Essai auto : Jeep Compass, un petit 4x4 américain revu par Fiat

Caisse américaine, plate-forme d'origine japonaise, moteur allemand, supervision italienne. Ce "tous chemins" compact est très cosmopolite. Résultat : un véhicule perfectible mais sympathique.
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Cosmopolite, ce "tous chemins" compact ! Son pedigree complexe reflète les vicissitudes successives du groupe américain Chrysler, dont Jeep fait partie. Marié naguère à Daimler, celui-ci est contrôlé désormais par Fiat. Rien d'étonnant, dans ces conditions, à ce que l'italien ait supervisé le profond restylage de ce modèle lancé initialement en 2006 sur la base d'une plate-forme co-développée avec... Mitsubishi ! Normal : Daimler-Chrysler a été lié brièvement au japonais dans sa tumultueuse histoire. Et le moteur diesel ? Non, vous n'avez pas deviné ? Eh bien, il est d'origine allemande Mercedes. Ouf. Tant d'apports différents n'en font pas le meilleur 4x4 de sa catégorie. Certes non. Un peu rustaud, bruyant, pas toujours d'une douceur exemplaire, ce 4x4 n'a pas le toucher de route des concurrentes. Mais, abordable et bien amélioré, il peut séduire celui qui cherche quelque chose de différent.

Taillé à la serpe

Le physique, carré, rustaud, en fait une petite brute. Et, ce côté 4x4 en réduction taillé dans la masse plaira à ceux qui en ont assez des faux 4x4 anonymes trop étroitement dérivés des berlines. Nous, on aime assez ce parti pris. Même chose à l'intérieur, où tout est géométrique, clair, net. Ce n'est pas raffiné, mais, pour un 4x4, cela ne nous gêne pas. Les plastiques, bas de gamme, ont l'air costaud et sont sérieusement assemblés. A priori. Les efforts, ici, sont réels par rapport à la première mouture, fort indigente. En revanche, chez Jeep, on n'a toujours pas investi dans les insonorisants. La caisse est bruyante avec plein de résonances. Comme sur toute caisse carrée, l'accessibilité est bonne. On ne se cogne ni la tête, ni les genoux. L'habitabilité est intéressante, mais au détriment d'un coffre réduit.

Moteur un peu rustique

Le nouveau moteur Mercedes est un peu creux à bas régime. Il faut bien accélérer au démarrage. Faute de quoi, on cale. Mais, c'est plutôt mieux que chez bien des concurrents. Les démarrages ne sont donc pas canon, mais, ensuite, la mécanique fait preuve d'un bel allant. Sans plus, toutefois. Le poids est tel que les plus de 160 chevaux fournis par Stuttgart ne semblent pas tous là. Bref, c'est un bon moteur, un peu rugueux et sonore, mais qui ne fournit pas des performances exceptionnelles. Avec une telle puissance sur le papier, on s'attendait à mieux. Ceci dit, le résultat est très correct. La boîte de vitesses et un peu rêche. Si on passe les rapports normalement, ça va. Mais, si on essaye de les monter un peu vite ou de rétrograder à la volée, là, la transmission rechigne et les passages manquent de fluidité avec quelques craquements. Qu'est-ce qu'on vous racontait ? C'est rustique ! Bon point : l'aide au démarrage en côté pour ceux qui ne savent pas conduire... La consommation se situe, elle dans la moyenne : moins de 7 litres aux cent sur route et autoroute, moins de 8 litres en parcours mixte mi-ville, mi-route.

Comportement à l'ancienne

Le comportement routier ne posera pas de problème dès lors que l'on conduit sans forcer l'allure. Mais, si, en ligne droite, la voiture tient bien son cap, en virages à allure soutenue, c'est nettement moins bien. Pour peu que la chaussée se dégrade et que la pluie s'en mêle, on lève vite le pied. Le train avant cherche alors sa voie et on se demande avec inquiétude où il va aboutir. La direction, un rien imprécise, n'arrange rien. Mais, si l'on tient compte de ces paramètres et conduit en conséquence, la voiture ne trahira pas son conducteur. Contrepartie positive de ces suspensions assez lâches : le confort. Malgré de grandes routes de 18 pouces, le moelleux est assez étonnant, sauf à très basse vitesse. Le freinage, lui, manque de mordant. Bref, on retrouve le comportement parfois approximatif de certains 4x4 d'il y a dix ans.

