Essai auto : Lancia Ypsilon, une citadine italo-polonaise à prétention BCBG

Par Alain-Gabriel Verdevoye  |   |  927  mots
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Elle se veut charmeuse et chic. Sur la base d'une Fiat 500, cette petite berline peut séduire par son agilité, ses lignes originales et son bon comportement routier. Mais la finition manque de classe.

Le groupe Fiat tente de nous refaire le coup de la 500 qui lui a tant réussi. Sur la plate-forme améliorée de la citadine rétro (et de la Panda), Lancia nous concocte cette fois une petite berline à cinq portes aux proportions originales. Belle ? Pas sûr. Mais, au moins, il y a de la recherche et l'Ypsilon ne se confondra avec aucune autre. Elle est en outre sans concurrence directe en cinq portes. La marque de "luxe" du consortium italien a-t-elle pleinement réussi son numéro de charme ? Eh bien, pas tout à fait, malheureusement.

Une finition inégale

Disons-le d'emblée : l'intérieur est moins réussi que sur la 500. Le comble, alors que la Lancia se veut le label raffiné du groupe ! Si les formes de la planche de bord ne sont pas critiquables en soi, certains plastiques toc dénotent dans l'habitacle, comme la visière des instruments en position centrale, très bas de gamme. Autour de la colonne de direction, sur la console, ce n'est pas terrible non plus. Incompréhensible. Il n'y a pas de responsable de la "synthèse véhicule" chez Lancia ?

Autre grief : l'intérieur de notre version d'essai était uniformément gris-noir, comme sur n'importe quelle Opel ou Hyundai. Pas vraiment chaleureux. Même le tissu des sièges semble quelconque. Lancia a donc oublié l'Alcantara, ce faux daim doux et velouté dont il fut l'initiateur ? Bref, nous sommes déçus. Alors que l'ambiance, c'était justement ce que Lancia ne devait pas rater. Pensez, une marque qui prétend promouvoir le chic à l'italienne... On ne se console pas avec la dizaine de coloris possibles pour l'extérieur et des peintures bi-ton du meilleur aloi. D'urgence, Lancia doit retoucher ses habitacles et en peaufiner les détails. Oui, nous sommes sévères. Mais une petite Lancia, ce n'est pas une Renault Twingo ! On manque un peu ici de ce bon goût dont nos amis transalpins sont souvent prodigues. Ceci dit, la position de conduite est, elle, agréable. Déjà ça.

Un moteur à essence Twinair pas terrible...

C'est donc un peu grognon que nous avons pris le volant. Et là, c'est le jour et la nuit, selon le moteur choisi ! Commençons par le pire : le moteur bicylindre "Twinair" à essence de 85 chevaux. Cette mécanique révolutionnaire de cylindrée réduite a certes du caractère, mais elle manque cruellement de souplesse. Les démarrages sont difficiles. Il faut jouer de l'embrayage comme de l'accélérateur et, même en les dosant soigneusement, on échappe difficilement aux à-coups. Le "Stop and start" (arrêt et redémarrage automatiques du moteur au feu rouge), un peu capricieux, n'arrange rien. Même si on s'y habitue (un peu). Relancer le moteur en montagne est tout aussi pénible. La mécanique ne s'exprime - bruyamment - que dans le haut du compte-tours. Amusant peut-être, mais fatigant à la longue. Et nous demeurons dubitatifs sur la longévité d'un petit moteur si sollicité ! Mieux vaut se tourner vers le moteur traditionnel 1,2 à quatre cylindres de 69 chevaux, bien moins cher et qui suffit, sans le typage caricatural du Twinair. A conseiller en entrée de gamme. Mais, évidemment, les performances sont justes.

... mais un diesel satisfaisant

Si vous voulez une Ypsilon, le choix du diesel, toutefois, s'impose. Et là, vous ne pourrez que vous en féliciter. Autant le "Twinair" est rugueux, autant le moteur à gazole est linéaire, souple, avec un répondant suffisant à bas régime. La conduite change du tout au tout. Ici, on peut rouler en douceur, tout en bénéficiant d'un bon dynamisme. Même le "Stop and start" apparaît plus fluide. Regrettons toutefois qu'il faille enfoncer complètement la pédale d'embrayage pour que le système fasse redémarrer le moteur. Sinon, on reste sur place. Bref, en diesel, l'Ypsilon est tout à fait vivable.

Comportement routier plaisant

Le châssis a été bien retravaillé par rapport aux Fiat 500 et Panda que nous connaissons. Sur les petites routes sinueuses et dégradées du Piémont, la tenue de route nous est apparue saine et plaisante, avec une maniabilité satisfaisante. C'est beaucoup plus abouti que sur une 500 ! Pour une si petite auto, le résultat est louable. En revanche, le confort est du genre ferme.

Prix assez élevés

Lancia pratique des tarifs supérieurs à ceux de Fiat. Alors que la qualité de fabrication n'est pas meilleure. Elle apparaît même plutôt moins soignée que sur une 500. L'Ypsilon est pourtant fabriquée dans la même usine polonaise. Ce modèle démarre avec le moteur à essence 1,2, à 12.500 euros (Silver). La Twinair est à partir de 15.600 euros en finition Gold (deuxième niveau). Quant au diesel, il démarre à cent euros de... moins, mais en version Silver moins équipée (15.500 euros). Notre diesel Gold coûtait 17.100 euros avec climatisation manuelle, les rétroviseurs extérieurs à commande électrique, le siège avant à réglage lombaire, les commandes au volant de l'autoradio CD MP3, le volant et le soufflet de la boîte de vitesses en cuir.

 

Modèle d'essai : Lancia Ypsilon 1,3 Mjt Gold : 17.100 euros (-400 euros de bonus)
Puissance du moteur : 95 chevaux (diesel)
Dimensions : 3,84 mètres (long) x 1,67 (large) x 1,51 (haut)
Qualités : moteur diesel efficace et souple, comportement routier convenable, bon rapport habitabilité-compacité, lignes originales
Défauts : finition décevante, présentation manquant de raffinement, suspensions fermes, moteur à essence Twinair à proscrire
Concurrentes : Fiat 500 1,3 Mjt Pop : 14.350 euros, Nissan Micra 1,2 Lolita Lempicka : 15.750 euros, Mini One d : 18.250 euros

Note : 12 sur 20