ESSAI AUTO Hyundai i40 : La familiale coréenne qui se veut européenne

Par Alain-Gabriel Verdevoye  |   |  1855  mots
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Le constructeur l'affirme : elle a été dessinée en Europe. Ses lignes sont pourtant plus inspirées d'une Ford Mondeo ou d'une Opel (GM) Insignia que d'une Audi A4 ou d'une Peugeot 508 ! En tous cas, la Hyundai offre un petit diesel sobre, un comportement routier sérieux et une belle habitabilité. Mais la position de conduite est perfectible. Et de nombreux détails agacent.

Hyundai vise directement la Volkswagen Passat, reine de la catégorie en Europe ! Rien de moins. Avec ce break familial illustrant sa montée en gamme, le coréen affirme disposer d'une voiture typiquement européenne, dessinée sur le Vieux continent, et capable de rivaliser avec les meilleures allemandes, françaises ou japonaises ! La firme du Pays du matin calme n'a pas froid aux yeux. D'ailleurs, pas question de faire de la figuration ! Hyundai table carrément avec ce modèle sur 60.000 ventes en Europe pour 2012. Soit la moitié à peine des volumes escomptés par Peugeot pour la 508. Et plus que ceux d'une Renault Laguna. Pas mal pour un « outsider » plus connu jusqu'ici pour ses petits modèles bas de gamme (ou ses 4x4) que pour ses routières.

Lignes un peu torturées

Alors, européenne ou pas ? Avec son « Fluidic Sculpture » ( !), Hyundai assure avoir dessiné une voiture émotionnelle, dynamique, élégante... Mmmouais, chacun ses goûts ! Pour notre part, nous la trouvons quand même un rien surchargée, presque torturée, avec plein de moulures en tous sens, pour faire riche. Pas sûr que ce soit l'idéal esthétique des Européens, comme le proclame le constructeur. D'ailleurs, l'inspiration est plutôt Ford ou Opel (GM) que Volkswagen ou Peugeot ! L'i40 ressemble effectivement à un break Ford Mondeo mâtiné d'Opel Insignia. Quant à la planche de bord, elle semble très proche de cette dernière avec quelque chose de la première ! Faux aluminium et faux bois laqué noir sont évidemment au programme. En tous cas, qu'on aime ou pas le style un brin « nouveau riche », reconnaissons des assemblages extérieurs et intérieurs soignés ainsi que des matériaux d'assez bonne qualité. De ce côté, les progrès sont flagrants. Même si on déplore des plastiques durs et des alignements approximatifs entre planche de bord et contre-portes.

Gadgets exaspérants

Les lignes très courbes, le pare-brise incliné, facilitent certes une bonne aérodynamique, mais rendent l'accessibilité pas forcément idéale. Il faut s'introduire et s'extraire avec quelques contorsions, comme sur un coupé ! Et, si l'on aime conduire en position assez haute, le front frôlera le haut dudit pare-brise. Et la tête sera carrément dans le pavillon. Gênant. Cette position de conduite perfectible doit compter avec une assise longue et relevée au niveau du genou, qui dérangera ceux qui n'ont pas de très longues jambes. La colonne de direction est aussi très basse (inspiration BMW). On a du mal à passer la cuisse entre le haut de l'assise et le bas du volant. Heureusement, en version de pointe, le siège recule automatiquement pour faciliter la sortie. Le hic, c'est qu'il se remet en place non à la fermeture de la portière ou au contact mais au démarrage. Or, pour démarrer, il faut appuyer à fond sur l'embrayage, ce qu'on ne peut faire puisque le siège est reculé à fond ! A moins de se contorsionner. Voilà l'exemple des quelques maladresses de cette Hyundai. Il y en a d'autres... Impossible de refermer ainsi le toit ouvrant sans fermer aussi le volet opaque intérieur... Et si l'on veut ouvrir le volet seulement, pour laisser passer la lumière à travers le toit vitré, celui-ci s'ouvre immanquablement. Il faut alors tâtonner et doser au millimètre la commande pour tomber pile ! Bref, il faut s'y reprendre à trois ou quatre fois. Passons aussi sur le radar de stationnement strident, qui crie avant d'avoir mal, ou le GPS qui refuse de se mettre en marche avant qu'on ait appuyé sur la touche « J'accepte ». Car, à chaque redémarrage, il affiche une stupide page de littérature du genre « je m'engage à conduire prudemment... ». Et tant qu'on n'a pas accepté, il s'obstine à ne pas fonctionner. Dans sa volonté de faire du « tout gadget », Hyundai est devenu caricatural !

