General Motors ou les recettes du miracle américain

Par Willy Boder, du journal suisse Le Temps  |   |  397  mots
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En faillite en 2009, General Motors est à nouveau numéro un mondial. L'Europe peut-elle mettre en place la recette américaine pour son propre secteur automobile ?

De l'autre côté de l'Atlantique, c'est le secteur automobile qui a été jugé, en 2009, "too big to fail". Plus de 50 milliards de dollars d'argent public ont été injectés dans le premier constructeur mondial, General Motors (GM), et Chrysler pour éviter le démantèlement de l'industrie automobile américaine. L'opération, marquée par la nouvelle entrée en bourse de GM en novembre 2010 et le retour dans de solides chiffres noirs en 2011 (bénéfice d'exploitation de 8,3 milliards de dollars), a tellement réussi que trois ans plus tard, General Motors est numéro un mondial du secteur.

Au point que Sergio Marchionne, qui possède la double casquette de patron de Chrysler et de Fiat, suggère que la recette américaine, qui a déjà profité à une partie de la société qu'il dirige, soit aussi appliquée en Europe dont le secteur de production automobile, qui n'a pas été suffisamment adapté à la demande, souffre indirectement de la crise de la dette. Les usines européennes, si elles fonctionnaient jour et nuit, sont dimensionnées pour construire 11 millions de véhicules supplémentaires par rapport à la demande. Cette question est au centre des discussions des dirigeants des groupes présents à Genève à l'heure de l'ouverture du Salon de l'automobile.

Une faillite aurait été catastrophique pour le PIB américain

Pour se replacer dans le contexte du sauvetage de GM, qui a aujourd'hui retrouvé sa place de premier constructeur mondial, devant Volkswagen et Toyota, il faut lire les Mémoires de George Bush. L'ancien président américain, qui avait enclenché le processus de sauvetage, indique que, selon ses conseillers, la faillite des trois grands constructeurs GM, Ford et Chrysler aurait fait perdre plusieurs centaines de milliards au produit intérieur brut américain, coûté plus d'un million d'emplois et réduit les recettes fiscales de 150 millions de dollars.

L'Etat, qui se retrouve aujour­d'hui détenteur du tiers du capital de GM, encore récemment surnommé «government motor», était-il vraiment le seul à pouvoir intervenir? Cette question agite en ce moment la campagne présidentielle américaine. Récemment, devant des délégués syndicaux, Barack Obama a rappelé qu'il n'y avait guère d'autre choix. "En 2009, personne ne croyait à l'avenir de l'industrie automobile et ne voulait investir. Nous étions devant un électrocardiogramme presque plat. Il fallait opérer un choix".