Essai auto : Renault Koleos, un "tous chemins" ultra-confortable au quotidien

Par Alain-Gabriel Verdevoye  |   |  1177  mots
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Doux, moelleux, silencieux, il est à mille lieues des 4x4 prétentieux et agressifs. Mais sa ligne banale et son intérieur passe-partout ne le rendent pas très "sexy".

En 2008, Renault est arrivé bon dernier sur le marché des 4x4. Et... au plus mauvais moment, alors même que les ventes de ce genre d'engins plongeaient. Pas de chance. Comme, en plus, il n'était guère "sexy", le Koleos a fait un "flop". Même en Corée, son pays d'origine où il est fabriqué, ce n'est pas vraiment une réussite. Conçu sur une base japonaise Nissan, le Koleos revient maintenant à l'assaut, avec un restylage et quelques modifications mécaniques. Suffisant pour relancer des ventes ? Sans doute pas. Toujours doté d'une silhouette neutre, voire banale, le Koleos reçoit juste une calandre plus grosse, qui reprend tout simplement celle du Samsung coréen. Ils ne se sont pas foulés, au style ! Pas vilain du tout, mais on ne le remarque pas. Le "nouveau" Koleos est donc toujours aussi lisse, sans aspérités. De ce point de vue, il est le plus... politiquement correct des 4x4. A noter : une seule couleur (blanc) de série ! Les autres sont à 540 euros. Eh, oh, on abuse, non ?

Intérieur passe-partout mais bien fini

Sa planche de bord en forme de vague, aux formes souples, participe à l'impression de cocon que l'on ressent à bord. C'est doux et reposant. Mais, les quelques retouches apportées ne changent pas une ambiance noirâtre, assez triste, très "asiatique". C'est sans âme, mais très correctement assemblé avec des matériaux solides. Les plastiques les moins valorisants ont été changés. Nous avons enregistré avec satisfaction une totale absence de bruits parasites ou de craquements de mobilier. Une belle qualité, donc ! Déplorons toutefois le tissu des sièges, costaud sans doute mais assez bas de gamme. Tout cela n'est, cependant, guère plus chaleureux sur un Toyota Rav 4, un Nissan X Trail ou un Volkswagen Tiguan de base. Pas de raison donc de critiquer davantage le Koleos que ses rivaux. La position de conduite est bonne - sauf l'accoudoir central non réglable - et l'habitabilité intéressante, bien que le coffre soit un peu limité. La double ouverture du hayon est en outre peu pratique à l'usage. Mais, les assises des sièges arrière repliables permettent de dégager une belle surface de chargement.

Défauts d'ergonomie et de GPS

En matière d'ergonomie, l'ordinateur central typiquement Renault n'est pas très intuitif. On a mis dix minutes pour trouver notre station de radio préférée, dans des sous-menus plutôt fouillis. De plus, cette radio, de bonne qualité au demeurant, a un RDS trop sensible. Vous écoutez un concerto de Bach, et, sous prétexte que ça grésille légèrement, hop, il vous bascule sur une autre station, avec du rap par exemple ! Insupportable. L'inverse doit l'être tout autant, je suppose. Le GPS a par ailleurs la bonne idée d'afficher les vitesses limites. Formidable ! Oui, a priori, parce qu'il donne malheureusement des indications souvent fantaisistes. Il nous indiquait ainsi obstinément 50 sur une portion de route à 70 et, à l'inverse, 130 sur une autoroute à 110 ! Peu fiable et donc inutile. Autre défaut : l'avertisseur de radars bipe à chaque emplacement potentiel des forces de l'ordre. Trop, c'est trop. Résultat : ça couine très, très souvent. Dans 80% des cas, pour rien ! Agaçant également. Enfin, pour terminer le chapitre des doléances, pestons contre un compteur de vitesse trop petit, gradué stupidement jusqu'à 240. Du coup, les différentes vitesses sont mal repérables, notamment le 80 (périphérique).

