Automobile : la France se désindustrialise, tandis que l'Allemagne produit, produit, produit...

Par Alain-Gabriel Verdevoye  |   |  373  mots
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On fabrique trois fois moins d'autos dans l'Hexagone qu'outre-Rhin. Et l'écart se creuse.

La France produit trois fois moins de voitures que l'Allemagne ! Pourtant, le marché hexagonal est inférieur d'un quart à peine à celui d'outre-Rhin. En outre, alors que Renault et PSA n'occupent que 57 % de leur marché national, leurs concurrents germaniques en détiennent 70 %. Mais ces différentiels ne justifient nullement le fait que les constructeurs tricolores aient fabriqué moins de 1 million de voitures chez eux au premier semestre, quand les groupes allemands en assemblaient dans le même temps près de 3 millions ! Et pourtant, en 2000, la production de voitures en France n'était inférieure que de 40 % à celle de l'Allemagne ! Sur les vingt dernières années, cette dernière a accru sa production de presque 1 million d'unités tandis que la France la divisait quasiment par... deux.

Résultat, la balance commerciale devient catastrophique. Naguère, l'industrie automobile était l'un des moteurs de la France à l'export. Las. En 2010, le solde commercial des voitures neuves était négatif de plus de 7 milliards d'euros pour les voitures particulières, auquel il faut ajouter un déficit de 1,3 milliard pour les utilitaires légers. Le secteur contribue d'ailleurs à hauteur de 10 % aux importations totales de la France. Outre-Rhin, le secteur est en revanche... largement excédentaire.

En fait, ce ne sont pas tant les importations de voitures de marque étrangère qui creusent le déficit français. Le grand déstabilisateur du commerce extérieur français, qui creuse les déficits... c'est Renault, dont l'État est toujours actionnaire ! Logique : le constructeur n'assemble dans son pays d'origine que 20 % de ses voitures particulières - le taux le plus bas chez les grands constructeurs. Expert de la délocalisation, Renault justifie cette stratégie par la baisse des coûts, cruciale sur l'entrée de gamme dont il est le spécialiste. 37 % de ses ventes mondiales sont en effet constituées de modèles à bas prix (gamme Dacia, Clio II, Twingo, Thalia), pour lesquels le facteur prix de revient est primordial. Plutôt orientés vers le haut de gamme à fortes marges grâce notamment à la politique fiscale favorable du gouvernement allemand, les constructeurs germaniques n'ont pas les mêmes contraintes. Ils peuvent se permettre, eux, de fabriquer dans un pays à coûts salariaux élevés.