Renault s'allie à Mercedes pour son futur haut de gamme

Par Alain-Gabriel Verdevoye  |   |  452  mots
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La prestigieuse firme allemande fournira la plate-forme d'une future française de luxe.

Un haut de gamme Renault-Mercedes ! Qui l'eut cru ? « Il y aura un véhicule de haut de gamme Renault sur une plate-forme Daimler (Mercedes), qui sera produit en Europe », assure Carlos Ghosn. Ce modèle de luxe « arrivera dans la deuxième partie du plan, c'est-à-dire entre 2014 et 2016 », souligne le PDG. Une grande première. On se rappelle le projet de grande Renault-Volvo franco-suédoise, au début des années 1990... Mais, celui-ci n'avait jamais vu le jour, pour cause de rupture entre les deux constructeurs. Renault préfère aujourd'hui s'adresser à son nouvel allié allemand qu'à Infiniti, la branche de luxe de son partenaire nippon Nissan. Daimler est spécialisé dans « le haut de gamme au goût européen », lâche en effet le PDG.

Il avait déjà été annoncé, au dernier salon de Francfort à la mi-septembre, que Daimler fournirait des moteurs à quatre et six cylindres essence et diesel... à Infiniti. Ce dernier doit aussi utiliser une plate-forme du constructeur de Stuttgart pour sa prochaine compacte. Mais, il n'était pas question jusqu'ici de coopération entre Daimler et Renault dans ce qui est au coeur du savoir-faire de la firme à l'étoile. Daimler y trouve l'intérêt d'un allongement des séries, générateur d'économies d'échelle. Par ailleurs, il s'agit d'une contrepartie logique à l'assistance fournie par Renault dans les utilitaires (un Kangoo restylé sera vendu par Mercedes dans un an), les petits modèles (Smart et Renault biplaces, Smart quatre places et remplaçante de la Twingo) et moteurs (petit diesel pour les Smart et la future Mercedes A). La firme au losange y trouve l'avantage d'une plate-forme et de motorisations affûtées de grande qualité. Et ce, alors qu'elle compte arrêter prochainement la fabrication de son propre V6 diesel, produit à trop peu d'exemplaires pour être rentable. Par ailleurs, Renault n'a pas les moyens de développer une plate-forme spécifique. Mercedes produit ainsi plus de 200.000 exemplaires de la seule Classe E par an, quand Renault peut à peine tabler en Europe sur quelques milliers d'exemplaires pour un tel modèle.

Quatre projets « à l'horizon 2014-2016 »

La collaboration franco-allemande dans le haut de gamme ne s'arrêtera pas là. Carlos Ghosn assure qu'il y existe quatre projets dans ce créneau, toujours « à l'horizon 2014-2016 ». « Il y aura des successeurs de l'Espace (monospace) et du Koleos (4x4 sur base Nissan produit en Corée), des Laguna (modèle de gamme moyenne supérieure) et Vel Satis (grande berline) ». Or, ces deux derniers devraient être « développés sur une plate-forme de l'Alliance Renault-Nissan, que Daimler pourrait utiliser aussi à son tour »... Renault et Nissan ont échangé au printemps 2010 des participations (3,1 % du capital) avec le groupe germanique.