Sympathique malgré ses défauts

Objectivement, le Compass est moins abouti que la concurrence. Nettement. Il recueille des notes très moyennes dans tous les domaines - sauf le confort où il reste plutôt au-dessus du lot. Pourtant, subjectivement, ce véhicule nous est apparu fort sympathique, par son côté solide, simple, parfois simpliste, un peu brut de fonderie, presque tracteur agricole. Très Jeep, au fond. Ses protections en plastique, avant, arrière et latérales, bienvenues, renforcent cette facette. C'est une voiture que l'on sent vivre entre ses doigts. Quand on connaît ses travers, on la conduit sans appréhension. Nous, on aime cette authenticité, qui rend original ce Compass au milieu de ses congénères plus sophistiqués, voire aseptisés.

Le Compass s'adresse à une minorité d'amateurs. Mais, ceux-là lui pardonneront ses défauts et en tireront un bon parti au quotidien. Nous lui reprocherons toutefois une monte pneumatique inappropriée en véritable utilisation 4x4. Jeep aurait dû lui offrir des pneus mixtes. Mais la marque a trop craint de dégrader encore davantage sa tenue de route sur chaussée bitumée. Du coup, si l'on peut bloquer la transmission 4x4 pour jouir en continu du bénéfice des quatre roues motrices sur neige ou terrain meuble, on sera désavantagé par des pneus qui n'aiment pas la bouillasse. Un choix dommageable et contradictoire pour ceux qui veulent s'en servir comme d'un vrai tous chemins. Mais, ceux qui se moquent du tout terrain, pourquoi prendraient-ils une Jeep ? Ah oui, le snobisme évidemment ! Bof.

Prix abordable en 4x2, trop cher en 4x4

Le prix est abordable.... en 4x2. Autre paradoxe. La version à deux roues motrices et moteur de 136 chevaux démarre à 25.400 euros en version de base Sport, très suffisante en équipement. Le train avant est cependant encore plus flou que sur la version 4x4. Et, ici, toute aventure sur chemin glissant est exclue. En version 4x4, plus en rapport avec l'image du constructeur yankee, le Compass n'est malheureusement disponible qu'avec une... seule livrée "70ème anniversaire" et le moteur de 163 chevaux, à 33.260 euros. Le malus de 750 euros est identique en 4x2 et 4x4. On aurait aimé pourvoir disposer de la transmission intégrale sur le modèle de base ! Certes, on dispose ici de la peinture métallisée, des sièges en cuir partiel (il y a beaucoup de skaï et très peu de peau véritable), d'une sono d'enfer et d'une navigation pratique avec écran tactile. Mais le prix met alors le Compass 4x4 en concurrence avec des rivaux autrement plus élaborés. Il demeure un peu moins cher qu'eux, mais pas suffisamment. Les voies du marketing nous resteront toujours impénétrables !

Modèle d'essai : Jeep Compass 4x4 "70ème anniversaire" : 33.260 euros (+750 de malus)
Puissance du moteur : 163 ch (diesel)
Dimensions : 4,45 mètres (long) x 1,81 (large) x1,63 (haut)
Qualités : style original, rusticité (relative), confort, maniabilité, moteur suffisant, transmission 4x4, prix assez compétitif
Défauts : comportement routier flou, transmission rêche, pneus inadaptés pour un 4x4, bruit, coffre réduit, sièges cuir en skaï (partiellement)
Concurrentes : Nissan X TRail LE : 34.650 euros ; VW Tiguan TDi 140 4 Motion Carat : 36.260 euros ; Toyota Rav 4 2,2 D-4D 4x4 Lounge : 36.300 euros

Note : 12 sur 20

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Commentaires 2
à écrit le 15/08/2011 à 10:52
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note trop basse car excellent rapport qualité prix.vos vehicules comparés sont des berline rehaussées et non des vrais 4x4.le moteur excellent mercedes est un gage que les autres n appootent pas et l entretien viabilité est superieur donc c est le me...

à écrit le 13/08/2011 à 12:44
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Faudrait comparer avec la concurrence ! Pour le même prix... tu ne trouves que le Dacia MDR!!!!

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