Confort prioritaire

L'onctuosité des commandes incite à une conduite apaisée. L'embrayage, la boîte de vitesses (sauf peut-être la première), la direction, les suspensions, se montrent d'une remarquable douceur. Le moteur, silencieux, disponible dès les plus bas régimes, élastique dans ses montées en régime, participe à un exceptionnel confort général. Bref, le parti pris de non agressivité dans les lignes se retrouve dans le style de conduite. Homogène. Et agréable au quotidien. Voilà un bon compagnon de route, que l'on gagne à connaître. Le travail de filtration est époustouflant sur les chemins de campagne ou les ralentisseurs. Les conducteurs avides de confort apprécieront. Evidemment, le parti pris de douceur générale génère un comportement routier un peu pataud, si on force la cadence. Les enchaînements de virages à toute allure, ce n'est pas son truc. Dans ce cas, le Koleos a un peu tendance à élargir la trajectoire, rechignant à braquer. Mais, en conduite normale, le véhicule se montre rassurant et équilibré. Renault a enfin troqué ses anciens pneus coréens, pas fameux, pour des Continental nettement meilleurs. Saluons ces pneus à flancs hauts - une rareté aujourd'hui à contre-tendance -, qui participent au moelleux général. Concernant la partie dynamique, nous critiquerons juste un rayon de braquage démesuré, qui rend les man?uvres fastidieuses.

Option 4x4 abordable

Les prix sont raisonnables vu l'équipement, mais pas spécialement attractifs. Renault aurait pu faire un effort, sur un modèle fabriqué à Busan à des coûts inférieurs à ceux de l'Europe occidentale. Un Mitsubishi ASX ou un Nissan X Trail globalement équivalents sont moins chers. En revanche, les concurrents européens se révèlent plus onéreux. La version dCi 150 en deux roues motrices (finition Carminat) est à 28.940 euros. Avec accès et démarrage sans clé, frein de parking automatique, GPS... Il faut ajouter 1.500 euros pour bénéficier des quatre roues motrices, nettement plus polyvalentes. Un supplément raisonnable, qui permet d'affronter des chemins et la neige (pas trop, tout de même), tout en améliorant la motricité sur route normale. La version de "luxe" Exception ajoute le cuir, les sièges avant chauffants, le toit panoramique, des grosses jantes de 18 pouces (qui dégradent le confort) et coûte 3.500 euros de plus. Le Koleos devient alors trop dispendieux pour un modèle aussi effacé. Même si une bonne remise vous sera très certainement accordée par votre concessionnaire. Les coûts d'entretien sont Renault, c'est-à-dire abordables. Les consommations n'apparaissent pas excessives. Nous avons avalé moins de 8 litres aux cents durant notre parcours d'essai avec une version à quatre roues motrices. Correct. Bref, s'il ne paye pas de mine, le Koleos est au final un fort bon véhicule, avec une prévenance au quotidien réellement appréciable. On bénéficiera d'une qualité de fabrication Renault-Samsung réputée et de l'ample réseau après-vente de la marque au losange, aux prestations jugées globalement satisfaisantes en France.

Modèle d'essai : Renault Koleos dCi 150 4x4 Carminat : 30.440 euros (+750 euros de malus)
Puissance du moteur : 150 chevaux (diesel)
Dimensions : 4,52 mètres (long) x 1,86 (large) x 1,70 (haut)
Qualités : confort général, douceur des commandes, moteur souple et feutré, bonne habitabilité et aspects pratiques, réseau après-vente dense, finition de qualité...
Défauts : ... mais ambiance passe-partout, coffre limité, rayon de braquage démesuré, fautes d'ergonomie et indications du GPS un peu fantaisistes
Concurrents : Mitsubishi ASX Intense 4x4 : 28.600 euros ; Nissan X Trail SE : 28.950 euros ; Ford Kuga Titanium 4x4 : 31.000 euros

Note : 14,5 sur 20