Essai auto : Citroën DS5, le haut de gamme à la française

Par Alain-Gabriel Verdevoye  |   |  1491  mots
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Originale, cossue, exceptionnellement agréable à conduire, la DS5 peut choquer par sa ligne un rien tapageuse. Sinon, rarement une voiture française aura été aussi aboutie ! Une réussite technique.

A ceux qui désespèrent parfois de l'automobile française, la DS5 donne de sérieuses raisons d'espérer. Car ce haut de gamme à la française est une réussite. Jamais depuis très, très longtemps, un modèle tricolore n'avait été aussi abouti. Original, cossu, sécurisant, le dernier né de la gamme de luxe DS génère un agrément de conduite exceptionnel ! Bravo.

Une ligne très personnelle mais un rien clinquante

C'est sûr : la Citroën DS5 se remarque. On ne passe pas inaperçu à son bord. Cet étrange engin, un peu monospace par sa position de conduite légèrement surélevée et ses vitres latérales supplémentaires entre le pare-brise et les portières avant, coupé par son arrière fuyant et tronqué, break par son hayon, la DS5 présente un traitement des volumes inédit. Belle auto ? Pas dans le sens traditionnel du terme. En effet, on ne retrouve pas l'équilibre d'une Audi A5, ni le classicisme d'une BMW 3. Mais le résultat, qui mélange les genres, est extrêmement original. Même si certains trouveront la silhouette surchargée, torturée, un rien tapageuse. Le jonc chromé le long du capot était-il bien nécessaire ? Clinquant. Mais, au moins, cela ne ressemble à rien d'autre, ni à une allemande, ni à une italienne, ni à une anglaise !

Intérieur soigné

La qualité de présentation nous a étonnés. C'est mieux que sur une Citroën C5 ou une Peugeot 508. Tout apparaît cossu, soigné, raffiné, comme la moquette sur les côtés de la console centrale ou les placages en vrai métal (pas en plastique toc). Le cuir (beige sur notre modèle d'essai) est de bonne facture. Du vrai haut de gamme. Rien ne sonne creux. Et les mauvais revêtements n'entraînent pas de crissements ou grincements particuliers. Enfin, une voiture "made in France" qui fasse vraiment "Premium". Confessons toutefois que, sur notre véhicule de test, tout n'était pas parfait : un des leviers-poussoirs de la console centrale nous est resté dans la main ; le système d'accès mains libres posait quelques problèmes pour ouvrir les portes à l'arrière !...

Espérons qu'il s'agisse juste d'erreurs de jeunesse sur les premiers exemplaires livrés. Pour le reste, cela semble costaud. Evidemment, il faudra composer avec un style en adéquation avec l'extérieur, c'est-à-dire qui en met plein la vue. Les boutons en hauteur sur le pavillon, c'est trop. Des boutons, il y en a d'ailleurs partout. L'ergonomie est un peu compliquée à première vue, avec pas mal de gadgets et d'esbroufe... comme l'affichage tête haute qui inscrit la vitesse à laquelle on roule devant les yeux. Pourquoi pas, mais cette vitesse en chiffres est déjà affichée sur le compteur en gros ? A quoi bon ce doublon, alors ?

Excellente position de conduite

A part l'accoudoir central, trop bas et non réglable, la position de conduite est remarquable. Les sièges, très confortables, maintiennent parfaitement le dos. On fait vraiment corps avec sa voiture. Et le méplat du volant permet d'entrer et de sortir sans problème du véhicule, résolvant l'irritant problème d'accessibilité d'une C5 ! La visibilité vers l'arrière, en revanche, n'est pas terrible. Le becquet coupe le haut de la vitre. Gênant. Mais la réduction des surfaces vitrées façon bunker est une (stupide) tendance stylistique actuelle. La DS5 n'est pas la seule concernée. La visibilité vers l'avant est plus satisfaisante, notamment grâce aux vitres latérales additionnelles. L'habitabilité n'est pas excessive. Il y a de la place, mais sans plus.

Mécanique satisfaisante

"Notre" diesel de 160 chevaux était couplé à une transmission automatique à six rapports, moins moderne en principe que les boîtes à double embrayage DSG de Volkswagen ou les transmissions huit rapports de BMW. Pourtant, l'ensemble mécanique nous a comblés. Accélérations, reprises, rien à redire. Et cette transmission reste l'une des plus agréables du moment par sa merveilleuse réactivité. En position "S", elle rétrograde juste avant les virages, sur un léger coup de frein, comme il faut. Parfait. Moins brutale qu'une DSG et plus encline à rétrograder que chez BMW, elle fait le boulot à peu près au moment où on l'aurait fait manuellement... Seule la descente d'un col très sinueux peut obliger à recourir au passage manuel. Sinon, dans tous les autres cas, ça marche ! Il y a même une position hiver pour les routes neigeuses. Très bien. Seul "hic" : cette boîte consomme. Hélas. Comptez 9,5 litres aux cents ! C'est un peu trop. Mais nous acceptons cette surconsommation, vu l'agrément ressenti.