Habitabilité satisfaisante mais sensation de confinement

L'habitabilité et le volume du coffre sont très satisfaisants. Parmi les meilleurs de la catégorie. Mais, les formes enveloppantes de la carrosserie, l'énorme planche de bord, donnent une impression de confinement. Du coup, si, mètre en main, on a de la place, ce n'est pas ce que l'on ressent. A l'avant, on a même l'impression d'être dans un véhicule étriqué. Cette obsession du coupé... Alors que l'ex-grande berline Hyundai Sonata était carrée, accessible et habitable, la nouvelle i 40 en prend l'exact contre-pied. Un peu excessif.

Beaucoup d'équipements

Question équipements dernier cri, Hyundai en met donc plein la vue Accès et démarrage mains libres, caméra de recul, GPS, dès le deuxième niveau de finition Pack Business. On a droit au toit ouvrant panoramique et à l'assistance pour se garer (destinée à ceux qui n'ont jamais appris à faire un créneau) sur la finition Pack Premium. Sur la version de pointe Premium Limited, on bénéficie en plus de l'assistance au maintien en ligne droite, des feux adaptatifs au xénon, des sièges avant chauffants et ventilés et, bien évidemment, du cuir. Dommage que cette profusion ne se retrouve pas dans le choix des coloris extérieurs, limité : blanc ou trois nuances de gris-noirs tristes ! A l'intérieur, seule la version la plus onéreuse Premium Limited permet d'échapper au noir lugubre avec une possibilité de sellerie cuir beige clair.

Petit diesel un peu creux

Après ces considérations, prenons le volant. Le tout petit diesel 1,7 est disponible en deux puissances (115 et 136 chevaux). C'est cette dernière que nous avons essayée en boîte manuelle. Une fois de plus, nous déplorerons le creux caractéristique de ces nouveaux diesels de cylindrée réduite. Faute de souffle pour arracher un ensemble assez lourd, le moteur peine au démarrage. Patinage d'embrayage et emballement à l'accélérateur sont obligatoires. Mais ce moteur n'en reste pas moins civilisé. Il ne distille pas les à-coups que l'on retrouve au démarrage sur le petit TDi Volkswagen de 105 chevaux ou le dCi 130 de Renault. Et, pour peu que l'on dose embrayage et accélérateur, il ne cale pas. Déjà ça. Cette mécanique est à double visage. Si, au-dessous de 1.800 tours, elles se montre atone, au-delà, elle s'anime vigoureusement. Dès que le turbo se met en marche, les performances deviennent satisfaisantes, avec même un allant insoupçonné. Sur la plage 1.800 -2.500 tours, la plus utilisée, ce moteur est même franchement vivant. Mais, il ne faut pas hésiter à rétrograder pour relancer la mécanique. D'autant que les rapports supérieurs sont allongés pour moins consommer. Heureusement, la transmission rétrograde volontiers, sans rechigner. Le levier est un peu rugueux, mais la boîte de vitesses reste précise. La boîte automatique (1.000 euros de plus) évite évidemment les désagréments au démarrage. Mais elle n'est pas aussi intelligente que les transmissions européennes. Elle monte trop rapidement les vitesses, comme pour s'en débarrasser, et rechigne à rétrograder avant un virage. Un peu comme sur les voitures américaines. Du coup, on manque de précision mécanique et on n'est pas au rapport voulu. Finalement, nous conseillons la boîte manuelle. La sobriété est en tous cas au rendez-vous. Nous avons consommé 6,5 litres aux cents sur route et autoroute, 7,5 en ville.

