Citroën DS5 hybride : Ecologie et « high-tech » à la française

Par Alain-Gabriel Verdevoye  |   |  1354  mots
La grande DS est une bonne auto tous temps. Réalisant l'essai dans des conditions météo détestables (pluie, vent, neige), nous n'avons jamais ressenti la moindre inquiétude, même sur les pires revêtements. Le comportement routier est sécurisant. Photo : Citroën
La DS5 Hybrid 4 se veut la voiture française la plus « technologique ». Avec sa motorisation diesel-électrique, elle est puissante, sobre et écologique à la fois... sur le papier. Dans la réalité, elle se révèle malheureusement moins agréable qu'une diesel classique. Et elle est très chère !

A ceux qui désespèrent parfois de l'automobile française, la DS5 donne en principe de sérieuses raisons d'espérer. Jamais depuis très, très longtemps, un modèle tricolore n'avait été aussi original, cossu et « technologique »! En plus, il est intégralement "made in France".

Une ligne personnelle mais clinquante

C'est sûr : la Citroën DS5 se remarque. On ne passe pas inaperçu à son bord. Cet étrange engin, un peu monospace par sa position de conduite légèrement surélevée et ses vitres latérales supplémentaires entre le pare-brise et les portières avant, coupé par son arrière tronqué, break par son hayon, la DS5 présente un traitement des volumes inédit. Ceux qui aiment ces formes très (trop) travaillées la trouveront imposante et pleine de personnalité, avec juste ce qu'il faut d'agressivité. Les détracteurs la jugeront en revanche « bling bling » , inutilement torturée et caricaturale. La DS5 se veut de toutes façons ostentatoire, voire tapageuse. Elle l'assume. Son but est de ne laisser personne indifférent. Elle ne ressemble en tous cas  à rien d'autre, ni à une allemande, ni à une italienne, ni à une anglaise !

Intérieur soigné

La qualité de présentation nous a étonnés. C'est mieux que sur une Citroën C5 ou une Peugeot 508. Tout apparaît plutôt cossu, soigné, comme la moquette sur les côtés de la console centrale ou les placages en vrai métal (pas en plastique). Le cuir est de bonne facture. Cette française fait un réel effet « Premium ». Evidemment, le côté clinquant des lignes se retrouve ici, avec des tas de boutons partout pour en mettre plein la vue, faire riche. Dommage que cette ostentation se fasse souvent au mépris de l'ergonomie et de la fonctionnalité. Car tout ça est compliqué, souvent inutile. Les boutons de vitres électriques au centre sont malcommodes, les commandes au plafond peu pratiques... L'énorme console centrale, qui réduit d'autant les places avant, aurait gagné à être moins encombrante. Du coup, on se sent engoncé. Les claustrophobes souffriront aussi de la ligne de caisse très haute, avec des vitres latérales si petites qu'on a parfois du mal à atteindre les bornes de péage ! Quant à la visibilité vers l'arrière, elle est très mauvaise ! La réduction des surfaces vitrées façon bunker est une stupide et dangereuse tendance stylistique actuelle. Mais, comme à l'extérieur, l'objectif était de ne pas faire comme tout le monde. De ce point de vue, c'est réussi.

Excellente position de conduite

A part l'accoudoir central, trop bas, la position de conduite est bonne. Les sièges, très confortables, maintiennent parfaitement le dos. On fait corps avec sa voiture. Et le méplat du volant permet d'entrer et de sortir sans problème du véhicule, résolvant l'irritant problème d'accessibilité d'une C5 ! L'habitabilité n'est toutefois pas excessive. Il y a de la place, mais sans plus. Le coffre, encombré par... les batteries, est quant à lui d'une contenance fort limitée avec des recoins mal exploitables. La DS5 perd ici son statut de familiale.

