est moins cher que la concurrence, avec un équipement supérieur. Il faut évidemment pondérer l'avantage financier par des consommations supérieures et un coût d'entretien qui n'est pas donné. Mais l'Insignia peut constituer un bon choix pour ceux qui aiment son "look" moderne. Même si elle apparaît moins aboutie et homogène qu'une Passat ou une 508, voire même qu'une Ford Mondeo.


Modèle d'essai : Opel Insignia Sports Tourer CDTi 160 Cosmo Pack : 33.900 euros
Puissance du moteur : 160 chevaux (diesel)
Dimensions : 4,91 mètres (long) x 1,86 (large) x 1,52 (haut)
Qualités : carrosserie flatteuse, prix compétitif, équipement fourni, comportement routier sans problèmes
Défauts : moteur sonore, boîte auto un peu lente, confort trop ferme, visibilité limitée, quelques équipements bizarres
Concurrentes : Ford Mondeo SW 2,0 TDCi 163 Sport Edition : 34.250 euros ; VW Passat SW TDi 170 Carat : 35.850 euros ; Peugeot 508 SW 2,0 HDi 163 Féline (bva) : 37.800 euros.

Note : 13 sur 20

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaires 6
à écrit le 30/04/2014 à 12:31
Signaler
regrettable. tous ces articles rédigés par des journalistes qui attendent de ces véhicules des performances bien loin de l'utilisation "civile" de leurs propriétaires. pour ma part, un modele sport tourer de 2010, plus que ravi !!!!! évidemment, n...

à écrit le 25/06/2013 à 8:16
Signaler
Je ne suis pas d'accord avec l'article, j'en ai une de 2011 160bva et c'est du pur bonheur. Il ne faut pas aller dans les menus pour les radars, il y a un bouton sur la console et il ne se désactive pas à chaque fois. Les portes se ferme en roulant o...

à écrit le 18/03/2013 à 17:27
Signaler
la voiture est exceptionnelle en tout point !!!!! ; pas d autre commentaire

à écrit le 26/02/2013 à 11:09
Signaler
comment un journaliste peut pondre un tel article! vous avez essayé quel millésime de l'insignia?

à écrit le 21/01/2012 à 15:52
Signaler
Excellent article...Enfin un journaliste qui a essayé une vraie Insignia.

à écrit le 21/01/2012 à 14:28
Signaler
Bonjour, pas possible le journaliste a dû essayé un prototype, à part les jantes 18" ou là il y a du vrai (mais avec une moins value l'Insignia peut être équipée autrement) si non le tout le reste me parait exagéré voir inexistant ou alors je n'est p...

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.