Essai auto : Audi A6, une certaine idée de la perfection

Par Alain-Gabriel Verdevoye  |   |  1349  mots
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C'est sans doute la meilleure grande routière du moment. Belle, remarquablement finie, brillante, extrêmement agréable à piloter, elle est même d'une sobriété exemplaire.

Vraiment, on a beau dire : les belles allemandes sont... magnifiques ! L'Audi A6 est ainsi une pure merveille d'élégance chic, d'équilibre des volumes, d'agressivité contenue. Tradition, classe et modernité à la fois. Une sorte de beauté universelle "transculturelle", comme chez BMW et Mercedes. Pas étonnant que ces voitures intemporelles plaisent dans le monde entier ! On a l'impression que la carrosserie a été dessinée d'un seul jet, tant les lignes paraissent simples, naturelles, dépourvues de fioritures. Rien à voir avec les boursouflures laborieuses, clinquantes, surajoutées, d'une Opel, d'une Hyundai ou... d'une Citroën DS !

Finition somptueuse

A l'intérieur, c'est pareil ! Un cocktail de classicisme cossu et rassurant, ainsi que d'innovations. Tout est net, clair, précis, sans fausse note ni chichis bizarroïdes. Avec une formidable rigueur de conception et de fabrication. Les matériaux employés sont de très grande qualité. Les placages d'aluminium sur la planche de bord, la console et les contre-portes (équipant notre modèle d'essai), étaient d'un raffinement ! Avis aux constructeurs qui essayent de l'imiter grossièrement avec du "plastoc" grisâtre : inventez autre chose, SVP, parce que, comme le bois, l'aluminium est inimitable avec du faux ! Même aspect flatteur pour le cuir cognac de nos sièges.

Habitabilité intéressante mais pas exceptionnelle

Habitabilité et capacité du coffre n'appellent pas de critique, mais la place à l'arrière n'a rien de fantastique vu la longueur du véhicule. Quant à la banquette arrière, elle apparaît trop inclinée et bien basse. Tous les passagers n'apprécieront pas. La colonne de direction, un peu basse aussi comme sur les Mercedes, pourra gêner également certains conducteurs qui aiment conduire haut perchés. Les nombreuses possibilités de réglages du siège génèrent néanmoins une position de conduite quasi-idéale.

Réglages complexes

Quant à l'ergonomie, elle est parfois discutable. Ainsi le système central entre les sièges pour régler radio, navigation et tout le reste... apparaît complexe. Même pour actionner une simple radio, on quitte la route des yeux... Pas terrible. Les menus, sous-menus... sont lassants. Les non passionnés d'informatique seront vite irrités. Enfin, les multiples sécurités exaspèrent. Impossible ainsi de desserrer le frein à main électrique si... l'on n'appuie pas sur la pédale de freins. A force de prendre le conducteur pour un imbécile potentiel, la voiture l'empêche de faire ce qu'il veut. Quant à l'écran central escamotable, il est superbe. Mais, si on l'éteint, il prend un certain temps à se redéployer. Fâcheux lors d'une marche arrière, puisque la caméra de recul, qui s'affiche dessus, prend un sacré retard...

Enfin, des contradictions sont bizarres. Notre véhicule disposait du démarrage sans clé... Pourquoi pas ? Mais, en revanche, il fallait appuyer sur cette clé pour entrer ou sortir ! Tiens, puisqu'on en est à la grogne, ajoutons le lecteur des panneaux de limitation de vitesses qui, comme chez les concurrentes, n'est pas toujours fiable ! Des fois, il se mélange les pinceaux et donne des indications bizarres. Bref, toute cette profusion de gadgets plus ou moins fonctionnels ravira sans doute les amateurs des dernières pseudo-trouvailles ludiques, mais emm... les autres. Un peu de simplicité ne ferait pas de mal.

Moteur envoûtant et sobre

Le moteur, un V6 diesel de 204 chevaux est une magnifique pièce d'orfèvrerie. Tout y est : bruit envoûtant, souplesse, vivacité. Un velouté qui n'a strictement rien à voir avec celui d'un simple quatre cylindres, comme celui d'une Peugeot 508 2,2 HDi. Et qu'on ne nous rétorque pas que les V6 ne sont plus utilisables, à cause de la chasse au C02 ! Notre Audi dotée d'un gros moteur de 3 litres de cylindrée émettait moins de C02 (137 grammes au kilomètre à peine !) qu'une... simple 508 2,2 HDi, plus petite (150) ! Audi comme BMW savent faire incontestablement des gros moteurs aussi plaisants que sobres ! Et si PSA déclare forfait avec son V6 HDi, c'est parce qu'il n'a pas le savoir faire des allemands dans les mécaniques haut de gamme. Nous avons consommé 7,8 litres aux cent à peine durant notre essai, en profitant sans restrictions du potentiel mécanique... Une prouesse. Petite réserve : le "Stop and start" (arrêt et redémarrage automatiques du moteur au feu rouge) fonctionne sans problème, mais le léger laps de temps qu'il lui faut pour redémarrer est un peu pénible dans les embouteillages.