Comportement routier sérieux

Le comportement routier a été très sérieusement conçu. Les efforts payent. La voiture est plutôt agile et se place bien. Mais, les pneus (coréens) ne sont pas terribles et, sous la pluie, le train avant n'est pas totalement sécurisant. D'autant que la direction, agréablement légère à basse vitesse, induit une certaine imprécision. Avec la finition Premium Limited, que nous avons testée, on a malheureusement des énormes jantes « sportives » de 18 pouces avec des pneus trop larges - d'où le flou - et aux flancs pas assez hauts. Redisons encore une fois que ces montes pneumatiques - fragiles et onéreuses à remplacer - dégradent sensiblement le confort. Ralentisseurs, plaques d'égout, inégalités de la chaussée, induisent trop de trépidations inutiles. Le « toucher de route » devient rugueux. Tout ça, pour épater son voisin le long d'un trottoir, avec des jantes « méchantes » ! A quels sommets de bêtise la mode ne se hisse-t-elle pas ? Quelle société de consommation m'as-tu-vu ! Surtout que, ainsi, les consommations grimpent un peu, le comble ! Mais Hyundai ne fait pas pire que ses concurrents, il est vrai. Les versions inférieures s'en passent, avec des pneus moins extrêmes. Mais, alors il faut abandonner le cuir et les gadgets de pointe. Quel est le gourou du marketing qui a décidé que luxe devait rimer avec inconfort ? La plupart des constructeurs associent désormais finitions complètes avec cuir et pneus « tape-cul ». Encore bravo au stupide initiateur de cette vogue...

Des prix à la hausse

La Hyundai i40 est disponible en break. Une déclinaison berline arrivera fin novembre. Les tarifs sont intéressants compte tenu de l'équipement, fourni, voire pléthorique. Mais les Hyundai n'offrent plus un prix canon comme par le passé. Loin de là. On peut s'offrir une i40 à essence (peu recommandable) pour 24.900 euros (tarif d'appel). Dans cette même finition de base Pack Sensation, le diesel de 115 chevaux est à 26.950 euros. Pour la motorisation de 136 chevaux, un peu mieux adaptée au poids, la gamme démarre à 30.900 euros en Pack Premium. La Premium Limited, elle, s'affiche à 34.400 euros. Aïe, là, ça commence à faire cher ! C'est plus qu'une Opel Insignia équivalente ! D'autant que la revente risque d'être problématique. Ceux qui apprécient l'esthétique et passeront sur les détails agaçants et une position de conduite perfectible n'ont toutefois aucune raison de se méfier. La fiabilité des Hyundai n'a plus à rougir face aux japonaises. Elle est même parfois meilleure que celle des européennes, comme l'attestent les enquêtes aux Etats-Unis. D'ailleurs, le constructeur offre cinq ans de garantie et d'assistance ! Pour rassurer ceux qui se méfient d'une médiocre image de marque, laquelle n'est plus du tout justifiée aujourd'hui. Si on voit mal un acheteur de Volkswagen Passat, de Peugeot 508 ou de Citroën C5 hésiter en Europe, l'i40 peut être une solution alternative à l'acquisition d'une Ford Mondeo, Toyota Avensis, Mazda 6, même ci ces trois modèles sont très homogènes. L'i 40 peut aussi être choisie face à une Opel Insignia, au diesel moins moderne.

Modèle d'essai : Hyundai i40 1,7 CRDi 136 Premium Limited : 34.400 euros

Puissance du moteur : 136 chevaux (diesel)

Dimensions : 4,77 mètres (long) x 1,81 (large) x 1,47 (haut)

Qualités : finition satisfaisante, équipement riche, esthétique qui se voit, habitabilité, tenue de route, moteur sobre et vif...

Défauts : ... mais creux au démarrage, monte pneumatique aberrante, accessibilité médiocre, position de conduite perfectible, lignes un peu clinquantes, gadgets parfois irritants, prix assez élevé.

Concurrentes : Ford Mondeo SW TDCi 140 Titanium : 30.100 euros ; Opel Insignia Tourer CDTi 130 Cosmo Pack : 32.850 euros : Peugeot 508 SW HDi 140 Féline : 35.900 euros

Note : 12,5 sur 20

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