Carlos Tavares devrait prendre les rênes de Renault

Ce centralien de 52 ans, fidèle du PDG Carlos Ghosn, devrait remplacer Patrick Pélata, sauf coup de théâtre. L'État français est préoccupé par le poids croissant de Nissan au sein de l'Alliance.
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Carlos et Carlos. L'un est d'origine brésilienne, l'autre portugaise. Le premier fait une absolue confiance au second, lequel est à son tour un fidèle parmi les fidèles de l'autre. Selon nos informations, Carlos Ghosn, PDG de Renault et Nissan, s'apprête, en principe, à introniser Carlos Tavares, actuel responsable des activités américaines du constructeur japonais, à la direction opérationnelle de l'ex-Régie. Un coup de théâtre de dernière minute ne peut toutefois être écarté. Favori de Carlos Ghosn dès le départ, Carlos Tavares, 52 ans, doit « vraisemblablement » remplacer Patrick Pélata, qui avait été sacrifié en avril dernier suite à la fausse affaire d'espionnage. Une nomination qui devrait être annoncée « d'ici à trois semaines ». A priori début juin. Même si « aucun arbitrage pour cette nomination n'a encore été fait », d'après une source gouvernementale.

Ce centralien, arrivé chez Renault en 1981 et parti chez Nissan en 2004, a été reçu le 9 mai dernier par le cabinet d'Éric Besson, ministre de l'Industrie, puis une dizaine de jours plus tard par celui de Christine Lagarde, ministre de l'Économie et des finances.

Si sa nomination était confirmée, cet ingénieur assez froid et sec, mais réputé rigoureux, clair, ultra-compétent chez Nissan où il a géré avec succès la crise en Amérique du Nord, reprendrait le titre de directeur général délégué, qui était celui de Patrick Pélata, dont le nouveau point de chute pourrait être annoncé concomitamment.

Mais, à terme, cette situation pourrait évoluer vers une fonction de direction générale, indiquait dernièrement notre confrère « Le Monde ». « On voudrait une plus grande autonomie du numéro deux de Renault », souligne-t-on à Bercy. Carlos Ghosn, qui se partage entre la France, le Japon, l'Amérique du Nord (où Renault n'est pas) et les autres principaux marchés de l'Alliance comme la Chine (domaine exclusif de Nissan) passe de facto plus de temps chez le constructeur nippon que chez le français... En outre, à l'Élysée, on nourrit toujours des griefs contre ce PDG indépendant, qui délocalise trop...

L'État français, qui détient 15 % de Renault, veut profiter de ce changement de témoin pour peser davantage dans le destin de l'ex-Régie. Comme pour se faire pardonner les délocalisations dont il ne s'est guère préoccupé jusqu'au début 2010. « Le gouvernement veut regarder les fenêtres d'opportunité stratégique, pour que Renault prenne des initiatives. Afin de lui redonner sa place au sein de l'Alliance ». À Bercy, on déplore in petto que le poids de Nissan s'accroisse progressivement au détriment de la firme tricolore. Pis. Carlos Ghosn avait évoqué, en février, un réexamen de la structure financière de l'Alliance. Renault détient 43,4 % de Nissan, lequel ne possède que 15 % du français (sans droits de vote). Pourquoi la firme au losange n'abaisserait-elle pas sa participation, s'étaient exclamé, à l'époque, les analystes financiers ? Au gouvernement, on ne veut pas en entendre parler. « ça ne fait pas partie a priori de nos discussions », lâche-t-on.

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