Agrément mécanique décevant

Cette hybride combine donc un diesel de 160 chevaux et un moteur électrique aux roues arrière, qui donne une puissance totale de 200 chevaux. Alléchant... sur le papier ! Car toute cette débauche de technologie est gâchée par une boîte robotisée simpliste, déjà peu acceptable sur une petite C3 de base. Ici, sur un véhicule « high tech » de pointe à vocation « Premium », c'est difficilement admissible. Sitôt que l'on accélère un peu pour profiter d'une fraction des 200 chevaux, la boîte hésite, réagit à contretemps, trop lentement d'abord puis tout d'un coup trop brusquement, générant au passage des à-coups. Certes, une position « Sport » permet d'améliorer la réactivité. Mais, cette boîte n'est quand même pas plaisante! Du coup, une simple HDi 160 diesel avec une vraie boîte automatique, essayée récemment, distille un agrément mécanique autrement plus convaincant. PSA aurait pu monter quand même ici une boîte à double embrayage comme chez Volkswagen, Audi ou Ford... Cette boîte robotisée dépassée empêche aussi la puissance de s'exprimer pleinement. Et on n'a pas l'impression de disposer de 200 chevaux. De plus, le levier qui commande la boîte est imprécis. Evidemment, la consommation est inférieure de deux litres à celle d'une diesel 160 classique (avec boîte automatique). Mais, nous avons quand même consommé un peu plus de 7 litres aux cents. C'est bien, mais pas extraordinaire. Une simple BMW 320d "Efficient Dynamics" fait aussi bien avec une mécanique classique. Comme souvent sur les hybrides, les calculs de consommation normalisés sont outrageusement favorables. Et on ne retrouve jamais les chiffres d'homologation dans la réalité. Bref, le bilan mécanique est mitigé.

Comportement hyper-sécurisant

C'est une Citroën. Partageant le châssis des modèles inférieurs C4, DS4, Peugeot 308 ou 3008, la DS5 est privée de suspension hydraulique comme les C5 ou C6. Néanmoins, la grande DS est une bonne auto tous temps. Réalisant l'essai dans des conditions météo détestables (pluie, vent, neige), nous n'avons jamais ressenti la moindre inquiétude, même sur les pires revêtements. Le comportement routier est sécurisant. Ce n'est certes pas une voiture légère. Elle n'est donc pas forcément d'une grande agilité. Mais on s'y sent en sécurité. Critiquons juste le rappel un peu trop violent du volant au point milieu. C'est-à-dire que le volant a tendance à revenir assez brutalement au centre. Le bilan dynamique est très bon. Et les quatre roues motrices procurées par le moteur électrique à l'arrière donnent de la motricité sur terrains peu adhérents. Mais ce n'est en aucun cas un véhicule tous chemins, pas plus qu'une sportive d'ailleurs par manque d'agilité !

Confort ferme

Aïe, pour une Citroën, c'est ferme ! Pour faire « sport »  - alors que la voiture ne se prête guère à un pilotage pointu -, la firme aux chevrons a exagérément durci les suspensions. Les grandes jantes de 18 pouces avec des pneus taille basse (exposés aux coup de trottoir et onéreux) accentuent encore la sécheresse. Sur les inégalités franchies à faible allure, c'est trop dur. Les ralentisseurs - qui détériorent toutes nos chaussées pour les transformer en tape-cul - sont ressentis sans aménité. Fâcheux : les suspensions arrière travaillent en outre bruyamment, ce qui accentue encore subjectivement l'impression d'inconfort.

Bien équipée et pas donnée

Une DS5 démarre à 29.900 euros en version à essence de 155 chevaux. En diesel, les prix de départ sont de 29.300 euros (HDi 110) et 33.600 (HDi 160). Mais l'Hybrid 4, elle, commence à 39.950 et culmine à 43.950 en version de pointe Sport Chic. Ouïe! On peut certes déduire 2.000 euros de super-bonus. Elle revient donc à 41.950 en Sport Chic, contre 37.600 pour la DS5 classique HDi 160 automatique. Un surcoût très élevé, pour un agrément moindre. L'écologie coûtre très, très cher. Et d'ailleurs nous conseillons aux éventuels amateurs d'attendre un peu. La fiabilité de cette mécanique hyper-sophistiquée reste à prouver, même si notre modèle a très bien fonctionné durant l'essai, malgré des températures bien froides ! Ceci dit, les livraisons n'ont toujours pas commencé. Il y a du retard dans l'air, pour des raisons de mise au point ultime.
 

Modèle d'essai : Citroën DS5 Hybrid 4 Sport Chic : 43.950 euros (- 2.000 euros de bonus)

Puissance du moteur : 200 chevaux (diesel-électrique)

Dimensions : 4,53 mètres (long) x 1,88 (large) x 1,51 (haut)

Qualités : Silhouette originale, présentation cossue, excellents sièges, comportement routier, technologie de pointe, sobriété

Défauts : Suspensions fermes et bruyantes, ergonomie, visibilité, coffre limité, boîte simpliste et désagréable, prix élevé, ligne clinquante

Concurrentes : Citroën C5 HDi  200 Tourer Exclusive + : 41.750 euros ; BMW X1 2.3d Luxe : 43.300 euros; Audi Q3 TDi 177 Ambition Luxe S tronic : 43.950 euros

Note : 13,5 sur 20