Pluie de bonus pour les salariés allemands de l'automobile

Grâce à des profits inédits engrangés en 2011 par leurs employeurs, les salariés allemands du secteur de l'automobile ont touché des primes records, allant jusqu'à 8.000 euros sur la fiche de paye.
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Une crise? Quelle crise? Pour les salariés de l'automobile allemands, c'est à nouveau Noël. En raison de profits records engrangés par les grandes marques d'outre-Rhin, les salariés touchent eux aussi des bonus historiques.

Pour certains, plus de 8.000 euros de primes ont été versés. Et c'est à Ingolstadt (Sud) que les salariés sont le plus choyés. Audi va y verser à ses 45.000 employés une moyenne de 8.251 euros chacun. Du jamais vu. "C'est un carton plein pour les salariés qui récompense leurs efforts de l'année dernière, marquée par un travail intense et de nombreuses heures supplémentaires", se félicite le représentant du comité d'entreprise et président d'IG Metall chez Audi, Joerg Schlagbauer, dans un entretien à l'AFP. "Le montant est un record absolu", comme le bénéfice opérationnel net de la marque aux anneaux, de 5,2 milliards d'euros, fait-il remarquer. Les salariés bénéficient à plein de l'accord d'entreprises négocié en 2005, qui stipule que 10% du bénéfice opérationnel dépassant 1,2 milliard d'euros doivent être reversés aux salariés.

7.500 euros chacun pour les 90.000 salariés de Volkswagen

Les autres constructeurs ne sont pas en reste après des années de vache maigre et de restrictions salariales, en raison de la crise. Volkswagen, la maison-mère d'Audi, a enregistré un bénéfice net de 15,4 milliards d'euros en 201. Elle a annoncé une prime de 7.500 euros à environ 90.000 salariés allemands. Daimler va verser 4.100 euros et Porsche 7.600 euros. Soit bien plus que dans les autres secteurs de l'économie allemande ou dans d'autres pays. Les salariés de l'italien Fiat toucheront ainsi... 600 euros.

"Que ces bonus doivent à la puissance des syndicats comme chez Volkswagen ou à la tradition d'une entreprise familiale où le patron distribue des cadeaux en fin d'année, il "est important que les actionnaires ne soient pas les seuls à profiter du succès", estime Christoph Stürmer, analyste automobile chez IHS. Les entreprises ont d'autant plus intérêt à être généreuses que les travailleurs qualifiés sont devenus rares sur le marché du travail allemand. "Tout le monde gagne: les salariés à ce que l'entreprise connaisse un succès durable, et l'entreprise à ce que les salariés lui soient durablement fidèles", ajoute Ferdinand Dudenhöffer, professeur à l'Université de Duisburg-Essen.

Succès de la "co-décision" à l'allemande

Représentants du personnel, direction et analystes financiers s'accordent à voir dans ces primes le succès de la "co-décision" à l'allemande, un modèle qui offre un large pouvoir aux salariés. Dans les grandes entreprises et singulièrement dans l'automobile, "il serait inconcevable de prendre des décisions importantes contre l'avis du comité d'entreprise", note Ferdinand Dudenhöffer.

Ainsi chez Audi, "le mécanisme de participation a été négocié en 2005, quand le groupe n'allait pas aussi bien, en renonçant à une partie du salaire de base en échange de cet intéressement aux profits, pour améliorer sa compétitivité", rappelle Joerg Schlagbauer. Six ans plus tard, Audi rivalise avec BMW et Mercedes-Benz dans le haut de gamme, et les salariés en récoltent les fruits.

Ces primes tombent en outre à pic pour les constructeurs, à l'orée d'importantes négociations salariales. "Ne pas verser tous ses bénéfices aux actionnaires, c'est une façon d'envoyer un signe pour la paix sociale", juge Ferdinand Dudenhöffer. Les syndicats réclament 6,5% d'augmentation. Les employeurs plaident la prudence. Ainsi chez Volkswagen, l'annonce du super bonus a-t-elle été l'occasion pour le directeur du personnel Horst Neumann d'appeler à "un juste équilibre entre l'augmentation du salaire de base, la compétitivité et la sécurité des emplois".

Des patrons et actionnaires très bien servis eux aussi

Si les salariés sont récompensés après une année exceptionnelle, les actionnaires, avec des dividendes records, et les patrons, ont été aussi bien servis.

A la tête de Volkswagen, Martin Winterkorn a même établi le record historique de rémunération d'un patron du Dax, faisant plus que doubler son traitement... à 17 millions d'euros.

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Commentaires 2
à écrit le 14/03/2012 à 16:07
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C'est où qu'on postule ?

le 15/03/2012 à 14:15
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A Ingolstadt, en Allemagne (Audi). Ils vont embaucher 1200 techniciens et ingénieurs cette année... Pour BMW et Porsche c'est à peu près pareil (mais pas au même endroit: Munich et Stuttgart).

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