Les Français achètent les plus petites voitures d'Europe occidentale

Par Alain-Gabriel Verdevoye  |   |  369  mots
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A peine 15% des Français acquièrent des familiales ou des gros modèles.

Patatras, les Français dépensent une part de plus en plus faible de leurs revenus dans les achats de véhicules. Ils ont consacré 1,8% seulement de leur budget consommation à l'acquisition d'un modèle neuf l'an passé, d'après le dernier rapport annuel du CCFA (Comité des constructeurs français). Contre 2,3% en 2000 et 3,4% en 1990 ! Pas étonnant, dès lors, que le parc automobile vieillisse et que le marché français s'oriente vers des véhicules de plus en plus petits.

La France se caractérise par un poids écrasant des petites voitures, qui génèrent une grosse majorité des ventes : 57% achètent des petits modèles (Renault Twingo, Peugeot 207)... contre 42% il y a vingt ans ! L'entrée de gamme ne pesait, en revanche, que 30% du marché allemand en 2010, 33% du gâteau espagnol, 39% de celui du Royaume-Uni. "Petites" et "compactes" (Renault Mégane, Peugeot 308) représentent 85% des achats en France. Un record en Europe de l'Ouest. L'anomalie est caricaturale. En corollaire, 10% des consommateurs à peine s'orientent en France vers des voitures de gamme moyenne supérieure (Peugeot 508, Renault Laguna), contre 18% en Allemagne. C'est le pourcentage le plus faible d'Europe occidentale. Mieux : 5% des acheteurs seulement accèdent aux "grosses" (Renault Latitude, Citroën C6), contre 17% outre-Rhin. C'est le plus bas taux ouest-européen avec la Grèce.

En toute logique, les voitures vendues en France sont, en moyenne, les moins puissantes de toute l'Europe occidentale (avec l'Italie) : 74 chevaux, contre une moyenne de 85 ! Bref, la fiscalité tricolore, historiquement dissuasive et discriminatoire envers tout ce qui n'est pas petite voiture, porte ses fruits... Au grand dam de la rentabilité des constructeurs hexagonaux et des rentrées de TVA dans les caisses de l'Etat.

Pas surprenant que Renault et PSA soient contraints par leur marché intérieur de s'orienter vers la production de petits véhicules d'entrée de gamme à faibles marges, contrairement aux Allemands. D'où le taux élevé de délocalisation de la production dans des pays à coûts de main-d'oeuvre peu élevés, par rapport à BMW ou Mercedes ! Facteur aggravant : en 2010, le coût de la main-d'oeuvre dans l'industrie manufacturière est devenu plus élevé en France qu'outre-Rhin (de peu), à 35 euros de l'heure, contre 29 en moyenne pour l'ensemble de la zone euro !