La France automobile se désindustrialise, la balance commerciale plonge

Par Alain-Gabriel Verdevoye  |   |  425  mots
infographie La Tribune
Les investissements des constructeurs dans l'Hexagone ont plongé de 60% en dix ans. Le taux de couverture des importations de voitures neuves par les exportations atteint à peine 68%.

La France automobile se désindustrialise ! En dix ans, les constructeurs ont réduit d'un tiers leur production de véhicules dans l'Hexagone à 2,23 millions d'unités l'an dernier, selon la dernière étude du CCFA (Comité des constructeurs français). Les effectifs ont dégringolé pour leur part de 28%. Le pire, c'est que, malgré les coupes claires dans les emplois, la production a décru davantage que les effectifs. Du coup, la compétitivité par salarié se détériore. D'où les plans de réduction d'effectifs prévus chez PSA. De 2000 à 2010, la valeur ajoutée sur chiffre d'affaires des constructeurs automobiles dans l'Hexagone a décru de 35%. Une terrible saignée.

Logique : les investissements en France n'absorbent plus que 1,8% du chiffre d'affaires des constructeurs, contre 5,2% en 2000. En milliards d'euros, ils ont plongé de 60% en dix ans à 1,5 milliard l'an passé à peine.

Conséquence : le commerce extérieur s'effondre. Le taux de couverture des importations de voitures neuves par les exportations atteint à peine 68%, alors qu'il était largement excédentaire il y a dix ans. Ces deux dernières années, le déficit cumulé atteint la bagatelle de 14,3 milliards d'euros. Ce ne sont pas tant les marques étrangères qui pèsent sur ce bilan désastreux. Non, les principales responsables sont les Renault Twingo, Clio, Dacia Sandero et Logan, mais aussi les Citroën C1 et C3 Picasso, Peugeot 107, produites à l'étranger et dont les ventes ont été largement aiguillonnées par les aides d'Etat (primes à la casse, bonus "écologiques"). Un comble ! Pour les utilitaires légers, c'est encore pire. Le taux de couverture descend à 58% (107% en 2000), à cause essentiellement de PSA, qui importe toutes ses fourgonnettes d'Espagne ou de Turquie. Une partie des fourgons provient quant à elle d'Italie.

Une maigre consolation

Même le bilan des échanges de véhicules d'occasion devient négatif. Le seul poste positif demeure le commerce de moteurs et composants. Malheureusement, ledit solde positif est plus faible qu'en 2000. L'unique amélioration dans la balance commerciale automobile française provient paradoxalement des camions et autocars-autobus, fabriqués par des constructeurs étrangers comme Renault Trucks, filiale à 100% du suédois Volvo, ou l'italien Iveco. Toutefois, ce déficit structurel perdure.

La branche automobile dans son ensemble présente dans ces conditions un taux de couverture de 92% seulement, contre 130% en 2000. Le déficit se montait au total à 3,5 milliards d'euros l'an dernier, contre 10 milliards d'excédent... en 2000 et 9 milliards encore en 2005. Les exportations se sont effritées de 7% par rapport à l'an 2000, mais les importations ont bondi d'un tiers. Pas étonnant que le solde se dégrade !