Comportement hyper-sécurisant

C'est une Citroën. Partageant le châssis des modèles inférieurs C4, DS4, Peugeot 308 ou 3008, la DS5 est privée de suspension hydraulique comme les C5 ou C6. Dommage. Néanmoins, la grande DS est une super auto tous temps. Réalisant l'essai dans des conditions météo exécrables (pluie, vent, neige fondue), nous n'avons jamais ressenti la moindre inquiétude, même sur les pires revêtements. Le comportement routier est hyper-sécurisant. Jamais, la DS5 ne donne l'impression qu'elle hésite ou qu'elle pourrait décrocher, même dans les virages les plus serrés au bitume le plus dégradé. Attention, évidemment : il y a quand des lois physiques, mais repoussées ici très, très loin ! Ce n'est pas une voiture légère. Elle n'est donc pas forcément d'une grande agilité. Mais on s'y sent en pleine sécurité. Critiquons juste le rappel un peu trop violent du volant au point milieu. C'est-à-dire que le volant a tendance à revenir assez brutalement au centre. Sécurisant, mais ça enlève un peu de précision en sortie de virage. Comme sur les CX de 1974 ! Mais, ce ne sont que des détails. Le bilan dynamique est des meilleurs.

Confort ferme

Aïe, pour une Citroën, c'est ferme ! Pour faire "sport", selon une autre tendance en vogue, la firme aux chevrons a exagérément durci les suspensions. Les grandes jantes de 18 pouces avec des pneus Continental taille basse (exposés aux coup de trottoir et onéreux) accentuent encore la sécheresse. Sur les inégalités franchies à faible allure, c'est dur. Même si la caisse reste bien maintenue et ne se secoue pas en tous sens. Les ralentisseurs - qui détériorent toutes nos chaussées pour les transformer en tape-cul - sont ressentis sans aménité. Ceci dit, dès que la vitesse s'élève, le confort s'améliore nettement. Disons que la DS5 est une grande routière globalement confortable, mais un peu trop ferme.

Bien équipée et pas donnée

Une DS5 démarre à 29.900 euros en version à essence de 155 chevaux. En diesel, les prix de départ sont de 29.300 euros (HDi 110) et 33.600 (HDi 160). Le modèle de base Chic donne droit à un bel équipement, mais un tissu pas si chic ! On peut améliorer toutefois l'ordinaire avec des sièges cuir-tissu à 700 euros, qu'offre la version So Chic. Celle-ci fournit aussi l'accès et le démarrage mains libres, le radar de stationnement arrière, les (inutiles) jantes de 18... Mais c'est 2.700 euros de plus. Ca commence à faire cher. La finition Sport Chic est la plus luxueuse avec radar de stationnement avant, caméra de recul (utile), GPS, sièges en cuir... Et hop, 4.000 euros de plus ! Et encore la peinture métallisée reste-t-elle à 690 euros en supplément. Sauf à choisir l'horrible couleur grise gratuite... A la limite, mieux vaut prendre une Chic ou une So Chic avec quelques options ! "Notre" HDi 160 Sport Chic est à 37.600 euros, plus 1.400 euros pour la boîte automatique (et 750 euros de malus en prime). La facture devient salée !

Option "écolo" avec l'hybride

Il existe aussi une version hybride diesel-électrique de 200 chevaux et quatre roues motrices. Celle-ci est à 43.950 euros, mais on peut déduire 2.000 euros de super-bonus. Elle revient donc à 41.950 euros. Polyvalente, également plaisante, sobre, rejetant à peine 107 grammes de C02 (158 pour la HDi 160 boîte auto), elle est à la pointe de la technologie "verte". Même si l'agrément de la transmission robotisée est nettement moindre que celui d'une vraie transmission automatique. Nous conseillons cependant aux éventuels amateurs d'attendre un peu. La fiabilité de cette mécanique hyper-sophistiquée reste à prouver ! La DS5 HDi 160 est indéniablement la version de la gamme la plus recommandable. En attendant...

Modèle d'essai : Citroën DS5 HDi 160 Sport Chic : 37.600 euros
Puissance du moteur : 160 chevaux (diesel)
Dimensions : 4,53 mètres (long) x 1,88 (large) x 1,51 (haut)
Qualités : originalité, présentation cossue, excellents sièges, comportement routier exemplaire, bel agrément mécanique
Défauts : quelques détails à revoir, confort ferme, visibilité arrière, ligne clinquante
Concurrentes : Citroën C5 HDi 160 Tourer Exclusive : 34.750 euros ; BMW X1 2.0d Luxe : 39.150 euros

Note : 15,5 sur 20