Transmission automatique fluide

"Notre" belle mécanique était couplée à une boîte automatique à variation continue Multitronic et huit rapports (de série), douce et feutrée, aux passages de rapports imperceptibles, mais qui manque un peu de réactivité au rétrogradage, même en position "S". Comme chez BMW, la multiplication des vitesses est sans doute une bonne chose pour abaisser les consommations et le C02, mais, à force, il y en a trop ! Et on est souvent une ou deux vitesses trop haut. D'où un manque de frein moteur en descente. Ceci dit, on peut toujours utiliser la transmission en mode manuel. Le répondant et la rapidité d'exécution deviennent alors un régal. Mais, on n'achète quand même pas une automatique pour changer les vitesses !

Confort de très haut niveau

Notre modèle était équipé (en série) d'un système permettant de configurer sa voiture à la carte ("Drive Select"), en agissant sur la direction, le moteur et la boîte, permettant ainsi de choisir entre des modes confort, automatique ou dynamique. On se rend vite compte que tout cela n'est vraiment intéressant que pour pallier (partiellement) la relative indolence de la boîte automatique en retardant le passage au rapport supérieur. Pour le reste... La suspension pneumatique, elle, n'est pas de série. Dommage. Elle constitue même une (très chère) option (2.350 euros). Sur notre modèle de test, elle avait toutefois l'avantage d'assurer un confort fabuleux ! C'est un rien ferme, à l'allemande, sur les petites inégalités franchies à faible allure, mais, au-delà, le confort est bluffant... Quel filtrage ! Nous n'avons pu essayer la version avec suspension standard. Notre jugement ne concerne donc que l'A6 avec suspension pneumatique. Le comportement routier est tout aussi réussi, même si la direction électrique reste un peu déroutante par sa douceur. Quelle légèreté, quelle précision, pour une si grande limousine ! Du grand art.

Tarifs gratinés

L'Audi A6 est une très belle et excellente auto qui ne déparera pas l'extraordinaire aura de l'industrie germanique. Parfait. Ceci dit, la marque aux quatre anneaux fait payer très cher sa réputation. Pas moins de 52.000 euros sont requis pour notre modèle A6 VS 3,0 TDi Ambition Luxe (avec cuir). Evidemment, c'est un rien moins onéreux qu'une BMW ou qu'une Mercedes équivalente - celle-ci avec un "pauvre" moteur quatre cylindres de surcroît. Maigre consolation. Et, gare aux options ! Une simple peinture métallisée ou nacrée est à 1.100 euros, le (petit) toit vitré ouvrant à 1.380, le double-vitrage isolant à 1.450... La technologie avancée et la qualité de construction ont un prix, mais, vu les profits, on en conclut que la firme d'Ingolstadt se ménage de belles marges. Puisque ça marche, elle aurait évidemment tort de s'en priver. L'après-vente et les tarifs d'assurance sont tout aussi chers. Heureusement, une Audi se revend facilement. Ceux qui peuvent faire le chèque auront la certitude d'avoir quasiment la meilleure routière du moment.

Modèle d'essai : Audi A6 V6 3,0 TDi Ambition Luxe : 52.000 euros
Puissance du moteur : 204 chevaux (diesel)
Dimensions : 4,91 mètres (longueur) x 1,87 (large) x 1,45 (haut)
Qualités : ligne et intérieur superbes, finition et matériaux de grande qualité, moteur puissant, souple et sobre, transmission onctueuse, confort (avec suspension pneumatique), tenue de route, agrément de conduite
Défauts : prix élevé, fonctions complexes, boîte auto pas assez réactive (au rétrogradage)
Concurrents : Renault Latitude V6 dCi Initiale : 45.000 euros ; Volvo S80 D5 Summum Geartronic : 46.650 euros ; BMW 525d Excellis (boîte auto) : 52.750 euros ; Mercedes E 250 CDi Elégance Exécutive (boîte auto) : 53.900 euros

Note : 17,5 sur 20